Se jeter dans le monde, ou dans le vide.

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Ça finissait toujours comme ça. Dans un long et profond silence. Harry, il ne savait pas lui dire qu'il était désolé. Ils ne l'étaient pas, ni l'un, ni l'autre. Jamais. Parce qu'ils savaient que tout était vrai. La douleur était réelle. Il compensait ses mots avec des gestes. Ils s'approchaient lentement, sans rien dire. Louis, ça lui faisait exploser le coeur, parce que ça voulait dire que ça comptait. Et il aurait dû le voir, que Harry avait besoin de lui. Ça crevait les yeux, autant que son amour à lui. Et si Harry se noyait dans la vie, il s'accrochait, sans le vouloir, comme un instinct de survis. Ils s'approchaient assez pour se toucher, s'excuser par des gestes. Ils se retrouvaient en plus milieu de la pièce. Harry fatigué du vide, Louis fatigué d'être autant rempli d'amour pour ce même vide. Harry, il embrassait les yeux rouges de Louis pour revoir l'océan à l'intérieur reprendre sa place, sans déborder une nouvelle fois. Les mains de Louis tremblaient contre la peau des bras d'Harry. Ils ne savaient que se pardonner de cette façon. Louis s'était glissé dans la forme imaginaire d'Harry. Il s'habituait parce qu'il l'aimait. Et il l'aurait suivi jusqu'au bout du monde, il aurait voulu être assez fort pour retourner la Terre et changer le monde d'Harry. Il aurait voulu suffire à son bonheur. Il aurait voulu lui suffire, en tout et pour tout, autant qu'Harry lui suffisait. Il aurait pu abandonner, pour voir la vie dans les yeux d'Harry, s'il avait été assez fort. Peut-être que la vision d'Harry était trop lourde pour lui, c'est pour ça qu'Harry avait besoin de Louis, pour supporter. Ses doigts dansaient dans ses boucles, puis contournaient ses yeux noyés dans le néant pour glisser sur son nez, puis ses lèvres. Il les connaissait par coeur. Il aurait redessiné ses formes les yeux fermés, tant il les avait tracées. Harry se disait qu'il dormait depuis toujours, envahit de cauchemars, et que Louis était le seul rêve dont il arrivait à se souvenir. Leurs yeux ne se mélangeaient pas, ils s'exploraient juste. Encore et encore. Et quand Harry touchait Louis, les couleurs du monde apparaissaient. Tout prenait vie, mais ses mains à lui n'avaient pas la même magie. Harry restait de noir et blanc. Ils étaient le noir et le bleu. Le noir de la mort et le bleu de la vie. L'un était ivre de vivre, et l'autre ivre de mourir. Les dernières larmes qui glissaient sur les joues de Louis s'éteignaient sur les lèvres d'Harry. Harry, il pensait tout bas qu'il aurait voulu s'éteindre sur les lèvres de Louis, lui aussi. La vie n'était pas jolie, Louis l'était. La petite tâche rouge contournée de noir était la seule chose qui brillait en lui, quand Louis était là. Mais Harry, il préférait la garder secrète. Ils se serraient si fort l'un contre l'autre, pour recoller tout ce qu'ils s'acharnaient à détruire en eux. Il avait rendu Louis fou de lui, tellement qu'il en oubliait parfois la vie. Les bras d'Harry l'entraînaient dans sa chute, et quelque chose l'empêchait de le voir. Harry savait, et pourtant il ne faisait rien pour les détacher. C'était plus fort que lui. C'était égoïste, mais tout ce qu'il désirait se résumait à Louis et était bien trop faible pour le laisser partir. Et ils devaient toujours se disputer, avant de pouvoir se sentir s'aimer autant. Louis était triste de sentir autant de douleur. C'était les seuls moments où Harry montrait qu'il souffrait vraiment. Et ses moments il ne pouvait les offrir qu'à Louis.

