chapitre 7 : Luxure

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Je n'avais encore jamais visité l'Italie. J'aurais bien voulu le faire avant tout cela, avant que l'Apocalypse ne menace de l'anéantir avec le reste du monde. Enfin, sauf si j'arrivais à empêcher que cela ne se produise...
Que JE l'empêche. Cette phrase sonnait faux dans ma tête. Je n'étais qu'un simple étudiant, qui n'avait jamais rien eu de spécial. Comment en étais-je arrivé là ? Ou, du moins, pourquoi avais-je été entraîné là-dedans ?
J'allais enfin avoir mes réponses, car je pouvais voir que j'arrivais déjà à ma destination : le Vatican. J'avais tout un tas de questions à poser à mes "employeurs", et j'étais bien décidé à leur tirer les vers du nez. Il fallait également que je retrouve le professeur. Après tout, cela faisait pas mal de temps qu'il était retenu au siège de l'Église, m'obligeant même à me rendre seul à Jérusalem.
Une fois arrivé, les agents m'ont amené dans un hôtel, non loin de la Basilique Saint-Pierre. Ils m'ont fait monter au 4ème étage, puis m'ont conduit dans la plus grande suite de l'hôtel, m'indiquant que le Chef voulait me parler. Je me demandais bien à quoi il pouvait ressembler, ce fameux "Chef". Je l'imaginais déjà être un vieux pète-sec en costard. Mais je me trompais lourdement, car, en ouvrant la porte de la suite, j'ai pu découvrir le chef des opérations du Vatican.


Assis dans une sorte de trône, il portait une soutane blanche, ainsi qu'une calotte de même couleur sur la tête. Cela ne pouvait être que lui : Le Pape. Il était accompagné par deux hommes, qui m'ont semblé être des évêques. De ce que je savais, cela ne faisait que quelques mois que cet homme avait été nommé Pape, et il s'agissait alors du plus jeune à avoir jamais été élu.

"Approche-toi, mon fils." m'a-t-il dit, en me faisant signe de la main.
"Tu dois te poser énormément de questions, j'imagine. Mais sache que si tu es ici aujourd'hui, c'est que c'est la volonté de Dieu. Tu as accompli un travail formidable en compagnie du professeur, et je suis sûr que tu parviendras à sauver le monde.
- Votre Sainteté... Je ne pense pas être capable de faire ça... Après tout, je ne suis qu'un-
- Tu es ce que tu es. Que tu ne sois qu'un simple étudiant importe peu... Tu es bien plus que cela. Tu es celui qui a sauvé de nombreuses vies, comme à Jérusalem, et nous te sommes infiniment reconnaissants pour ça."

Je peinais à cacher ma satisfaction. Ce n'était pas tous les jours que le Pape lui-même te jetait des fleurs. Mais une question me démangeait.

"Dites, pourquoi nous rencontrons-nous dans cet hôtel ? Il existe une myriade de lieux mieux adaptés à votre statut. Pourquoi pas au palais du Vatican, ou bien dans la Basilique ?"

Depuis mon entrée dans la pièce, je pouvais voir que l'un des deux hommes qui encadraient le Pape me fixait. Je n'aurais su dire pourquoi, mais il semblait éprouver de la rancœur envers moi. Lorsque j'ai posé ma question, il est sorti de son silence :

"La Basilique ne convient pas à une engeance telle que toi !"

Comment ça, une engeance ? Certes, je n'étais pas pieux, mais je n'étais pas non plus mauvais. Je l'ai regardé pendant quelques instants, interloqué, jusqu'à ce que le Pape lui demande de se calmer.

"Ce que Monseigneur Arnaud voulait dire, c'est que personne ne peut se rendre à la Basilique pour le moment... Elle a malheureusement été envahie par le Malin.
- Le Malin ? Comment ça ?
- Et bien, le péché l'a complètement consumée. Elle est en proie à de terribles vices...
- Le péché ? Vous voulez dire qu'une relique s'y trouve ?
- Et bien, oui. Je pense que tu le sais déjà, mais plusieurs groupes avaient été formés pour retrouver les reliques des péchés. Avec un taux de réussite variable, à vrai dire, car à part toi et le professeur, une seule équipe est revenue avec l'une de ces reliques. Les autres sont tous morts. Que Dieu les garde auprès de lui.
- Et ensuite ?
- Au moment de ramener la relique pour la mettre dans l'Arche, qui venait juste de rentrer de Grèce, ils ont été attaqués. La relique a été volée, et on leur a retiré leur anneaux en bois d'Arche, qui sont donc immédiatement tombés en poussière. Ensuite, la relique a vraisemblablement été amenée dans la Basilique.
- Et... de quelle relique s'agit-il ?
- Mon fils, il s'agit du Graal. La coupe qui a recueilli le sang du Christ lors de sa crucifixion.
- Le Graal ? Je croyais que ce n'était qu'une légende. J'ai lu tellement d'histoires à son propos. Les légendes arthuriennes, principalement.
- Il existe bel et bien, et n'a d'ailleurs pas été trouvé très loin du Vatican : en Italie. Dans le Puteum Aureo, à Aquileia. Dire qu'il était si proche de nous, durant tout ce temps...
- C'est incroyable, en effet. Mais pour le moment, ce qui importe, c'est qu'il soit une relique du péché. Et de quel péché, au juste ? La paresse, ou bien...
- La luxure, oui. C'est bien cette dernière qui a envahi la basilique. Ce qui se passe à l'intérieur est une aberration qui souille ce lieu sacré. Nous avons besoin de toi, Edgar. Tu es notre dernier espoir. Tu dois aller sur place et récupérer cette relique. Elle doit être placée dans l'Arche, sinon, son influence ne fera que grandir, et elle pourra bientôt se répandre sur le monde.
- Comment cela ? Je pensais que l'influence des reliques était locale."
L'autre personne qui accompagnait le Pape a alors pris la parole.
"Je vais t'expliquer. Cela dépend des reliques, mais nous avons remarqué que leur influence grandissait au fur et à mesure que des personnes étaient exposées. C'est une sorte de maladie contagieuse. Plus il y a de personnes qui entreront en contact avec ces reliques, plus elles en contamineront d'autres, et ce jusqu'à ce que la relique en question soit placée dans l'Arche.
- Ah ! En effet, je me demandais aussi pourquoi la relique de l'Orgueil, en Grèce, et celle de la gourmandise, en Chine, n'avaient pas touché énormément de personnes, par rapport à celles de la Défense et d'Afghanistan. Leur caractère isolé a dû aider à limiter la propagation. Mais par contre, Il y a énormément de monde qui circule à Jérusalem, et ici même au Vatican, les effets des reliques auraient dû se propager plus rapidement, non ?
- Tu es très observateur. Nous n'en sommes pas sûrs, mais il semble que les reliques doivent être "activées" par quelque chose. Peut-être que le simple fait de les toucher suffit ? Quoi qu'il en soit, tes actes à Jérusalem ont permis d'endiguer cette "épidémie" avant qu'elle ne commence. Et ici, nous pensons que le fait que la relique soit dans un lieu aussi sacré que la Basilique Saint-Pierre limite un peu les pouvoirs de celle-ci. Mais malgré tout, il faut se hâter de la récupérer, le temps presse."

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