Chapitre 6

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Plusieurs jours, même semaines se sont déroulées sans encombre. Julian occupait les locaux professionnels en ma compagnie et celle de Sue plusieurs fois par semaine. Je lui donnais quelques missions en plus de celles d'Owen. Il travaillait bien. C'était un bon stagiaire. Et un bon protecteur visiblement, puisque rien ne m'arrivait. De jour en jour, j'ai pris confiance et lui faisait confiance. Je me suis résolue à ne pas avoir de réponses à mes questions. Je me suis habituée à sa présence, le reste de mes collègues aussi. Nous nous voyons que la journée, le soir j'avais le droit à ma solitude. Ce n'était pas plus mal.

Ce soir, mes amis John et Fanny allaient me rejoindre chez moi. Cela faisait un moment que nous ne nous étions pas vus. J'ai dû refuser quelques sorties du fait de ma situation avec le Chasseur. Cela avait inquiété John. Depuis l'attentat dans le café, il n'est pas rassuré de me savoir seule. S'il savait... J'aimerai beaucoup lui expliquer ce qu'il se passe mais j'ai pris conscience qu'il fallait que je sécurise aussi mon entourage. John et moi avons toujours été proches. Je suis assez mal à l'aise avec l'idée de rien lui dire. J'essaye de le rassurer autant que je le peux depuis le début, je ne sais pas si ça marche complètement. Je pars du principe que oui.

Pendant que j'installe les derniers petits préparatifs de la soirée sur la table basse, la sonnette retentie dans mon studio. Je vais ouvrir immédiatement. John et Fanny sont devant moi, ils sont arrivés en même temps. Je les accueille avec un grand sourire en les enlaçant, heureuse de les voir. Après avoir échangé quelques politesses, « Salut ? Ça va ? », je les invite à s'asseoir. Nous échangeons à nouveau quelques banalités prenant des nouvelles des uns et des autres. J'ai le sourire tout le long, eux aussi. La soirée se passe dans la bonne humeur. Fanny nous raconte ses déboires avec ses clients à l'hôtel. Elle en croise des cas ! Nous rigolons. John est plus à l'écoute que dans la discussion. Plusieurs fois, nos regards se croisent. Il a l'air de vouloir me poser des questions mais n'ose pas le faire. Je lui souris à chaque fois et retourne aux histoires de Fanny. Cette dernière se leva pour aller dans la salle de bain à un moment donné de la soirée. Quelques secondes de silence s'installèrent dans mon studio. John me fuyait du regard dorénavant. Je décide de briser le silence.

- Qu'est ce que tu as John ? Tu m'as l'air bizarre. D'un ton léger.

- Rien, je n'ai rien....

- Hm...

- Enfin si. Je m'inquiète pour toi depuis...

- Le café ? Il acquiesce. John, depuis le temps. Enfin. Ça va très bien, je n'arrête pas de te le dire !

- Je sais. Je sais... Il se frotte le visage et se gratte le coin de sa barbe. Mais au fond de moi, je me dis que quelque chose ne tourne pas rond depuis.

- Mais tout tourne très bien, ne t'en fais pas !

Je ne sais pas si ça tourne très bien, mais ça tourne. J'ai un pincement à l'estomac. Je suis obligée de lui mentir et cela me déplait énormément. Nous nous disions tout tous les deux, j'ai du prendre des distances depuis que ma vie a basculé dans l'univers des Chasseurs. Peut être que ceci a été ressenti par John. Je suis entrain de me demander si le risque est que je ne perdre pas un Ami. Un très bon Ami...

- Tu ne me dis pas tout Charlie, je le sais. Convaincu.

Sa voix est douce et chaleureuse. Son attitude aussi. Il est penché vers moi. Son regard noisette est rempli de supplice. Il a l'air triste et désemparé. Je ne l'avais jamais vu comme ça. John me déstabilise. Je ne veux pas lui faire de mal.

- Je...Je ne peux pas.

- Tu ne peux pas quoi ? Il devient plus impatient.

- Je ne peux rien dire. Je commence à paniquer.

Darkness In ParadiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant