L'arôme épandu de fleurs du couloir m'amena jusqu'à la porte entrouverte de la bibliothèque. Cette odeur sucrée me dirigea entre les livres et je la vis, cherchant un livre dans la catégorie Poésie.
Elle semblait plus belle que d'habitude. Ses boucles frisées d'or se serraient en un chignon volumineux au sommet de sa tête, son parfum à la rose chatouillait l'air et l'emplissait d'une douceur agréable, mais fugace, tandis que l'obscurité de la pièce la rendait lumineuse ; tellement lumineuse qu'il m'était impossible de détacher mes iris de sa carcasse dorée.
Sans même essayer de les défaire, je m'approchai d'une table puis m'assis face à elle. Mais plus je la fixais, plus je me rendais compte à quel point j'étais bête... Cette fille qui à l'époque me dérangeait. Cette fille qui était partout tout en n'étant nulle part. Cette fille que j'avais harcelée étant plus jeune.
Et pourtant les mots du pardon restaient bloqués dans ma gorge.
Tala, je suis désolé. Ma tête me le hurlait, ma tête me suppliait, ma tête me l'ordonnait. Mon corps lui répondait d'aller se faire voir. « J'étais un garçon ennuyé, seul et isolé » c'est ce qu'elle répétait d'une voix peinée. Elle était si belle, personne ne pouvait l'ignorer. Je ne pouvais pas l'ignorer, personne ne le pouvait. Quand elle entrait dans une pièce, le monde semblait tourner autour d'elle. Mon monde tournait autour d'elle, mon cœur tournait autour d'elle. Mais il était brisé.
Je l'aimais. J'étais fou amoureux d'elle. Elle était le centre de toutes pensées, néanmoins je n'arrivais pas à m'excuser. Ma conscience me donnait les ordres, mon cœur m'écrivait les mots. Et j'exécutais les ordres. Parce que la regarder dans les yeux en lui disant ces paroles me déchirerait.
C'était peut-être trop tôt... ?
J'étais la cause de son chagrin, la cause de ses maux. La cause de ses pleurs, la cause de son malheur. J'étais son pire cauchemar, celui qui l'avait jeté en enfer en fracassant ses ailes d'ange. À quoi ça sert de lui dire pardon alors que moi-même je n'arrive pas à me pardonner ?
Tala était rayonnante. C'était un soleil dont on espérait qu'il n'y aurait jamais d'éclipse. À force de trop l'observer, tout le monde deviendrait aveugle. Le risque était déjà pris, mais la reluquer davantage serait d'autant plus malsain.
Je posai son journal à sa place, puis courus vers la sortie sans me retourner. Moins elle me verrait, plus elle serait en paix.
Plus je serais en paix.
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TALA : IL N'AVAIT D'YEUX QUE POUR ELLE
Romance« La pluie continuait de tomber, mais cela ne m'avait pas empêché de rester sur le banc. Chaque goutte me battait de plein fouet comme si même l'univers me méprisait. L'univers, c'était Tala ; je sentais à chaque coup sa silhouette se mouvant entre...