RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 22 : Retrouvailles

« Rappelle-moi où tu vas ce soir ?

- Je vais manger chez Charlie, tu sais, la meuf qui m'a sauvé la vie, je répète à mon frère, accompagné d'un soupir appuyé. Ça fait juste trois fois que je te le dis.

- Ah oui, c'est vrai. Nabil acquiesce avant de se frotter le menton, lui donnant un air suspicieux au passage. J'ai vraiment du mal à concevoir que tu te socialises.

- J't'emmerde. Je lui dois bien ça, non ?

- Carrément, oui. Mais ça n'empêche que je trouve ça inhabituel de ta part. Surtout si tu ne comptes pas coucher avec elle, rajoute-t-il en me fixant.

- Bien sûr que non, je rétorque sans attendre. Charlie n'est pas une te-pu, elle est... A cet instant, la fin de cette phrase ne traverse pas mes lèvres. En fait, je ne sais pas quoi dire. Qu'est-ce qu'est Charlie pour moi ?

- Elle est ? Nabil fronce les sourcils et m'invite à continuer du regard.

- Elle est mon amie. » Je réponds finalement, tout en observant le joint se consumer entre mes doigts.

En ce vendredi matin d'hiver, sur le balcon de mon appartement, l'air frais balaye mon corps et mes cheveux. Il caresse mes bandages, où il provoque des picotements désagréables, me rappelant tristement que tout ce que j'ai vécu ces dernières semaines est bien réel. La première chose que j'ai fait ce matin -bien avant de boire mon café, pourtant sacré- est d'aller regarder mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Tout était là. Et quand je dis tout, je parle des bandages recouvrant une partie de mon visage et de mon bras. Je ne sais pas combien de temps je suis resté face à ce Tarik abîmé, une fraction de seconde, ou bien une dizaine de minute ? Je sais seulement que Nabil est arrivé au bon moment, juste avant que je n'explose le miroir de mon poing, juste avant que je ne brise la moindre surface reflétant mon visage dans cet appartement.

« Depuis quand t'as des amies meufs, toi ? réplique mon frère. Il fronce les sourcils si fortement qu'il est à deux doigts d'avoir un mono-sourcil.

- Bah j'en ai plein. Il peut pas me lâcher la grappe au lieu de me poser cinquante questions ?

- Qui ça ? continue-t-il.

- Wesh, t'as été embauché par la BAC d'Essonne ou quoi ?

- Nan, je me renseigne juste. Alors ? J'attends tes réponses, même si je suis sûr que t'en auras pas, me dit-il, accompagné d'un sourire arrogant.

- Ben... J'ai Sarah, déjà, je réponds finalement.

- Sarah ? Ça compte pas, c'est notre belle-mère ! glousse Nabil tout en secouant la tête.

- Pourquoi pas ? je grommelle. J'avoue qu'il a pas tort, Sarah ne compte pas vraiment.

- C'est trop simple sinon. T'as qui d'autres ?

- Euh... Je me frotte la nuque tout en réfléchissant rapidement. Pourquoi il a fallu que je lui dise ça, sérieux ?

- Alors ? renchérit-il, son sourire arrogant s'est élargi. 

- Bah y'a Chloé, je réponds alors, sans réfléchir une seule seconde à cette phrase. A cet instant, je ne sais pas lequel de nous deux est le plus surpris. Lui écarquille les yeux et moi, je plaque ma main sur ma bouche. J'ai répondu le pire prénom au monde, celui de sa meuf. Depuis quand est-ce que je considère Chloé comme une amie ? A bien y réfléchir, hors Sarah et Charlie, elle est celle qui se rapproche le plus de ce terme dans mon entourage. Je commence à la supporter, quoi.