RUSH - Tome 1 - PNL / Ademo / Tarik [FINIE - EN REECRITURE]

Chapitre 11 : Colère

Je me mets à respirer rapidement, je sens un début de panique m'envahir. Je ne peux m'empêcher de fermer les yeux. J'ai peur.

Je sens les doigts d'Héloïse décrocher lentement les bandages entourant ma tête et recouvrant mon visage. Elle les retire doucement, très doucement, et pourtant j'ai l'impression qu'elle m'enlève un bout de ma peau. Je serre les dents et grogne sous la douleur. Putain, qu'est-ce que ça fait mal.

« Désolée, grimace Héloïse. C'est moins joli, là... » dit-elle en finissant lentement de tout enlever. Je frissonne en sentant un courant d'air caresser mon visage anciennement couvert. Même ça, ça me provoque des picotements de douleur.

J'entends Nabil avoir un haut-le-cœur, et ça me tord directement le ventre.

Merde.

C'est si horrible que ça... ? Je suis défiguré à vie... ?

« J'enlève le cache sur votre œil gauche, m'informe Héloïse. Je sens qu'elle enlève ce qui se trouve sur mon œil. Ouvrez doucement les yeux... »

Je souffle un petit coup pour me donner du courage et j'ouvre lentement mes yeux. Mon œil droit se ré-accommode rapidement, mais ce n'est pas le cas du gauche. Ma vision est d'abord sombre, puis elle s'éclaircit lentement. Sauf que je vois mal, c'est flou.

« Comment vous voyez, à gauche ? demande alors le médecin.

- Mal, je grogne. C'est flou.

- C'est dû à quoi ? demande doucement Nabil, sa voix est tremblante. Je tourne lentement la tête vers lui pour le voir. Il est aussi pâle qu'un fantôme. Nabil croise mon regard et il se fige légèrement avec de se dépêcher de regarder ailleurs, comme s'il voulait ne pas voir mon visage. Putain.

- A la fumée, elle a dû atteindre son œil et lui abîmer. Mais c'est sûrement réversible, avec du repos. L'infirmière va lui remettre un cache.

- Okey... Nabil hoche la tête. Il m'ignore encore du regard.

- Au lieu de m'ignorer, personne a un putain de miroir pour me montrer mon visage ? je m'énerve brusquement, ce qui fait sursauter Héloïse. Merde, ça c'était pas voulu.

- Si, attendez... Elle me sourit doucement et récupère un miroir ovale sur son chariot. Vous voulez que je vous le tienne ?

- Non. » Je lui attrape rapidement des mains et le positionne en contrebas de mon visage, vers la gauche, afin d'apercevoir cette partie-là. Et ce que je vois me fige instantanément sur place. Je sens tout mon corps se mettre à trembler de dégoût et la terre s'ouvrir sous moi. Je prie pour que ce ne soit qu'un cauchemar, un mauvais rêve, et que je me réveille dans mon lit, ou dans le lit d'une meuf, ça me va aussi.

Je n'arriverais même pas à décrire correctement ce que je vois, tellement c'est laid. Une grosse balafre rouge, en forme de croissant de lune, s'étend du milieu de mon front, fait le tour de mon œil gauche et se termine sur ma joue. Par miracle, je n'ai perdu que l'extrémité externe de mon sourcil. Cependant, je ne peux pas en dire autant de ma barbe. La brûlure descend jusqu'au milieu de ma joue, ce qui a touché deux ou trois centimètres de ma barbe, je n'ai plus aucun poil à cet endroit-là. La peau brûlée est rosée et gondolée, c'est affreux. Elle n'est pas aussi jolie, si je peux utiliser ce mot, que sur mon bras gauche. Ça va me faire des putains de cicatrices dégueulasses. Je vais être défiguré à vie, c'est certain.

« Ça va partir... ? je murmure, à l'intention d'Héloïse.

- Nous allons tout faire pour, dit-elle doucement. Avec des soins adaptés et du temps, il n'y a pas de raison que ça ne parte pas.