Prologue

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- Souviens-toi, que même si le ciel tombe sur toi, il y a toujours un trou par lequel tu peux t'échapper. me dit-il un jour.

Mon père Choi Woo-seong était mourrant. Il approchait la soixantaine et laissait derrière lui une brillante carrière de médecin anesthésiste. Auparavant, il était doué dans son domaine. Malheureusement, même les personnes les plus géniales ne sont pas éternelles.

Je veillais sur lui depuis mes 10 ans. Après la mort de maman. J'étais devenue rapidement mature pour une enfant de mon âge.

Je l'aidais à faire le ménage et repassais ses chemises. J'avais observé ma mère le faire plusieurs fois lorsqu'elle était encore parmis-nous.

Quand maman regagna le ciel, je lui fit la promesse de prendre soin de papa.

Durant toute ma vie, je me suis battue pour le garder près de moi, malgré son âge avancé. Je lui comptais des histoires, le bordais comme un enfant alors qu'il était mon aîné. Lui et moi avions toujours été très proche. Notre relation était des plus fusionnels.

Mes amis avec lesquels j'étais le plus proches, me disaient que je vivais à cent a l'heure et que j'allais vite prendre des rides à me faire autant de soucis pour mon père.

Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à lui.

- Ji Eun, tu dois penser à toi ! me disputa Jinyoung.

C'était un ami d'enfance, très protecteur.

Il redressa ses lunettes sur son nez en me disant cela.

Nous étions le matin et prenions un café en terrasse. J'avais les yeux encore cernés par ma nuit d'insomnie.

Malheureusement, le maquillage n'avait pas suffit à faire disparaître mes cernes.

Ce matin là, j'étais très loin de me douter que mon existence prendrait un dangereux tournant. Jusqu'à ce que je rentre chez moi et retrouve mon père, à genoux, les deux mains sur la poitrine. Il fermait les yeux en serrant les paupières, tentant de réprimer la douleur qui lui lacérait la poitrine.

Mes quelques études dans le domaine de la médecine me furent bien utile à ce moment précis. Je décelais chez mon paternel les signes premier d'une crise d'infarctus et contacta immédiatement les urgences.

Il avait besoin d'être examiné sur le champ.

Ce fut ainsi que j'accouru jusqu'ici, dans l'hôpital le plus proche de mon quartier, à Incheon. C'était une ville côtière sud-coréenne, jouxtée par Séoul, à 50km à l'ouest. Elle se trouvait sur la mer Jaune et était pour ainsi dire, la banlieue.

Je fus escortée par la camionnette des urgences, aissise auprès de mon père.

Ce dernier étant bien connu des services de médecine, d'anciens confrères acceptèrent de le prendre en urgence.

J'avais été assez chanceuse de ce côté là.

Le chirurgien de la clinique "Kang Sejong" , était un camarade et ami fidèle de mon père. Il m'aimait bien et nous ramenait souvent des sacs qu'il remplissait de nourriture délicieuses.

Il continua de nous en apporter et cela, même après le décès de ma mère, Choi Sun-Hi.

Je crois qu'il avait deviné que mon père et moi raffolions de son kimichi.

Pour lui, je n'avais pas grandi même étant devenu une jeune femme. Il s'évertuait à m'appeler encore Ji-Euna. En insistant sur le "a" pour bien me faire comprendre que j'étais plus jeune que lui.

Évidemment, je détestais ce surnom, étant âgée maintenant de 23 ans.

Je ne le vit cependant pas, arrivé sur les lieux.

On refusa de m'informer de l'état de santé de mon père et me conduisis aussitôt en salle d'attente. Je dû alors prendre mon mal en patience et attendu sagement un signe.

Nerveuse, je portais mes doigts à ma bouche pour me ronger les ongles. Ces derniers étaient pourtant manucurés.

L'attente me sembla interminable.

J'attendais sur cette chaise depuis bien trop longtemps. Autour de moi, des soignants s'affolaient dans tous les sens, en poussant leurs chariots sur lesquels reposaient des corps inertes, à travers les murs cloisonnés de l'hôpital.

Mon père allait mourir.

Je ne voyais plus l'ombre d'un signe.

Tandis que je remettais mon existence en question, il débarqua sans prévenir dans mon monde, en forçant la porte de cet hôpital. Il provoqua une telle agitation que des hommes de la sécurité se ruèrent en sa direction.

Une petite voix dans ma tête me commanda, d'aller voir ce qu'il se passait de l'autre côté du couloir. Ce fut alors en un éclair que mes pieds me guidèrent jusqu'à l'entrée, où le mystérieux garçon venait de surgir.

Je le regardais à présent se débattre, en prise avec des membres de la sécurité.

Par le plus grands des hasard, ses yeux se posèrent sur moi.

Il me foudroya du regard, sans que je ne puisse en comprendre la raison. La seule chose que je vis tapie au fond de ses prunelles était de la colère. Une rage profonde, envers le personnel de cet hôpital.

Il n'était pas plus âgé que moi et transportait son aîné sur son dos. Nos yeux s'accrochèrent, brillant d'une même lueur d'inquiétude.

Il portait des chaussettes en plus de ses sandales vieillotes.

- Putain, vous vous fichez de moi ! hurla-t-il.

Des vigiles l'empêchait d'avancer.

Ses cheveux en bataille en disaient long sur son attitude.

Ce type allait ameuter toute la ville à crier comme ça.

- Pourquoi est-ce que vous restez planté là ! leur cria-t-il.

Cette fois, ce fut une jeune infirmière qui tenta de l'approcher, avec douceur. Elle leva deux mains en l'air, en signe de paix.

Elle affichait une expression peinée.

- Monsieur, je vous en prie. Nous sommes dans un hôpital.

- Je m'en cogne ! répliqua-t-il sèchement. Si vous ne pouvez rien faire pour mon père, alors j'en ai rien à faire de déranger vos malades !

Mon père était lui aussi sur le point de mourir, peut-être mort à leur qu'il est. Je comprenais que trop bien ce sentiment d'impuissance qu'il ressentait.

Le sien allait rejoindre le ciel, si personne ne faisait rien.

Je décidai d'agir, ayant soudain repris le contrôle de mon esprit et m'avançait vers l'inconnu.

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