2.1 on ne viole pas une pute

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Je ne vous donnerais pas mon prénom, puisque tout le monde réduis ma simple existence à mon métier : prostitué. Pute si vous préférez. Quand on m'interpelle c'est "ehh toi ma petite pute", et la première question qu'on me pose c'est " c'est combien ?" ou alors " sans capote c'est possible ?". De mes 3 ans d'expérience, jamais un de mes client ne m'a demandé mon prénom. Jamais.

Tout ce qui leur importe c'est mon corps. Pas ce qu'il y a dedans, juste l'emballage. Qu'on utilise puis qu'on jette. Car je suis à usage unique. Un usage par personne. Mais je suis déjà souillée. Souillée par leurs regards. Parce que c'est moi la honte de la société. C'est moi, pas eux. Qui trompent leurs femmes parce qu'elles sont trop usées, pas assez serrées. Ou bien parce qu'ils sont seuls et qu'ils ont besoin de compagnie, de tendresse. Ou juste parce qu'ils ne trouvent pas de trous à pénétrer.

Personne ne se demande qu'est-ce qui pousse une femme à vendre son corps ? Qu'est-ce qui peut bien la pousser à faire ce qu'elle fait ? Parce que ce métier est sale, c'est immonde.

Abandonner son corps et sa dignité pour du fric.

C'est mon métier.

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