Un souper presque parfait

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L'avion atterrit enfin à l'aéroport international de Newark-Liberty après ce qui m'a semblé une éternité et pourtant, le vol Boston-New York ne dure qu'un peu plus qu'une heure. Toute excitée à l'idée de passer la relâche chez mon grand frère, je me lève pour récupérer mon bagage à main avant de suivre la masse de voyageurs.

Du haut de mes 22 ans, j'ai du négocier serré avec mes parents pour avoir le droit d'aller chez Myles. Pour une raison obscure, ils semblaient penser que New York était une ville de perdition que la jeune fille de bonne famille que j'étais devait éviter à tout prix. Ajoutons à cela le sulfureux colocataire de 27 ans de mon frère, que je connais depuis l'adolescence et c'est bon, leur jolie petite fille deviendra de facto la plus grande débauchée connue des États-Unis. Bref, après plusieurs heures à avoir plaidé ma cause, avec l'aide de Myles, j'ai pu quitter le confort d'Harvard non sans promettre de leur donner des nouvelles et de leur envoyer des photos de façon régulière.

Je me meus dans la foule opaque qui se rend vers la sortie quand j'aperçois mon escogriffe de frère la tête plongée dans son cellulaire. Plutôt grand, il a fière allure avec ses cheveux châtain clair qui descendent un peu en dessous de sa mâchoire. Ses nombreuses années de nage compétitive lui ont donné de belles épaules larges et carrées et elles sont bien mises en valeur dans le polo marine qu'il porte. Il est beau et sa principale qualité est sans doute le fait qu'il ne le sait pas, contrairement à son colocataire. Je lui saute au cou en arrivant à sa hauteur. Myles me sourit comme un idiot, je pense qu'il s'apprête à lâcher le sac à niaiseries.

— Tu m'as manqué Lilliputienne! dit-il arborant un large sourire qui montre sa dentition parfaite.
— Mais de quoi tu parles? Avec des talons, je suis de la taille de papa, répliqué-je en lui donnant une pichenotte sur la joue.
— C'est vrai que t'es plutôt grande pour un Hobbit.
— Et toi t'es petit pour un Wookie.

Il me serre contre lui un long moment.

— Comment s'est passé ton vol Cameron?
— Très bien, mais j'avais hâte de te retrouver. J'arrive pas à croire qu'on a finalement réussi à convaincre les parents.
— M'en parle pas, j'ai dû leur promettre de les aviser au moindre écart de conduite.
— Merde!! J'ai l'âge légal pour boire depuis un an, mais ils me considèrent encore comme une enfant.

Il prend mon sac puis passe son bras autour de mes épaules en embrassant ma tempe.

— Je sais Cam, mais j'pense qu'ils n'ont pas confiance en Colin.

Colin...

Crush depuis mes 15 ans, Spencer est ténébreux, arrogant, sarcastique, terriblement sexy et surtout intouchable. Je pensais n'avoir jamais été autre chose que la petite sœur de Myles à ses yeux, mais la dernière fois que je l'ai croisé, son attitude était pour le moins déconcertante et si l'autre ne s'était pas pointé, je crois bien qu'il m'aurait embrassée.

— Hey oh! Tu m'écoutes? s'exclame mon frère en m'entraînant vers sa voiture. Je te mentionnais qu'il y aurait des amis pour le souper ce soir.
— C'est parfait, c'est chez toi après tout, souris-je avant d'entrer dans l'Acura Type S bleu métallique. Dis-moi, ça fonctionne bien avec les garçons ta voiture?
— Parce que tu te soucies de mes amours toi?
— Je m'informe, c'est tout, commenté-je en haussant les épaules.

La route de l'aéroport jusqu'au quartier West Village se fait plutôt bien. C'est vrai qu'à 13 h 15, il n'y a pas encore de bouchons de circulation.

Actuaire de formation, Myles roulait sa bosse dans le quartier des affaires depuis quelques années déjà. Grâce à cet emploi et à celui de Colin, ils ont pu se payer un appartement dans un des quartiers cossus de la ville.

IncandescentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant