Ils étaient puissants ensemble, mais préféraient se battre l'un contre l'autre.

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Harry et Louis, ils se disputaient souvent. Il y avait des jours où Harry était insupportable. Parfois, ils se déchiraient même. Louis était fatigué, certains jours, autant qu'Harry. Fatigué de l'écouter sous-entendre que rien n'était assez bon pour lui, que rien n'était assez grand, alors qu'il restait là, à essayer tout le temps. Harry, il se fichait bien de qui était présent pour hurler. Qu'ils soient chez Louis, chez ses parents, au lycée. Ça lui importait peu. Harry, il s'énervait pour rien, et c'était toujours de le faute de Louis. Il était toujours celui qui déclenchait ce petit rien.

Ils étaient assis dans un parc près du lycée. Ils étaient avec les amis de Louis, qui étaient supposés être ceux d'Harry aussi. Pour eux, oui, mais pour Harry, il n'avait pas d'amis. Ils étaient assis en tailleur, autour de leur sac qu'ils avaient posés en tas au centre. Et puis il y avait Harry. Le sien se tenait sous sa tête, il était allongé à côté de Louis. Il n'écoutait pas, il entendait juste leurs rires au loin. Il cherchait un quelconque soupçon de sentiment vivant en lui, ou même une idée, en regardant les nuages à travers de stupides branches d'arbres. Ça ne marchait pas. Ça ne marchait jamais, de toute façon. Et ça le rassurait quelque part. Il était vide. Harry c'était une coquille. Une coquille vide et fermée qui n'avait aucune chance de prendre vie un jour. Il s'était intéressé à la conversation sans le vouloir vraiment, sans que personne ne le remarque. D'un coup, Ryan s'était mis à imaginé à quoi ils ressembleraient dans cinq ans. Cinq ans, ça leur laisserait le temps de terminer leurs études, de commencer un vrai travail. Un travail qu'ils garderaient, ou pas. Cinq ans, ils trouvaient que ça représentait beaucoup de changements. Pour Harry, ça représentait les derniers. Louis riait de la supposition de Tristan. Un chômage, peut-être même déjà un enfant qu'il aurait avec Lauren, sa petite amie. Louis, il riait, mais pas vraiment, finalement. Il riait parce que c'était bizarre à imaginer, mais dans le fond, il serait où, lui, dans cinq ans ? Ils ont fait le tour de propositions, quand c'est venu au tour d'Harry. Personne ne pensait qu'il répondrait, ils croyaient qu'il était ailleurs, comme souvent. Mais pourtant ils ont marqués un arrêt, parce que tout le monde savait.

Mort. En espérant qu'il n'y ai aucune vie dans l'haut-delà, sinon il faudrait que je meurs une deuxième fois, et j'vois pas trop comment. Vous imaginez ? Il avait sorti, comme une plaisanterie, qui n'en était pourtant pas une.

Il ne regardait personne, mais tout le monde avait les yeux sur lui. Harry, il souriait, en imaginant que ça s'arrêterait enfin, d'ici cinq ans. Il y avait eu un chant de fausse toux. Ils ne regardaient plus Harry, mais Louis. Louis qui avait perdu son sourire lui aussi. Ses yeux lui piquaient, comme à chaque fois qu'Harry évoquait sa mort. À chaque fois qu'il évoquait sa vie, à Louis. Sa vie sans Harry. Louis, il trouvait qu'il exagérait. Il savait que les autres se fichaient bien de ce que ferait Harry avec sa vie, mais ils regardaient Louis avec peine, ou avec pitié. Parce que Louis, il était amoureux d'Harry, et ça sautait aux yeux du monde. Mais Harry, il agissait comme s'il n'avait rien à perdre, et ça, Louis, ça le déchirait. Harry, il ne savait pas. Il ne pensait pas aux autres, il pensait à lui. Et les autres, ils ne pensaient pas à lui, ils pensaient à eux. Finalement, toute cette histoire était un égoïsme partagé. Ils ne pouvaient pas le laisser partir, puisque la vie sans lui était déjà terriblement douloureuse à imaginer. Mais ils ne pouvaient pas le retenir, puisque ça aurait été priver son désir. Alors Louis, il s'est levé, parce que leurs regards étaient terribles à supporter, de nouveau. Louis, il est parti. Et Harry, il ne l'a pas vu tout de suite. Il l'a juste senti. Beaucoup de gens parlaient de la vie, Harry, lui, il appelait la mort. Il réclamait la fin. La fin de quelque chose qui venait pourtant de commencer. Et ça le fatiguait aussi, Harry, que Louis le prenne comme ça, parce qu'il ne comprenait pas. Harry, il voyait grand, et Louis il était trop près pour qu'il ne le voit. Alors il lui courrait après, parce qu'avec le temps il avait compris que c'est ce que tout le monde ferait, en sachant parfaitement où il allait. Il essayait de l'arrêter, il devait le faire, pour rassurer Louis discrètement. Il ne disait pourtant rien de bien mieux. Harry, il croyait que Louis devait s'y faire, et qu'il n'y avait rien de terrible en sa pensée. Au contraire. Et Louis, ça lui donnait envie de se retourner et de lui passer les doigts autour du cou. Lui hurler jusqu'à ce qu'il comprenne. Qu'il comprenne qu'il voulait vivre, et que ça le consumait doucement, tout ce qu'Harry disait. Mais Louis, il était certain qu'Harry ne comprendrait jamais, et s'il se serait retourné, Harry se serait sûrement moqué des perles salées qu'il faisait couler des yeux de Louis. Alors il se contentait de marcher plus vite, pour qu'Harry ne le rattrape pas. Pourtant il savait que ça l'énervait, de lui courir après. Mais tant pis, parce que lui, beaucoup de choses qu'Harry faisait le mettait hors de lui et le bouclé n'y avait jamais fait attention. Il continuait, tout le temps. Quand ils sont arrivés chez Louis, Harry a été assez rapide pour retenir la porte avant qu'elle ne lui claque au nez. Maintenant Louis ne pouvait pas lui échapper. Il a jeté son sac dans le canapé, Harry ne comprenait pas pourquoi il pleurait, et que les parents de Louis soient là ou pas, ça ne les a pas empêché de crier. Ils hurlaient même. C'était à celui qui allait faire plus mal à l'autre, avec leurs phrases pleines de virulence. Harry gagnait. Il gagnait depuis toujours. Ses mains claquaient contre les mûrs, Louis sursautait. Ils se détestaient, parce qu'ils avaient besoin de l'un et l'autre, mais l'un voulait partir, et l'autre voulait rester. Harry il était fou de rage de les entendre tous chuchoter de laisser Louis tranquille, alors qu'il était effrayé de s'écrouler sans lui. Elle était là, la vérité. Il avait peur. Et à travers ses injures, il le criait. Lui aussi il aurait voulu pleurer. Ils s'écroulaient, fatigués, épuisés.

je veux vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant