#4

68 17 4
                                    


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


 Une courte mélodie se mêla à la musique qui sortait de ses enceintes. Il ne l'écoutait pas avec grande attention, mais il avait souvent besoin d'un bruit de fond pour s'aider à réfléchir – et à écrire. Cela n'avait pas été bien concluant, cette fois-ci. Il ne cessait de taper quelques mots, ou même une simple lettre, pour finalement tout effacer et fixer sa page blanche comme si elle l'avait personnellement insulté. Que dire ? H0ax le pressait de publier rapidement des nouvelles de son cher braqueur. C'était ce que tout le monde attendait, après tout. Mais comment pouvait-il mettre des mots sur ce qui s'était produit lors de cette nuit sur Pier 7 ? Il ne parvenait même pas à s'expliquer comment il en était arrivé à... manger une glace avec ce type. Outre le fait que c'était un voleur et très probablement un véritable déséquilibré, il ne savait ni son nom, ni son âge... Ni d'où il venait. En fait, il ne savait rien de lui.

Mais il y avait pire que ça. Cette... impression étrange qu'il avait ressenti à plusieurs reprises en se retrouvant à nouveau face à lui, il ne parvenait pas à la décrire. Son physique, ses vêtements, son regard, son comportement, sa façon de s'exprimer, même sa voix... Tout ce qui le composait semblait passer d'un extrême à l'autre en un battement de cil. Une menace, une badinerie, une grossièreté, le tout ponctué de ce rire bruyant, naturel. Soudain, tous les rires qu'il entendait chaque jour de la bouche de ses clients lui parurent bien mécanique. Il avait un rire particulier, un ricanement presque, qu'il n'avait encore jamais entendu ailleurs.

Mais en fin de compte, songea Samuel avec un soupir en baissant les yeux vers l'encart bleu qui s'affichait sur son écran, était-ce vraiment utile de se torturer l'esprit avec ce garçon ? Il ne risquait pas de le revoir. H0ax et son blog était une chose, mais...

— Sam ! Tu es affreux !

Il ne parvint pas à s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsque la voix de sa mère s'éleva de son ordinateur. Cette façon de le saluer...

— Salut, maman, souffla-t-il avec un sourire en voyant le nez de sa génitrice apparaître en gros plan sur l'encadré de sa webcam. Tu n'es pas obligée de t'approcher autour de l'écran, je t'entends bien...

— Je rêve où tu es toujours au lit ? Il est bientôt onze heures !

— ... Il est onze heures en Irlande, oui, mais ici... Même pas quatre heures du matin. J'habite en Californie maintenant, tu te souviens ?

— Quatre heures et tu es toujours sur ton ordinateur ? Mon Dieu, cet idiot de fils, Seigneur, pourquoi...

Elle continua à marmonner quelques phrases comme quoi elle le priverait d'écran, s'il n'avait pas vingt-cinq ans et s'ils n'étaient pas séparés par plus de huit mille kilomètres. Derrière sa tignasse rousse – dont il avait péniblement hérité – il reconnut les rideaux verts et rouges de la salle à manger et, quelque part à sa droite, il devinait la présence d'un escalier étroit menant aux chambres de la maison familiale. Un peu malgré lui, un sourire triste apparut sur son visage en songeant aux longues heures qu'il avait passé à se disputer avec ses petites sœurs et à leur courir après dans ce fichu escalier dont chaque foutue marche grinçait.

Call Me DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant