Une échappatoire

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Une semaine plus tard...

- Tu es prête ? s'assure Leyo.
- Oui ! affirme Carotty sans hésiter.

Pourtant, elle est terrifiée, elle le sait. Et si leur plan de fonctionnait pas ? Que leur arriverait-il ? Se feraient-ils punir ? frapper ? ou même... tuer ? Non, bien sûr, c'est inconcevable.

- Regarde, le voilà ! signale Leyo.

Ils voient le petit moussaillon arriver en trottinant joyeusement. Le sourire aux lèvres, le jeune garçon sort comme à son habitude les friandises de sa sacoche rayées.

- Coucou les copains ! cria l'enfant. Venez, approchez ! J'ai acheté des nouveaux bonbons pour vous ! Vous me direz s'ils sont meilleurs que les autres, hein ?

Les renards s'approchent et gobent les petites friandises. Leyo fait un clin d'œil à Carotty. C'est le signal. Sur ce, la rouquine se met à tousser très très fort, simulant un étouffement ! Son compère fait de même et fait mine de beaucoup souffrir avec une étonnante crédibilité !
Le petit garçon commence à paniquer et à pleurer. Il appelle à l'aide de toute ses forces pour qu'un professionnel du zoo porte secours aux deux renards. Finalement, le dirigeant arrive en courant le plus vite possible ! Il trébuche même sur un petit rocher et s'écrase contre le sol devant l'enfant qui se met à pleurer de plus belle. En se redressant, l'homme voit les deux animaux raides morts. (Bien sûr, ils ne le sont pas.) Il tourne la tête vers le matelot toujours noyé dans ses sanglots.

La manœuvre est délicate, mais le plan fonctionne à merveille ! Leyo est très fier et continue de faire le mort en tentant de couper sa respiration. Carotty essaye d'himmiter son ami mais elle se rend compte qu'il est un bien meilleur acteur qu'elle. De plus, elle a énormément de peine pour le jeune marin qui ne cesse de pleurer la disparition de ses petits amis. Elle s'en veux un peu pour ce qu'elle lui fait endurer, mais il est vrai qu'elle n'avait pas d'autre solution.

Le directeur sort les deux bêtes de leurs cages et les prend dans ses bras. Il est triste. Mais il est aussi très en colère contre le jeune garçon. Ce dernier risque de passer un sale quart d'heure pour avoir empoisonné deux de ses animaux !

Soudain, Leyo rouvre les yeux et mord très violemment le bras du directeur ! Celui-ci, sous l'emprise d'une effroyable douleur, lâche les renards et se met à hurler !

C'est le moment parfait pour Leyo et Carotty, il doivent courrir et s'échapper au plus vite ! La rouquine sent alors une montée d'adrénaline s'emparer d'elle. Ce n'est pas le moment de flancher ! se dit-elle. Maintenant, c'est à son tour de gérer d la situation. Elle connaît bien mieux le zoo que son ami, et c'est pour cela qu'ils avaient convenu ensemble que ce serait elle qui le guiderait. Alors, comme prévu, elle court à vive allure et regarde de temps en temps derrière elle pour s'assurer que son compère la suit toujours.

Après trois minutes de course acharnée, Carotty s'arrête net.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande Leyo. Il faut qu'on se dépêche où ils vont nous rattraper !
- C'est... C'est la première fois que je vois l'extérieur, dit l'autre en observant le paysage, ébahie.

Ils viennent de dépasser la sortie, ils sont désormais hors du zoo. Devant eux, il y a une route. Des deux côtés de la route, il y avait une forêt avec de très longs sapins.

- Il faut y aller... suggère Leyo, angoissé.

Carotty ne bouge pas. Elle regarde les hauts conifères. C'est de là que je viens ?
C'est alors qu'on entend un gros coup de feu ! La chasse est ouverte, les directeur a sorti son fusil. Il veut une vengeance.

- Carotty, cours ! crit Leyo, pri de panique. Ne t'arrête pas, cours !

Mais la renarde est complètement à l'Ouest ! Mais est-ce que je viens du côté gauche ou du côté droit de la route ? Et si ça se trouve, je vais retrouver même ma mère !

- Carotty !!! s'énerve Leyo.
- Hein, quoi ??? dit-elle en sortant de ses pensées.

Elle n'a à peine le temps de réaliser ce qui est en train de se passer qu'elle entend un deuxième coup de feu résonner ! Elle comprend de suite la situation lorsqu'elle pose son regard sur son ami, couché par terre. Leyo est là, couvert de sang. Le sien. Il s'est pris la balle. Une balle qui était normalement destinée à tuer Carotty. Il s'est jeté devant elle pour la protéger. Elle se met à pleurer.

- Pourquoi as-tu fait ça ?! hurle-t-elle. Pourquoi ?! Je n'avais que toi, Leyo !
- Je t'ai promis que je t'aiderai à survivre, souffle le blessé de ses dernières forces. Maintenant, cours !

Il pose sa tête contre le sol goudronné et ferme les yeux. Carotty pleure plus fort, elle en crache presque ses poumons.

- Je vais t'avoir, sale bestiole ! hurle l'homme, toujours armé de son fusil.

Leyo a donné sa vie pour que je soie libre. Je ne le décevrai pas ! Carotty s'écarte de son ami, mort. Elle se met à courir. Elle laisse derrière elle celui qui l'a sauvée et une flaque de sang mêlé à ses larmes.

Elle pénètre dans la forêt et continue à courir en empruntant le plus de chemins inaccessibles pour les humains. Elle court pendant tellement longtemps qu'elle finit par s'arrêter. Autour d'elle, tout est silencieux : elle a semé le directeur. Soudain, elle repense à tout ce qui s'est passé. Leyo, mon ami... Pourquoi ? Toi aussi tu aurais pu être libre ! Mon dieu, qu'ai-je fait ??? Je n'aurais pas dû te laisser m'aider. Je n'aurais pas dû te chanter ma comptine. Leyo...

Le ciel s'est assombri. Carotty trouve un rocher qui peut l'abriter du vent. Elle s'y installe et réfléchit encore. Et les autres ? Pim, Doon et Lady ? Qu'ont-ils fait ? Sont-ils en colère ? M'ont-ils déjà oubliée ? Est-ce que... Est-ce que je leur manque ?
À vrai dire, elle se pose beaucoup trop  de questions pour réfléchir convenablement. Elle lève les yeux au ciel et aperçoit la lune. Elle est pleine, ce soir. Et les étoiles semblent briller encore plus fort ! Leyo aurait sûrement adoré voir ça...
Mais désormais, la petite renarde se sent incroyablement seule. Son ami lui manque déjà. Et maintenant qu'elle se trouve là, perdue dans la vaste plaine d'arbres sans l'aide de quiconque, elle a peur. Elle ne sait plus quoi faire.

Alors, elle se met à chantonner silencieusement l'air de sa comptine. Ô, ma mère, si seulement tu avais été là, pense Carotty avant de s'endormir profondément.

Cette nuit d'automneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant