Comme tous les matins, il s'éveilla au doux son du morceau programmé en tant qu'alarme:"Everything In It's Right Place". Quelle Ironie! Il le savait, rien n'avait jamais été a sa place, à commencer par sa propre vie. Il n'était qu'un élève moyen, assez en retrait par rapport aux autres, feignant l'indifférence quant à la tristesse et l'ennui qu'il vivait perpétuellement. Il se sentait seul, bien que beaucoup de gens semblait plus ou moins l'apprécier(plutôt moins selon lui).
Pourtant il avait quasiment tout pour être heureux: Il était en bonne santé, bien qu'un peu maigre; Il n'était pas pauvre; Il avait tout le confort dont pouvait rêver un être humain et pourtant quelque chose lui manquait et il n'arrivait pas à savoir quoi...
Tandis qu'il songeait en silence a tout cela, il se décida à sortir de son lit: cela faisait déjà plusieurs minutes que son réveil avait sonné.
Il descendit les escaliers sur la pointe des pieds afin de ne pas réveiller ses parents (ces vieux cons hypocrites) et traversa le couloir qui menait jusqu'à la cuisine. Un vieux couloir qui servait principalement à ses parents à exposer leurs vies parfaites lorsqu'ils recevaient des invités. "Regardez ce magnifique vase !!! Il provient de la Chine médiéval mais on a les moyens car on est pétés de thune! Et cette photo de notre famille parfaite et soudée est d'une beauté incontestable"Inutile de préciser qu'il aurait volontiers troqué toutes ces stupides décorations contre une bibliothèque, dont les livres poussiéreux rendraient l'atmosphère un peu plus chaleureuse.
Une fois dans la cuisine, comme tous les jours, il se servit un vieux paquet de biscuit et une tasse de lait glacé sorti du frigo. Il alluma son téléphone, objet à la fois de dégoût et de joie pour lui et lança un de ses morceau favoris:"Where is my mind ?". Ce morceau représentait pour lui l'exemple même de ce qu'était sa dépression : Non pas un morceau mélancolique de Radiohead ou un morceau désabusé de Nirvana, mais un bordel sans nom avec une légère touche de tristesse... Il se sentait perdu, oublié, il s'ennuyait. Le riff de la lead était comme un déchirement pour l'esprit, cela le tirait de sa torpeur."Your head will collapse but there's nothing in it and you'll ask yourself :Where is my mind?"
Après être sorti de la cuisine, il se dirigea vers la salle de bain afin de prendre sa douche quotidienne: Le seul moment de la journée ou il se sentait réconforté. Réconforté par le son produit par le bruit régulier des gouttelettes sur le sol, réconforté par le souffle ardent de la douche sur sa nuque, réconforté par les vapeurs qui émanaient du pommeau douche. Mais c'est toujours avec appréhension qu'il quittait cette douche, ne pensant qu'au stress à venir. Stress souvent lié à la pression que lui mettaient ses examens, la pression que lui mettaient les attentes de ses parents, la pression de la société vis-a-vis de lui même et pire encore la pression de ne jamais être heureux. Lorsqu'il a quitté l'enfance, il a aussi quitté le bonheur semblerait-il.
Il remonta afin de s'habiller, prit au hasard trois vêtements dans son armoire, tous de couleur noire et les enfila. Sa chambre était un bordel incroyable, des livres et des films qui trainent de partout sur des étagères pleines à craquer. Des CD exposé autour de ses films préférés exposé eux aussi sur l'étagère au dessus de son bureau. Une exposition du savoir et d'une extension de soi même prévue pour lui-même. Les murs étaient recouverts d'affiches de films, de séries ou de jeux vidéos mais surtout de posters de ses groupes préférés.
Il fit les derniers préparatifs de son sac, bien qu'il savait déjà que le lycée ne servait qu'à donner aux gens l'illusion d'apprendre et de s'élever afin de les rendre docile. Mais lui se considérait comme un libre penseur, il pensait pour lui même et par lui même, ne laissait personne guider sa conduite. Rien n'était au-dessus de lui. Il voulait juste qu'on lui foute la paix. Tout le monde. Il n'emmerdait personne, pourquoi l'emmerder avec une tentative de conformation à la con, avec un programme scolaire unique, pour une pensée unique qui en plus prône la diversité! L'éducation de nos jours, mais quelle connerie! Tous ces professeurs auraient beau essayer, il n'assimilerait pas aucune de leurs réponses toutes faites. Il avait l'intention de découvrir la vie par lui-même et de se forger sa propre opinion, et pas seulement au travers d'un seul mode de pensée! Pour se forger un avis, dit-on, il faut écouter à tous les points de vues, alors pourquoi n'écouter que celui d'un simple professeur? Il se devait de faire quelque chose mais il ne savait pas quoi.
Il commençait à faire son sac en jouant son deuxième morceau préféré "I Hate Everything About You". Celui là avait pour lui un goût amer. La souffrance et la tristesse qu'exprimait Adam Gontier étaient presque insoutenables..."Every feeling that I get"
Ce tressaillement de voix...C'est incroyable toute la profondeur que ce tressaillement de voix donnait à cette phrase...Toute cette peine, toute cette souffrance..."Pourquoi souffrir? " se demanda-t-il. Pourquoi Dieu nous inflige-t-il une telle souffrance? Vivons nous pour souffrir? Nous naissons dans la douleur et mourrons dans la douleur... La joie n'est elle qu'une illusion? Toute sa vie il n'avait connu que souffrance. Nous nous pincons l'épaule pour sortir d'un rêve car la réalité est souffrance. Ce qui vaut la peine de vivre nous fait souffrir car ce sera toujours quelque chose ou un sentiment éphémère. La joie devient ainsi souffrance et la souffrance quotidienne réalité...
C'est sur ces sombres pensées qu'il sortit de chez lui pour faire face aux premières lueurs du jour. Mais ces lueurs qu'il avait toujours apprécié lui semblaient fade désormais. En fait tout lui semblait fade à présent. Pourquoi vivre si ce n'est que dans la souffrance ?Il changea la musique de son téléphone pour en mettre une plus ancienne mais qui représentait assez bien son état d'esprit actuel...Un camion arriva dans le tournant à grande vitesse, le conducteur trop occupé à essayer de récupérer son précieux cd qui lui avait échappé des mains et qui avait glisser sous le siège passager, ne ve vit pas le jeune garçon traverser la route et ne le vit pas s'arrêter en plein milieu.
"This is the End, My beautiful friend the End"
Le morceau ne s'arrêta pas.
VOUS LISEZ
Nouvelles
Short Story« C'est comme un pas dans le vide, se dit-elle » C'est le vide de ma tête.