RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 4 : ...ou plutôt Niki Lauda ?

— Rush ? Le film qui parle de voiture de course ? je le regarde, je ne suis pas certain de comprendre le rapport entre ma situation et ce film.

— Oui, ce film là... Tu te souviens de l'histoire ? continue doucement mon frère, sans être tenté de m'expliquer.

— Mais c'est quoi le rapport ! je soupire, agacé.

— Tarik ! De quoi parle le film ? me demande sérieusement Nabil.

—  C'est l'histoire de Niki Lauda, le coureur qui a fini brûlé à cause d'un accident de voiture.

Nabil acquiesce, le visage fermé, le regard accablé. Quelque chose d'important m'échappe, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Nous nous fixons silencieusement jusqu'à ce qu'une alarme se déclenche dans ma tête et tout semble se mettre en place. Les pièces du puzzle se rejoignent : les bandages au visage et au bras, le cache sur mon œil, les douleurs, mes poumons qui me brûlent à chaque respiration, Rush...

— Je... c'est moi, Niki Lauda... ? je demande à Nabil, la voix tremblante. Pour la première fois de toute ma vie, j'espère avoir tort. Je veux me tromper. Ce n'est sûrement pas ce qu'il a voulu me faire comprendre.

— Oui... souffle mon frère.

A ce mot, un poids s'abat sur ma poitrine et j'ai un haut le cœur. Une odeur me revient brusquement, celle du porc grillé. J'ai envie de vomir. Nabil semble le comprendre, car il attrape une sorte de coupelle en métal sur la table en roulette et me la colle sous le nez. Il ne me faut pas un instant de plus pour me mettre à vomir l'entièreté de mon estomac, c'est-à-dire rien. Je vomis de la bile. C'est acide. Ça me brûle le ventre, l'œsophage, la gorge... J'ai l'impression que mon corps entier brûle, je le sens au niveau des poumons, de mon bras, de mon visage. Je crache ce qui me reste dans la gorge, avant qu'une quinte de toux ne me prenne, comme si ça ne suffisait pas. A nouveau, ce liquide noir sort de ma bouche et termine sa course au milieu de la bile.

— Ça va aller... me murmure Nabil, autant pour lui que pour moi.

Je lève les yeux vers lui. Il est mal au point, à deux doigts de tourner de l'œil, mais je ne sais pas si c'est à cause de mon état ou du vomit. 

— C'est bon ?

J'hoche lentement la tête. Il attrape un mouchoir et m'essuie doucement la bouche, puis il part vider la coupelle dans les toilettes de la chambre. Il revint ensuite et se rassoit près de moi, silencieux.

Je ne le regarde plus, je fixe mes mains. J'essaye de comprendre ce qui se passe réellement, ce qui m'arrive. Je repense au scénario du film, à Niki Lauda... Je suis donc brûlé. Sûrement au visage et au bras, vu les bandages et les douleurs que je ressens.

— Mon visage... c'est comment ? je le questionne du bout des lèvres, toujours sans le regarder.

Mon bras m'inquiète moins, je peux encore le bouger, c'est le principal. Alors que mon visage... Je grimace en me rappelant la tête de Niki Lauda dans le film, il n'a plus de sourcils et il est complètement défiguré.

— Je ne sais pas... Tu as les bandages, et je n'ai pas vu en dessous. Mais le médecin a dit que ça aurait pu être bien pire, tu t'en tires bien. Et surtout, t'aurais pu y passer, Tarik...

Je ne lui réponds pas. Je ne veux plus parler de ça. Plus jamais. J'espère que tout est faux. C'est impossible que j'aie le visage brûlé, Nabil se trompe forcément. Il a du mal comprendre ce que le médecin lui a dit. Oui, c'est ça, il a mal compris. Je dois juste être abîmé à cause de l'accident, pas brûlé. Et lui, comme d'habitude, il a extrapolé parce qu'il s'inquiète pour un rien. Je le connais.