Ce chapitre était censé être plutôt court, et il se trouve finalement être le plus long. Oh well ¯\_(ツ)_/¯
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La roue avant de la voiture avait aspergé le trottoir en passant dans la flaque qui s'étendait déjà dans le caniveau, mais il n'y avait pas âme qui vive à l'extérieur pour s'en plaindre. Sam esquissa un mouvement pour ouvrir sa portière, mais se ravisa lorsque son regard se posa sur le jeune homme assis du côté passager. Le front posé contre la vitre, son œil bleu passa sur les maisons victoriennes, hautes de deux ou trois étages et aux toits pointus toutes collées les unes aux autres jusqu'au bout de la rue. La plupart des façades étaient peintes d'une couleur différente, toujours dans les tons pastels et, à les regarder, il était difficile de dire si c'était la rue qui était si inclinée ou si elles avaient toutes été construites penchées vers la droite.
— La thune qu'il faudrait avoir pour vivre dans ce quartier..., marmonna le garçon en se renfrognant sur son siège. Le loyer doit être d'au moins, je sais pas, trois mille dollars ?
Il eut un petit ricanement sans joie, toisant les bâtiments du coin de l'oeil. Sam, à côté de lui, eut un bref sourire.
— Trois mille et quatre cent quatre-vingt dollars, pour être exact.
Cette fois-ci, il cessa de ricaner et retourna brusquement la tête dans sa direction, bouche-bée. À vrai dire, et même s'il était contraint de s'y plier, Samuel avait bien conscience que les loyers étaient monstrueusement élevés. Une façon, pour les propriétaires, de trier leurs locataires sur le volet... et s'assurer que les gens comme lui n'auraient d'autre choix que de s'exiler à Oakland. C'était à vomir, mais enfin, il n'y pouvait rien.
— Attends, tu vis ici ?
Sam se pencha un peu vers lui, juste assez pour lui indiquer la façade entre bleu et gris de l'une des maisons. Il le sentit enfoncer son dos dans le siège pour empêcher sa main d'être trop proche de son visage et, au lieu de suivre la direction de son doigt, son œil remonta le long de son bras et vint lui adresser un regard suspicieux.
— Comment tu peux te faire autant de blé en vendant des donuts ? T'es un fils de bourge, c'est ça ?
— Pas du tout. J'ai un colocataire qui gagne bien mieux sa vie que moi, je paie une moins grosse part du loyer que lui. En fait, il gagne assez pour me mettre dehors quand il veut, mais je crois qu'il m'aime bien. Je lui tiens compagnie, j'imagine.
Il vit le sourcil châtain du garçon se froncer légèrement sur sa paupière tandis qu'un sourire narquois se dessinait sur ses lèvres. Il entrouvrit sa portière du bout des doigts mais, au lieu de sortir du véhicule, il se pencha à son tour en direction de Samuel, comme s'il s'attendait à ce qu'ils partagent un secret.
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Call Me Dead
Romance14 mai. Je l'ai revu. Il avait l'air d'un chien errant, comme la dernière fois. Reste à savoir s'il mord. Je vais essayer de l'approcher, demain. Enfin, s'il est toujours là. Et si j'ai toujours mes dix doigts en rentrant chez moi, je vous racontera...