| CHAPITRE 8 |

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Un instant, j'ai cru que cette fille ferait fi de tout ce qui circule dans cette ville, mais je me suis trompé

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Un instant, j'ai cru que cette fille ferait fi de tout ce qui circule dans cette ville, mais je me suis trompé. De la même façon que les autres, elle m'a déjà jugé alors qu'elle ne me connait absolument pas. Quoi que je fasse, cette étiquette me collera à la peau jusqu'à ma mort.

Pourquoi ne me suis-je pas foutu en l'air, lorsque la nouvelle du décès de Neva m'est tombée dessus ? Si je n'avais pas été à son enterrement, puis bourré la gueule, je n'aurais pas fini en taule en prenant la pire décision de ma vie. J'étais paumé et elle était là, putain !

Je pensais qu'elle me comprenait, que nous pleurions tous les deux sa mort et ça s'est retourné contre moi. Je n'ai même pas pu dire au revoir à Neva décemment. Ça ne faisait pas une journée qu'elle gisait au fond de ce trou que j'avais déjà des menottes autour de mes poignets, en train de croupir dans une foutue cellule. Je n'ai pas eu le temps de réaliser qu'elle était partie que je me retrouvais jugé comme un putain de criminel.

Je souffrais tellement que j'étais incapable de me défendre. Je les ai laissés me coffrer, puis me balancer en taule, sans même me débattre. Ils l'ont vu comme un aveu de ma part, alors que j'étais juste meurtri. Ma copine venait de mourir et personne ne s'est mis à ma place. Ils m'ont collé ce viol sur le dos, son suicide, et il ne m'en a pas fallu plus pour sombrer.

Callie n'arrêtait pas de me gueuler dessus, afin que je me défende, mais je restais terré dans mon mutisme. Ça a duré de longs mois puis j'ai réalisé tout ce qui s'était passé... On venait de me condamner pour un crime que je n'avais pas commis et si je ne voulais pas crever dans ce trou, je devais me montrer fort.

Alors j'ai remonté la pente et me suis juré qu'un jour on m'innocenterait. Qu'importe le temps que ça prendrait. Même si, je n'ai nullement foi au système judiciaire de ce pays.

Je me gare devant la maison et vois ma sœur accroupie face à la porte, en train de frotter cette dernière à l'aide d'une brosse. Je plisse les yeux puis remarque une inscription peinte en rouge sur notre porte : « Rapist ».

La rage me gagne pour la deuxième fois de la journée et je descends de la voiture en trombe, fonçant jusque sur le seuil. Alertée par le bruit de mes pas, Callie tourne la tête en sursautant et je comprends qu'elle pleure, ce qui me fout en l'air. Elle ne fait pas que ça, elle flippe de ma réaction, je le vois dans ses yeux.

— Le dîner est prêt. Je ne savais pas quand tu rentrerais, alors je l'ai mis au chaud dans le four. Tu n'as qu'à aller prendre ta douche et ensuite, on mangera.

Elle ne doit pas se rendre compte que des larmes ruissellent sur ses joues. Elle subit tellement de choses par ma faute, et ce, depuis six années. Elle s'efforce d'être toujours souriante devant moi, de me remonter les bretelles quand ça ne va pas, le moral, mais jusque-là, je ne l'ai jamais vue faiblir. Pas même lorsqu'elle a dû enterrer notre père, seule, l'an dernier.

Coeurs Coupables © [Anciennement "Guilty" ÉDITÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant