Chapitre III : En lieu sûr

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« Le sommeil n'est pas un lieu sûr. » _ Jean Cocteau

Sam se frotta les yeux une énième fois. La nuit avait été courte et ses muscles, épuisés par le match de la veille, lui criaient de se reposer. Pourtant il s'y refusait. Assis sur une des tables de pique nique plantées dans l'herbe à l'extrémité du périmètre, il attendait sa sœur. Il observait chaque mouvement des autorités comme s'il tentait de déceler une faille, comme pour s'assurer de leurs bonnes intentions. Les évènements de la veille l'avaient secoué et il commençait à douter de tout. Ses doigts vinrent machinalement se poser sur son visage pour soutenir sa fatigue. Son corps se raidit lorsqu'une main ébouriffa ses cheveux châtains. Il se redressa brusquement pour découvrir sa meilleure amie Manon. Les longs cheveux sombres de la jeune fille s'enroulaient le long de son dos dans des boucles habillement dessinées. Elle écarta la mèche qui lui couvrait le visage avant de s'assoir près de lui. Un sourire bienveillant accompagna son doux regard. Elle ne dit rien, laissant sa présence envahir l'atmosphère. Sam lui rendit son sourire. Manon était la première personne qu'il avait appelé après sa famille lorsqu'il avait appris ce qu'il s'était passé. Quelques heures plus tard, elle était à ses côtés. Sa famille vivant à l'autre bout du pays, elle n'avait personne d'autre ici. Ses amis représentaient sa famille de cœur, comme un cadeau venu du ciel. Dans un silence solennel, elle détacha le chapelet bleu qui pendait à son poignet et referma ses mains dessus. Les yeux fermés, elle se mis à prier dans un doux chuchotement. Sam ne perçut que quelques mots de sa prière mais ils suffirent à lui faire comprendre qu'elle implorait le Seigneur pour qu'il protège leurs amis et leurs proches. Il posa une main sur celles de son amie, ajoutant ce qu'il lui restait de foi pour soutenir son espoir.

Le périmètre était dessiné par des barrières de fer le long desquelles les policiers patrouillaient. Arrivées à l'entrée nord, Lexy, Blake et Finn donnèrent leurs cartes d'identité sous les ordres d'un homme d'une quarantaine d'années au regard sévère. Il fit signe à son collège de noter leurs noms. Blake fronça les sourcils, pourquoi avaient-ils besoin de relever leur identité ? Il n'osa rien dire mais n'abandonna pas ses soupçons pour autant. Une fois le contrôle passé, ils se précipitèrent vers les bâtiments indiqués par l'homme désagréable. Quelques mètres plus loin ils aperçurent la table sur laquelle étaient assis Sam et Manon. Lexy se précipita sur son frère qui se leva d'un bond pour l'accueillir dans ses bras. Quelques embrassades plus tard, Lexy posa sur son frère un air paniqué :

- Tu as eu des nouvelles des parents alors ???

- J'ai eu maman au téléphone tout à l'heure, ils vont bien. Ils sont allés à la préfecture sur le port parce que c'était l'endroit le plus proche. Ils voulaient qu'on se rejoigne mais on n'a plus le droit de bouger pour l'instant...

Lexy soupira de soulagement, elle avait eu si peur.

- Tu sais que la Dead Zone passe sur la maison ?

Le visage de Sam se décomposa lentement. Ils ne pourraient plus rentrer chez eux. Qu'allait-il se passer maintenant ? Manon demanda des nouvelles de ceux qui étaient au chalet avec eux tandis que Lexy essayait vainement de joindre quelqu'un. Son teint blanchâtre était devenu livide et ses traits tirés par la fatigue la vieillissaient. Une main plongée dans ses longs cheveux bruns, elle semblait vouloir se les arracher. Elle jura en tombant une fois de plus sur le répondeur.

- T'essayes d'avoir des nouvelles de qui ? demanda Finn.

- Olyvia, ça fait milles fois que je l'appelle et rien juste ce putain de répondeur !

Olyvia était son amie d'enfance. Leurs parents étaient proches ce qui leur avait permis de tout partager dès le plus jeune âge. Elle faisait un peu partie de la famille. Sam aussi était proche d'elle, et si à une époque leur amitié avait failli se transformer en quelque chose de plus fort, le départ d'Olyvia pour ses études les avaient empêchés de passer le cap. Aujourd'hui encore il lui arrivait de regretter. Il voulu rassurer sa sœur, mais il partageait son inquiétude. Que lui était-il arrivé ? Lexy s'efforçait de ne pas imaginer le pire mais l'optimisme n'était pas son point fort. Les jeunes réfléchissaient à toute allure, essayant de faire le point sur ceux dont ils n'avaient plus de nouvelles.

DEAD ZONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant