Tu t'es installé sans un bruit, c'est sur mon coeur que tu t'appuies.

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Une vie pour ses yeux, une vie pour sa peau. De tas de courtes vie, comme la naissance de son sentiment quand les mains de Harry glissaient jusqu'à son flan. Et il mourrait, quand il s'en détachait, pour qu'un autre reprenne vie grâce aux baisers dans son cou. Harry avait besoin de plus. Il rêvait de pouvoir lui donner.

      Tu sais ce que fait mourir ? Vivre. Alors qu'est-ce que t'attends, toi qui ne rêves que de ça ?        

Ils étaient au milieu d'une rue, vide de circulation, remplie de pluie. Louis a compté jusqu'à trois. Un jeu. Ce n'était qu'un jeu.

         Un. Deux. Trois. Cours !                

Au tournant de la deuxième rue, il y avait l'allée commerciale. Louis n'avait jamais senti ses jambes avec autant de forces. Il avait l'impression qu'il allait se mettre à voler. Et ses épaules cognaient par ici, par là, tout comme le vent mélangé à la pluie le faisait sur son visage. Tout était froid, et même son coeur. Mais quelque chose vivait, quelqu'un derrière lui. Harry ne le lâchait pas des yeux, il ne comprenait rien. Il entendait son rire que le courant d'air emportait. Et tout le monde se retournait sur eux, et parfois quelque chose les ralentissais. Louis disparaissait, et réapparaissait plus loin, entre les gens. Il ne voyait que lui. Alors il courait de nouveau. Et plus il courait, plus son souffle était court et plus il sentait son corps se réchauffer, son coeur battre. À gauche, à droite, tout droit, et puis encore à droite. Louis courrait plus vite, pour qu'Harry ne le rattrape. Tout défilait. Les maisons, les commerces, les gens. Leurs visages se déformaient et Harry ne voyait que Louis clairement. Il était juste devant, le rire qui résonnait comme dans un rêve, le manteau qui était sur le point de s'envoler. Il aurait pu le rattraper, s'il avait pu voir cette voiture qui n'était pas d'accord à le laisser passer. Ils regardaient Louis s'éloigner, il ressemblait à un oiseau. Un klaxon, et le monde revenait. Les mains sur le capot, il les a vite enlevés à la vue de la colère du chauffeur. Tout le monde le regardait, et il avait tellement de mal à respirer maintenant. Le froid pénétrait dans son corps et formait une petite douleur au niveau de son coeur. Il s'est mis à courir moins vite, vers cette ruelle dans laquelle il avait cru voir Louis tourner. Elle était pourtant vide. Et il marchait, doucement, en hurlant après Louis. Parce que ce n'était pas drôle, d'être seul, et de se sentir aussi vivant.

            Est-ce que ta vie changerait si je n'en faisais plus partie ?          La voix provenait du petit renfoncement. Harry s'est avancé doucement, mais avant qu'il n'y arrive Louis est apparut, essoufflé lui aussi.               Parce que je dois bien avouer que la mienne, oui.                  Il approchait doucement de Harry. Harry qui le suppliait d'arrêter ça et de lui expliquer. Harry qui ressentait, Harry qui était effrayé.

              C'est pas grave d'être à côté, de juste exister, t'es juste pas dans le courant de la vie. J'te jure que tu mourras, si tu vis. Vis avec moi. T'as pas le droit de me tuer. C'est ce que tu ferais, si tu disparaissais. Je veux disparaître avec toi.            

Et il pensait aux montagnes, à la mer, au grand vide. À tous ces endroits où la nature est reine et que rien d'autre ne pourrait exister à part eux. Il voyait aussi grand que Harry, pour une fois. Ils pourraient courir toute une vie, toutes les nuits, sous les étoiles, se reposer le jour, se cacher du soleil,. Il se voyait courir durant un tour du monde entier. Jeter tout ce qui leur rappellerait le temps. Les gens sont malheureux parce qu'ils sont toujours à l'affût de quelque chose et qu'ils ignorent que trouver cette chose signifie la fin. Il faut savoir l'attraper, plutôt que d'attendre après. Et le désir de Louis était tellement grand, que quand ils se sont retrouvés l'un face à l'autre, il se reflétait dans les yeux d'Harry. Ils embrassaient leurs lèvres trempées, les gouttes de pluie qui ne cessaient de tomber. Tout était gris, et pourtant Harry voyait les couleurs. Louis n'arrêtait pas de le pincer, par-dessus son t-shirt. Il recommençait, encore et encore. Doucement, puis fort. Assez pour qu'Harry grimace. Alors il riait, et le chatouillait. Et Dieu seul sait comme c'était difficile de faire rire Harry. Et là, dans les bras l'un de l'autre, au beau milieu d'un endroit perdue, sous la pluie, un temps gris, quelque chose avait changé. Il avait commencé à courir. Il était libre. Harry, il devait juste comprendre que rien en le retenait, et que beaucoup de choses l'attendaient. Il avait vu la vie, dans les yeux de Louis, et il avait trouvé ça si beau. Tellement qu'il a attrapé sa main et ils ont courus de nouveau.

Ils n'ont jamais cessé de courir.

Ils avaient disparus une nuit, un sac chacun sur le dos. Il n'y avait presque rien, et c'était complètement fou. Louis taisait sa peur, parce qu'il aimait Harry plus que ça. Il avait laissé son t-shirt de foot sous l'oreiller de son père, un porte-bonheur pour sa sœur et toute sa vie d'avant. Harry, il n'avait laissé que quelques mots.

Brûlez. Brûlez tout. Je reviendrai avant de mourir. Je suis désolé, je suis parti pour échapper au temps. Je veillerai sur vous. Je vous aime.

Ce jour-là était le premier jour du reste de sa vie. Il avait bien vu, les larmes que Louis essayait de cacher quand ils ont quittés la ville. Ils avaient peur que ça ne marche pas, l'un comme l'autre. Harry avait toujours pensé que ce choix-là était trop égoïste pour le partager avec quelqu'un. Et si Louis craquait vite ? Tout le monde allait lui manquer. Louis était resté fort, parce qu'encore une fois, il aimait Harry plus que ça. Personne ne les avais revu. Ils avaient dû courir longtemps, rouler des heures durant pour trouver l'océan. Ils avaient dû en croiser des gens. Ils avaient sûrement traversés les montagnes, la pauvreté, la richesse. Probablement de nombreux jours sans pouvoir se nourrir, mais ils avait continués de courir. Sans jamais se lâcher. Et vous savez ce que ça fait, vous, de vivre ? Alors qu'Harry pensait être en dehors de tout, il était en train de trouver ce que des millions de gens continuent d'attendre. La vie. Quelque part, loin, près, peu importe. Lui, il avait eu assez de cran pour la trouver. Et chaque matin, Louis se disait qu'il s'était sacrifié par amour. Et le sourire d'Harry construisait autre chose. Harry voulait respirer, et c'était tout ce qui comptait. Ils voyageaient à travers la vie, pour ne jamais s'en lasser.

Raconte-moi cette histoire du soleil qui aimait si fort la lune; celle où chaque nuit, pour elle, il se laissait mourir pour lui permettre de respirer.

je veux vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant