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Il ne me faut que quelques secondes pour te trouver dans la foule d'étudiants qui sortent. Tu n'as pas beaucoup changé : tu portes une jupe en jean, comme à ton habitude, et tu as attaché tes cheveux en deux longues tresses qui descendent le long de ton dos. Tu as l'air heureuse, du moins, jusqu'à ce que tu me vois. C'est à ce moment-là que tu perds ton sourire, et je sens automatiquement que tu es inquiète.

-Qu'est-ce que tu fais ici, Presnel, tu dois partir.

-Charline, je...

-Tu ne peux pas être vu, ici, tu comprends ?

-Il faut qu'on parle.

-Les gens vont te reconnaître, Presnel, tu ne peux pas...

-Dans ma voiture. Les vitres sont teintées. S'il te plaît. C'est important.

Sur ces mots, j'enfonce un peu plus ma casquette sur ma tête et je commence à m'y diriger. Je sais que tu vas venir. Je sais que je peux te faire confiance malgré tout.

Même si tu es partie.

Quinze minutes plus tard, la porte du siège passager s'ouvre, et se referme immédiatement.

-Est-ce que c'est Lilly ?

Je sens que tu es inquiète dans ta voix, mais avant de pouvoir te répondre, j'ai besoin de quelques secondes pour m'habituer à la situation. C'est la première fois qu'on se revoit depuis plus d'un an. C'est la première fois qu'on se retrouve dans la même pièce depuis plus d'un an.

-Lilly va bien.

Tu hoches la tête, rassurée, et je hausse les épaules.

-Elle commence à bien marcher.

Un sourire apparaît sur ton visage, et je réalise à quel point tu me manques.

-Est-ce qu'elle parle ?

-Pas encore, secoué-je la tête. Mais elle mange.

Charline éclate de rire.

-C'est pas très surprenant. C'est dans ses gènes.

Elle se mord la lèvre.

-Qu'est-ce que tu fais ici, Presnel ? On ne doit plus se parler. On ne doit plus se voir. Je ne suis pas partie pour que tu viennes me chercher.

-Ta mère est venue chez moi. Et je l'ai croisé à la boulangerie. Elle veut qu'on discute, elle et moi. Je voudrais que tu lui demandes d'arrêter.

-Je ne peux pas lui parler de toi.

Je secoue la tête.

-Je ne peux pas lui parler de toi. Elle saura que tu es venu. Comment est-ce que tu m'as trouvé ?

-J'ai téléphoné à tous les internats de la région.

Charline me dévisage, comme si elle voulait vérifier que je disais vrai. Elle sourit.

-Tu as vraiment fait ça... Presnel, tu ne dois plus revenir, d'accord ? C'est terminé, tout ça. Ma mère me surveille trop. Autant à l'internat qu'à la maison. On ne peut plus avoir de contact.

-Viens avec moi.

-Elle va porter plainte pour détournement de mineure. Elle va se faire de l'argent sur ton dos, Presnel, parce qu'en plus d'héberger une gamine de seize ans sans l'accord de ses parents, vous avez une fille ensemble, une fille qui a plus d'un an, et ne crois pas qu'ils vont avoir du mal à calculer quelle âge j'avais quand je suis tombée enceinte. Tu veux pas de cette vie, Presnel, et c'est pour ça que je suis partie.

-Non. On peut trouver une solution.

-Au revoir, Presnel. Fais un bisou à Lilly de ma part, s'il te plaît. Je t'aime.

Partie » KIMPEMBE ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant