Le sable s'enfonce sous mes pas et recouvrent mes pieds tendrement. Il s'enveloppe, m'étreint et me réchauffe du vent et des embruns rapportés par la mer. Il semble vouloir attirer mon attention, cela fait si longtemps que je n'ai pas joué avec lui. Je ne t'ai pas oublié. Tu espères encore que je te pare à nouveau de coiffes géométriques improbables et fantaisistes qu'enfant je m'amusais à te confectionner. Ça me touche que tu t'en soit souvenu, toi qui t'ait fait foulé des milliers de fois par autant d'enfants. Tu me retiens moi. Tu étais mon ami, mon premier vrai ami. Toi aussi tu te rappelle avec mélancolie les après-midi passé à dormir côte â cote, à languir sous la lumière du soleil? Je décide donc en mémoire de notre amitié et de nos jeux d'enfants de te coiffer une nouvelle fois mais pas d'une dernière, d'un haut de forme tout de sable conçu.
Tu me remercies et me colles désormais à la peau, tu as peur que je m'en aille une fois de plus. Je te rassures d'une caresse du dos de la main. Même si je m'éloigne je reviendrai vers toi, tu m'as appris la douceur et je t'en remercie.
La mer jalouse de cette attention m'éclabousse les pieds de son écume. Je ne t'ai pas oublié non plus. Tu as bercé mon enfance de tes vagues. Tu me berçais de tes bras comme ton enfant. Tu veillait toujours à me ramener au bord de la plage à la fin de la journée. Tu me portait du haut de tes vagues et tu me faisais ne me sentir qu'un avec toi. Tu étais pleine de vie tout comme moi. Puis l'hiver est arrivé. Mais maintenant c'est de nouveau l'été, je suis là et toi aussi. Je me déshabille et je te laisse m'étreindre de tout ton être. Tu étais agitée de mon départ. Pas un jour n'est passé sans que je ne souhaite te rejoindre et tu le sais. Une larme salée coule le long de mes joues rejoindre les tiennes: nous sommes désormais réunis, tu m'as manqué mais je suis là, enfin. Je me sens à nouveau enfant, caressé par les vagues, mes larmes essuyées par toi. Je me sens renaître comme si je venais de sortir du ventre de ma mère et qu'elle me berçait pour la première fois.
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Historia Corta« C'est comme un pas dans le vide, se dit-elle » C'est le vide de ma tête.