Je me fiche de où tu comptes aller. Je t'aimerai toujours. Avait chuchoté Louis, avant qu'Harry ne fasse mourir ses mots sur sa bouche, pour ne plus jamais la laisser en échapper aucun autre.

Levés, trébuchants, ils dansaient au rythme de leurs baisers pour finir par s'enfermer dans la chambre de Louis. Il n'avait pas assez de deux mains pour faire vivre son corps entre ses doigts. Et si Harry savait qu'il n'était qu'un passage dans la vie de Louis, il aurait voulu lui dire que le monde qui l'attendait était merveilleux et ne ferait jamais mal. Sans conviction, il aurait pu lui mentir, une seule fois. Il aurait pu sauver ce qui était en train de mourir lentement, juste sous ses yeux. Louis se donnait à lui, à chaque fois. Il s'abandonnait complètement. Harry était le bocal et Louis la rose. L'un le poignard et l'autre le coeur, alors que Louis voulait de tout son être, être l'eau pour éteindre le feu qu'était Harry. Il brûlait vivant. Son corps tout entier était un bruit sourd, qui cognait si fort contre Louis. Ils s'agrippaient l'un à l'autre et leur peau se tordait entre leurs doigts. Ils s'appartenaient, et combattaient sans le savoir pour celui qui attirerait l'autre vers, la vie, ou la fin.

Partout où la bouche d'Harry se retrouvait sur Louis, il y voyait des couleurs. Des couleurs douloureuses et pourtant si belles qu'il n'avait jamais ressentis. Il le désirait si fort, et il en voulait toujours plus. Ils ne voulaient être qu'un, mais étaient trop différent. C'était nocif. C'était dangereux. Et plus les draps s'emmêlaient, plus leurs pieds se touchaient, plus Harry avait envie de pleurer. Quand ils fermaient les yeux, ils imaginaient ce sentiment disparaître. Louis l'aurait regardé partir dans n'importe quel coin du monde, le plus loin possible, le plus seul qui existe. Mais pas là où il voulait aller, pas là où plus jamais il ne se souviendrait. Harry était effrayé de quitter ça, et continuait pourtant d'espérer que quelque chose l'emmène là où plus rien ne l'obligerait à survivre. Il souhaitait la mort parce que c'était la seule chose paisible qu'il connaissait, et pourtant, il se trompait. Il se trompait souvent, mais ne le savait jamais pourtant. Louis le touchait pour se rappeler qu'ils avaient encore du temps, même s'il n'espérait plus qu'in jour Harry décide de rester. Et si rien ne venait, il pensait qu'Harry finirait par se tuer, parce que la haine contre la vie flottait toujours au dessus de sa tête. Il avait toujours attendu plus d'elle, elle était tellement grande. Il la voyait si ridicule et tellement douloureuse maintenant. Rien de bon n'allait advenir. Rien de meilleur que Louis, qui perdrait sa magie si ces instants duraient trop d'années. Juste un passage. Un petit passage qu'il trouvait déjà trop long, et pourtant un tout petit quelque chose le rattachait à la vie. Un tout petit quelque chose aux cheveux châtains et au yeux bleus. Il préférait se mentir, sachant pertinemment que, jamais il ne serait assez fort. Mais c'est ce que tout le monde pensait. C'est ce que Louis pensait. Dans le fond, la mort, elle l'effrayait autant que la vie, mais il la préférait elle pou s'y jeter. Louis savait comment ça allait se terminer maintenant. Harry pleurait, le corps en sueur au-dessus du sien. Il pleurait en silence et puisait une force quelconque. Alors Louis multipliait ses baisers sur son corps.

Aime-moi encore un peu. S'il te plaît.

Il savait qu'en sortant de là, ce Harry craintif et fragile disparaîtrait, et pourtant il oubliait bien vite lui aussi qu'il existait. La vérité c'est qu'Harry préférait fuir la vie plutôt que de trouver le courage de la sentir.

je veux vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant