Crisis - T1 : La quête des Héritiers [Terminé]

Chapitre 5 : L'énigme

Les percussions du tam-tam résonnaient mélodieusement dans la clairière. Leurs échos s'étendaient en d'autres lieux. Sous ce récital musical, Khé-Khé était figée d'admiration : la musique la transportait. Elle ressentait chaque vibration émise par l'objet, chaque mouvement des mains qui frappaient la peau tendue, à travers l'exécution rapide de l'Alpha. Elle ferma les yeux pour capter toute l'essence de ce poème musical, dédié à la beauté de cette clairière.

Lorsque les dernières notes s'envolèrent, Nakoyi retira ses mains du tam-tam, sans pour autant lever la tête. Khé-Khé resta sans voix, ses yeux embués de larmes.

— Magnifique, s'extasia-t-elle.

La jeune cheffe poussa un profond soupir contenu durant son interprétation. Elle se redressa enfin et pivota son masque en direction de son amie.

— Ça... Ça a marché ?

Khé-Khé s'apprêtait à répondre lorsqu'un bruit sourd retentit dans la clairière. Un bruit salvateur. Le regard des Warloïtes pointa instinctivement vers les tablettes. Face à elles, les deux fragments se séparèrent au fur et à mesure dans un son, semblable à l'ouverture d'un caveau. La séparation des pierres laissa apparaître une pièce sombre.

Les Héritières n'avaient pas bougé d'un pouce. Les secondes passèrent. Rien ne se produisit. Soudain, une volée de chauve-souris à deux paires d'ailes quitta l'obscur orifice, les faisant sursauter de surprise.

Khé-Khé, hébétée, fixa Nakoyi. Un sourire naïf aux lèvres, elle trancha le silence de ses mots.

— Vous l'avez fait...

Elle se précipita vers Nakoyi et l'étreignit. Celle-ci, encore étonnée de sa réussite, finit par se laisser envahir par un bonheur inouï. Elles avaient réussi, seules, à trouver la solution, sans l'aide des aînés.

— Vous l'avez fait !

— Nous l'avons fait !

Les fillettes sautèrent de joie face au fameux tribut de leurs durs labeurs. Leurs cris résonnèrent par-delà la clairière, comme si les bois d'Elia tenaient à répandre leur exploit. Une victoire dûment méritée après plusieurs mois de recherches éprouvantes.

— Vous étiez fantastique ! L'exécution était impeccable, on aurait dit un vrai maître du tam-tam. Et la mélodie... Oh ! Cette mélodie...

— Je n'aurais jamais réussi ça toute seule. Tu m'as été d'une aide précieuse... Merci !

Khé-Khé sourcilla de surprise. Bien qu'elle souhaite se rendre serviable, jamais elle n'avait songé entendre un remerciement de la part de l'Ezikwe.

Rien n'était plus inestimable pour un Héritier, ou un Tchiva, que de se sentir utile envers son chef.

Le terme, encore frais dans son esprit, la chamboula complètement.

— Oh, je... de rien.

Elles esquissèrent un dernier sourire, avant de reprendre leur sérieux. Le duo s'approcha ensuite avec précaution de la pièce cubique pour analyser son contenu. En son cœur était implantée une autre tablette de pierre, penchée vers l'arrière, portant également une gravure taillée dans la matière. Sans crier gare, une lueur chatoyante au ton azur anima le creux de chaque lettre afin de leur donner vie, et rendre leurs écrits lisibles. À ce stade, le pouvoir nyctalope de Khé-Khé n'était plus indispensable.

Sans un mot, les jeunes Allevardiennes se penchèrent en avant pour lire l'inscription :

⁜

" C'est un fumeur irréductible et lorsqu'il éternue la terre tremble. Danger ! Sa salive brûle et ses débordements sont une catastrophe naturelle. "