Chapitre 3 : La Fuite

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Siobhàn n'avait pas hésité un seul instant. Dès que l'attention de son garde s'était détournée d'elle, elle avait reculé vers le bord du sentier. Plus loin, les trois hommes qui semblaient diriger le groupe se disputaient à son sujet. Ils devaient décider de son sort et elle n'attendrait pas de connaître la sentence. Ils la prenaient pour une petite chose fragile, incapable du moindre instinct de survie, de la moindre décision. Ils allaient être servis !


Soulevant ses jupes, elle s'était lancé dans une course effrénée vers les bosquets les plus touffus et plus elle avançait, plus il lui semblait qu'ils ne la retrouveraient jamais. Autour d'elle, les arbres étaient immenses et le sol recouvert de mousse. Ses jupes s'emmêlaient autour de ses jambes et tremblaient du manque de force, mais il lui en faudrait plus pour rendre les armes. Elle déboula dans une plaine, regarda à droite et à gauche, paniquée comme un animal aux abois, puis se décida à la traverser. De l'autre côté, la végétation semblait encore plus dense. Si elle parvenait jusqu'aux pins, elle pourrait s'y dissimuler. Elle n'était qu'à la moitié du chemin, en plein milieu de la plaine, à découvert, quand elle entendit un hennissement de cheval derrière elle. Elle se retourna sans cesser de courir et vit un peu plus loin, cinq cavaliers lancés au triple galop dans sa direction. Elle força l'allure, paniquée. Non, pas maintenant ! Pas si proche du but ! Elle entendait les chevaux approcher de plus en plus vite. Sa robe s'emmêlait toujours plus dans ses mouvements et elle manquait à chaque fois de tomber à la renverse. Elle y était presque, mais les cavaliers aussi. Au moment, où l'un d'eux, se pencha vers elle pour l'agripper, elle plongea tête la première dans les bosquets.


Sans comprendre pourquoi, le choc tarda, et elle se sentit chuter dans le vide. Sa tête heurta brutalement une pierre tandis que tout son corps dégringolait dans les rochers et les racines. Quand elle s'immobilisa enfin, elle ouvrit les yeux et d'un regard, comprit. Elle venait de dévaler une pente de vingt-cinq pieds. Tout en haut, les cavaliers juraient en l'observant d'un regard mécontent. Leur chef leur fit signe de contourner la pente avec leurs montures, désignant un chemin que Siobhàn ne pouvait voir. Tandis que ces hommes faisaient demi-tour, il la fixa de nouveau, les sourcils froncés. Siobhàn sentit son cœur s'accélérer. Il fallait qu'elle continue. Tomber entre les mains de cet homme furieux n'était certes pas la meilleure de ses options. Elle se redressa fébrile et vacillante, et sans une nouvelle attention vers le géant écossais, reprit sa folle course. Sa robe était dans un piteux état et tous ses membres lui faisaient mal. À dire vrai, elle boitait. Il était inutile de continuer à courir, elle n'irait pas bien loin. Elle regarda tout autour d'elle. Enfermée depuis le matin dans l'obscurité, elle avait eu la vague impression de monter en altitude. Elle en était certaine à présent. Face à elle, le paysage était à la fois magnifique et effrayant. Tout autour d'elle n'était que reliefs, vallées et collines à perte de vue. Voilà ce qu'on appelait les hautes terres. Un territoire montagneux, isolé et sauvage. Le massif sur lequel elle se tenait surplombait le tout, entrecoupé de parcelles plus ou moins plates et d'intrusions de roches magmatiques. La végétation y était plus éparse. Pas le temps de chercher un bosquet assez touffu pour se mettre à l'abri, il fallait qu'elle trouve un repaire à l'abri des regards. Elle les entendait déjà qui approchaient. Prenant son courage à deux mains, elle s'agenouilla et s'agrippa aux racines sortant du bord de la plateforme rocailleuse, pour se laisser glisser contre la paroi. Elle réussit à atteindre un gros rocher un peu en contrebas et se colla à la façade rocheuse. Le vent lui fouettait le visage et ainsi suspendue dans le vide, elle sentit son courage faillir. « Il faut tenir ma grande, se murmura-t-elle, ce n'est pas le moment de flancher ! » Elle entendit les cavaliers débarquer sur la plate-forme et se figea.


- Je ne la vois plus ! s'exclama une voix.


Siobhan de ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant