| CHAPITRE 6 |

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Près d'une demi-heure après avoir passé ma commande la nouvelle serveuse au nom de Ruby se pointe enfin avec mon assiette de frites. Elle avait l'air bizarre quand je lui ai dit qu'elle avait des marques. Je crois que je l'ai fait flipper sans le vouloir.

La revoilà, le visage moins décomposé que tout à l'heure. Elle dépose mon repas sur le comptoir, la main tremblante, puis m'adresse un faible : « bon appétit » sans même me regarder et là, je sais, on lui a dit. Sûrement l'autre connasse de Sonia qui bosse avec elle et que j'ai vu se barrer à l'arrière pour fumer sa clope. Ruby s'est éclipsée plus tôt, avant elle et je parie qu'elle lui a balancé tout un tas de merdes sur mon dos.

J'ai été surpris de la voir venir vers moi pour me demander ce que je voulais dîner. Il n'y a qu'une inconnue dans cette ville qui aurait pu oser faire un pas vers moi. Lorsqu'elle a relevé ses yeux bleus et que j'ai remarqué les faibles traces d'ecchymoses sur son visage, j'ai aussitôt compris qu'elle avait pris un coup, un truc dans le genre.

Voir sa tête blêmir subitement, m'a donné des réponses aux questions que je n'aurais pas risqué de prononcer à voix haute, parce qu'après tout, je ne la connais pas. Ça ne se fait pas d'interroger les gens de cette façon. Elle s'est ensuite barrée et ça m'a suffi pour en tirer des conclusions.

Au moins, je dois dire qu'elle n'est pas aussi trouillarde qu'elle en a l'air puisqu'elle est revenue m'apporter mes frites et ce peu importe ce que la tarée de Green lui a dit. Intéressant.

— Merci.

Elle ne me regarde toujours pas, puis part nettoyer une table, la tête baissée. Pour une fois, ça ne me met pas en pétard que quelqu'un ait cette réaction. Je ne sais pas ce que pense cette fille, tout ce dont j'ai connaissance, c'est qu'elle était déjà ainsi avant même que l'autre garce fourre probablement son grain de sel. Peut-être est-elle dans un mauvais jour ? Ça m'arrive aussi d'être mal luné et vu le coquard qu'elle a à l'œil, je peux la comprendre.

J'ai pris tellement de raclées en taule que je suis encore surpris d'avoir toutes mes dents. Vous n'imaginez pas ce qu'on peut vouloir faire subir à un soi-disant violeur. Lorsque les coups pleuvent, la pire souffrance que l'on éprouve n'est pas celle que l'on ressent au moment de l'impact, mais celle juste après. L'humiliation est quelque chose qui t'effrite jusqu'au fond de l'âme.

Chaque fois, alors que j'ai tenté de me défendre – chose stupide quand vous êtes face à cinq ou six mecs – je me suis demandé ce que j'avais fait de mal pour mériter tout ce qui m'est tombé sur la gueule. Je n'ai jamais eu de foutue réponse.

Je mange, puis me barre du restaurant, puisque j'en ai ma claque d'être dévisagé. C'est dommage, car j'apprécie de bouffer ici. Je viens tous les vendredis soir depuis que je suis sorti de prison, ça change de mes tête-à-tête avec Callie devant la télévision et ces émissions débiles qu'elle aime mater.

Coeurs Coupables © [Anciennement "Guilty" ÉDITÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant