Partie 4.

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Chapitre 4.

-3 Décembre 2015-

Les genoux repliés contre ma poitrine, je me recroqueville dans un coin de la cour l'esprit en vrac. Trois semaines se sont écoulées depuis la visite de Latyr. En ce moment, il doit être avec ma fille aux États-Unis et cette peste de Salma. Pour l'instant, c'est le cadet de mes soucis qu'elle soit mariée à Latyr même si ça me fait un mal de chien.

Ce qui m'inquiète c'est l'état de ma fille. Je ne sais même pas comment elle va depuis. J'arrive plus à manger. J'ai arrêté le sport. Je suis devenue sans vie. Moi qui étais toujours positive, me voilà aujourd'hui perdre tout espoir. Je veux juste avoir des nouvelles de ma petite princesse.

Une larme roule sur ma joue et je l'essuie avec la manche de mon uniforme. Anna vient s'assoir près de moi et me prend la main.

__J'en peux plus de te voir dans cet état Sarah. Regarde comme t'es toute pâle. Tu ne parles même plus. Ressaisis toi putain. Il faut que tu pries pour ta fille au lieu de te morfondre. T'as toujours été forte ma belle alors pourquoi tu abandonnes maintenant?!

__Je ne suis pas forte Anna, dis-je en sanglotant.

__Oh ma chérie...

Elle vient me serrer dans ses bras et je pleure comme jamais je ne l'avais fait. J'ai trop accumulé alors je craque.

__Je vais mal Anna. J'ai trop mal là dans mon cœur. Je me sens seule, toute ma famille m'a laissé tomber, l'amour de ma vie me déteste et a épousé ma demi-sœur qui m'a toujours fait la misère. Et ma fille... Sophia qui me croit morte et qui souffre. Je ne peux même pas savoir si elle va bien ou pas. Ça me tue. Ça me terrifie. Je l'aime tellement ma petite princesse même si j'ai pas eu l'occasion de la voir grandir. J'en peux plus...

__Chut...je suis là, dit-elle en me caressant les cheveux comme une maman ferait pour sa fille.

Ça a eu le mérite de m'apaiser. Je la serre contre moi très fort comme si c'est ma bouée de sauvetage.
Petit à petit, je reprends une respiration normale et me détache d'elle.

__Ça va mieux?

J'acquiesce de la tête pour la rassurer. Nous restons des minutes sans rien dire. Je repose ma tête sur ses genoux.
Une garde se dirige vers nous mais j'y prête même attention jusqu'à ce qu'elle dise mon nom :

__Faye, vous avez de la visite!

Être surprise est un euphémisme. De la visite? Mais de qui? Latyr est aux États-Unis. Je ne vois pas qui d'autre pourrait venir me voir.
Il m'empoigne fermement le bras et Anna me lance un regard inquiet. Je la rassure et suis la garde jusqu'à la salle des visites. Mon cœur bat la chamade au fur et à mesure qu'on approche d'une table où un homme est assis, le dos tourné. Il porte une chemise bleue, il est très clair et ses cheveux sont plaqués en arrière. J'ai l'impression que je le connais. Mais c'est qui?

__Vous avez dix minutes ! Tranche la garde en m'abandonnant.

Je m'avance le cœur battant, puis me retrouve devant cette personne. Ma main s'abat sur ma bouche, je suis prise de stupeur. L'homme se lève et me fait face en me détaillant de la tête au pieds.

Youssef !

Il m'ouvre ses bras et sans réfléchir je me jette contre lui. Youssef. Lui, il est venu me voir. Mais depuis quand est-il au Sénégal ? Je ne peux pas le croire. Il me serre très fort contre lui et une larme roule sur ma joue.

CICATRICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant