Incandescent

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Assise en tailleur dans mon fauteuil, le nez dans mon livre, je lève les yeux quand le plancher grince. Colin vient d'entrer dans le salon, je déglutis et me fais toute petite.

Le colocataire de mon frère ne porte qu'un jean noir et une paire d'écouteurs. Il ne semble pas m'avoir remarquée, ce qui me donne l'opportunité de l'observer à loisir.

Il paraît complètement absorbé par la musique qu'il écoute. Ses longs cheveux noirs ébène lustrés dansent et glissent tout doucement sur ses épaules et me donnent envie d'y plonger les mains tellement ils ont l'air doux, pendant qu'il mime les accords d'une guitare imaginaire. Je me surprends à penser à ses doigts longs et fins sur mon corps et je sens le bas de mon ventre se contracter.

C'est pas le moment!

Mes yeux continuent leur examen et se posent sur le bout de ses doigts et sur ses ongles qui sont plutôt longs, ce qui n'est pas étonnant puisqu'il doit aussi jouer de la guitare acoustique, donc sans pic. Est-ce qu'il les utilise seulement sur sa guitare?

Ben voyons!

Il porte son jean très bas sur ses hanches, j'en profite pour regarder ses obliques et la ligne de poils qui mène tout droit à l'extase. Je dévie ensuite sur son postérieur qui bouge au même rythme que doit être sa musique. Il émane de lui une sensualité presqu'animale, on dirait un fauve prêt à bondir sur sa proie.

Il louvoie à travers la pièce, ses traits totalement détendus tandis qu'il se mord doucement la lèvre. C'est un tout petit mouvement qui le rend encore plus sexy et qui ajoute à mon trouble. Il se déplace lentement vers moi sans me voir, toujours dans cet état second que la musique semble lui procurer. Grand et élancé, sa peau est diaphane et les muscles de ses abdominaux sont saillants. Sans m'en rendre compte, j'humecte mes lèvres tout en continuant mon inspection.

S'il fallait que mon frère me voit, je pense qu'il égorgerait Colin. Je suis sa petite sœur, alors dans sa tête, je suis pure et innocente. Il est très protecteur et ne sait absolument pas que je fantasme sur son coloc depuis le jour où il me l'a présenté quand je n'étais encore qu'une adolescente.

Mais arrête de penser à ton frère, tu as bien plus intéressant sous les yeux.

— Ça fait longtemps que t'es là? me demande soudain une voix chaude et suave qui me sort de ma rêverie.

Il a déplacé ses écouteurs sur ses épaules et je crois reconnaître les accords symphoniques de Dream Theater. Et moi qui croyais qu'il n'écoutait que de la musique qui gueule, bien fait pour mes préjugés.

Ses yeux d'un bleu céruléen sont posés sur moi et un mince sourire en coin étire ses lèvres pendant qu'il m'analyse. Il a clairement l'habitude des regards, ça se voit.

— Oui, j'étais ici avant toi, réponds-je en lui pointant mon livre.

Il s'approche davantage de moi, des notes de vanille et de noix s'échappent et viennent affoler mes sens. Il regarde le livre que je tiens entre mes mains. Son sourire s'étire et je sens une douce chaleur irradier de sa peau quand il pose ses mains de chaque côté de moi sur les accoudoirs du fauteuil.

Ses cheveux glissent de ses épaules pour venir me chatouiller le visage et créer un rideau qui nous cache du reste du monde et son collier en argent au bout duquel pend une croix se balance entre les os de ses clavicules. Mon cœur rate un battement et je cesse de respirer un moment. Sa proximité me rend folle. Je l'imagine fondre sur moi et prendre sauvagement possession de mes lèvres dans un baiser brutal et urgent.

La chaleur au creux de mes reins s'intensifie et je sens le rouge me monter aux joues, mais je suis bien trop fière pour me compter vaincue. Je soutiens donc vaillamment son regard pendant qu'il s'installe.

Je me mords l'intérieur de la joue et m'attarde sur les traits de son visage. Ses iris ont des teintes bleutées qui passent d'indigo à azur et lui donnent un aspect plutôt froid malgré son intensité. Son nez est droit et fin, ses lèvres en plus d'être pleines, sont un véritable appel à la luxure, j'aimerais d'ailleurs en découvrir le goût. Je suis certaine qu'elles sont un délicieux mélange de sucre et de sel. Une petite cicatrice traverse son sourcil droit et son menton est parsemé par sa barbe naissante.

— Lestat le vampire, vraiment? me dit-il une lueur amusée dans ses pupilles glacées.
— T'as un problème avec mon choix de lecture peut-être? Parce que je ne me souviens pas t'avoir demandé un avis.

Ma réponse le fait rire doucement, un rire franc et cristallin qui me fait fondre comme neige au soleil. Deux jolies fossettes se dessinent sur ses pommettes saillantes pendant qu'il continue de me fixer, une lueur incadescente au fond de ses prunelles.

— Nan, j'suis surpris, c'est tout. Tu fous quoi chez-moi? J'aurais pu descendre à poil, t'aurais réagi comment?

Je hausse les épaules et fais semblant de réfléchir pendant que mon regard se perd sur les muscles de ses épaules qui se contractent pendant qu'il se balance d'avant à arrière se rapprochant dangereusement de mon visage. Je passe de ses yeux à ses lèvres et essaie de lui répondre, mais mon cerveau a depuis longtemps quitté son poste.

Ressaisis-toi ma belle!

— Je sais pas, en même temps, tu ne laisses pas vraiment beaucoup de place à l'imagination, réponds-je en pointant son corps de bas en haut.

Il m'offre un sourire malicieux en passant lentement sa langue sur ses lèvres tentatrices.

— Ose me dire que t'aimes pas c'que tu vois.
— C'est pas c'que j'ai dit.
— Tu dis quoi alors? souffle-t-il en s'approchant de façon a frôler mon visage.

Je déglutis péniblement et ferme les yeux un instant pour tenter de reprendre mes esprits.

— T'as envie que j't'embrasse? susurre-t-il langoureusement à mon oreille. Que je goûte ta peau et que j'te fasse découvrir un monde de plaisir?

Je rouvre mes yeux et suis confrontée à son regard de fauve qui a perdu toute trace d'amusement. Celle-ci a été remplacée par une lueur lubrique et emplie de désir. Je me mords la lèvre en retenant mon souffle pendant que ma culotte prend feu.

Tout ce que tu veux!

Puis une voix que je reconnaîtrais entre mille brise le silence.

— Cole, j'ai oublié de te dire...

Merde! Non! Pas luiiii...

— J'ai vu ouais, lui répond l'intéressé sans me quitter des yeux, puis il se rapproche et me murmure, d'une voix rauque et voilée qui me laisse au comble de la frustration :

— Ce n'est que partie remise Chaton!

***

Entête : Maren Morris - The Bones

J'ai la chance de discuter avec MaverickHudson, de tout, de rien, de musique, de faceclaim et de Colin. Comme je suis une grande fan de sa façon d'écrire, de ses descriptions, ses ressentis et ses ambiances, elle m'a donné un petit exercice pour que je puisse travailler ma façon d'écrire (les deux premiers paragraphes sont d'elle). Voici ce que ça donne, j'espère que ça vous plaira.

IncandescentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant