Mon enfant, ne t'arrête pas en si bon chemin. Poursuis l'automne et survole la plaine grâce au flot de tes rêves. Trouve ton histoire, redécouvre-la, recommence-la. Et n'oublie pas : pour atteindre le nid de ton existence, déterre les souvenirs enfouis dans ton cœur. Mon enfant, reviens-moi...
Carotty se lève en sursaut. Quel est ce rêve qu'elle vient de faire ? Elle regarde le monde autour d'elle. Tout est calme, il n'y a personne. Seul le chant mélodieux des petits oiseaux rompt le silence. Les rayons de soleil réussissent à se faufiler entre le feuillage doré et se reflètent contre la roche qui abrite la renarde.
Je sais qui tu es ! pense-t-elle très fort. Pourquoi ne dis-tu plus rien ? Je t'ai entendu, j'en suis sûre !
Elle regarde encore le paysage. Il n'y a vraiment personne. Elle est là, se demandant si tout ce qu'elle vient d'entendre a réellement un sens.
D'accord... Alors tu n'es pas là. Mais je t'ai entendu. Tu m'as murmuré à l'oreille. Qu'est-ce que ça voulait dire ?
Mon enfant, reviens-moi...
À la plus grande surprise de Carotty, elle entend les murmures résonner dans toute la forêt. Les arbres semblent crier ces mots, la rivière les chante, les fleurs les chuchotent. Ils sont là, partout. Et pourtant la rouquine ne voit rien.
Ce n'est pas ma mère qui m'appelle...
C'est la forêt toute entière !!!Tout à coup, un éclair traverse l'esprit de Carotty ! Il transperce son âme avec une violence vive : elle se souvient enfin de cette fameuse nuit d'automne...
Bébé, si minuscule qu'elle fut, la renarde se souvient de ce qui lui est arrivé à elle, à ses frères, à sa sœur, à sa mère... Malya. Elle revoit l'énorme tronc creux s'ouvrir aux hommes, aux prédateurs ! Elle sent la haine remonter en elle. Elle repense à Leyo, il lui manque.Je retrouverai le chemin ! se décide Carotty. Je rentrerai dans mon vrai chez moi, là où tout a commencé.
Alors, comme prévu, elle se lève et part. Elle marche. Elle sait pertinemment qu'elle va dans la bonne direction, c'est son instinct qui la guide. Donc elle marche encore.
Mon enfant, reviens-moi...
Elle a si hâte de revoir sa maison ! Elle ne s'arrête toujours pas de marcher. Elle est plus déterminée que jamais. Parfois, elle se met même à courir pour aller plus vite.
Pas de temps à perdre, même pas un seul instant ! Je rentrerai chez moi aujourd'hui, maintenant ! Je courrai encore plus vite s'il le faut !
On lit sur son visage un sourire ridicule. Elle court maintenant à une telle allure que son expression faciale est parfaitement ridicule. Un mélange de joie intense, de concentration profonde, le tout enveloppé dans des larmes de bonheur qui s'envolent instantanément en conséquence à la grande vitesse de sa course !
Au bout d'une demi-heure, la renarde voit presque flou. Elle a mal à la tête. Mais elle court encore et ne chôme pas ! Quand soudain elle sent sa pâte arrière gauche s'agripper d'un coup sec à une grosse racine dissimulée parmi les feuilles mortes ! Elle effectue une figure étrange dans les airs avant de s'écraser la tête la première contre le sol de terre humide...
Mon enfant m'est revenue...
Carotty ouvre doucement ses yeux. Elle a sûrement dû s'évanouir après sa chute. Elle a encore la tête qui tourne un peu. Elle se redresse. Sa pâte la fait légèrement souffrir. Elle fait une grimace puis observe le monde autour d'elle. Elle voit encore un peu flou... Ça y est, la vision lui revient lentement. Elle cligne des yeux plusieurs fois comme si elle venait de se réveiller du plus long sommeil de sa vie. Elle se met à fixer le sol. Elle arrive maintenant à voir très distinctement les feuilles en décomposition. Elle regarde chacun de leurs contours, tout est net. Sa vue est redevenue normale. Elle lève la tête et aperçoit un peu plus loin quelque chose qui lui provoque un sourire long jusqu'à ses petites oreilles pointues. Elle s'en approche... Elle le reconnaît ! C'est l'arbre, c'est bien lui ! Ses écorce abîmées sont toujours bien solides et il peut toujours faire un abri très efficace ! Seulement... Il y a toute un partie qui est arrachée. Elle avance d'un pas et scrute l'intérieur du vieux tronc creux. Dedans, on voit encore la petite installation qu'avait préparée Malya pour l'arrivée de ses petits : des feuilles (maintenant toutes sèches), de la mousse, de l'herbe, de la paille...
Elle avait dû mettre un temps fou pour faire tout ça alors qu'elle était enceinte ! En plus, ce petit lit a l'air d'être confortable...
Elle s'y installe, se sent bien. Carotty a l'impression de recevoir l'énergie de sa mère lorsqu'elle est là, à la place que Malya occupait y il a plus d'un an. La place qu'elle occupera désormais...
~• Six mois plus tard •~
Aujourd'hui est un jour bien particulier. Du moins pour notre chère petite Carotty ! Enfin, quand je dis petite... C'est juste par affection, bien sûr ! Car désormais, ce n'est plus elle la petite dernière, la minuscule fifille. En effet, elle n'est plus tout à fait la même. Maintenant, elle est libre... Mais, par dessus-tout, elle est maman ! Installée au fond du vieil arbre creux (toujours ce fameux arbre sont elle a hérité de sa mère), elle contemple avec émerveillement ses petits. Il y en a cinq. Cinq petites créatures démoniaques qu'elle se promet d'éduquer et d'aimer. Cinq petits diables qu'elle voit déjà régner en maîtres sur l'ensemble de la forêt.
Mais l'attention de son regard se penche plutôt vers le petit dernier. Celui-ci est plus faible, certe, mais il est également très différent de tout le reste de sa fratrie : il est albinos. Étrangement, la couleur blanche du pelage du bout de chou lui rappelle quelqu'un qu'elle a bien connu...
Alors que le petit se met à gesticuler pour échapper à un léger courant d'air frais, sa mère le prend et la cache dans sa fourrure rousse. Il tremble quand-même de froid. Carotty le caresse tendrement avec son museau et lui murmure à l'oreille :
« Ley, mon enfant, tu survivras.»~•♥ FIN ♥•~
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Cette nuit d'automne
FantasyCette nuit là, l'automne agitait la forêt de sa brise fraîche. Cette nuit là, l'automne observa le spectacle d'une nouvelle vie : celle de Carotty, renarde sauvage. Mais cette même nuit, l'automne fut troublée par les hommes. Ces hommes qui ont cham...