Chapitre 14

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Rémy venait d'expliquer à ses amis ce que leur avait dit le docteur. Debby pleurait. Il fallait dire que depuis le début de sa grossesse elle était devenue très émotive.

- Je suis tellement... commença-t-elle. Je n'ose pas imaginer tout le calvaire que tu dois traverser en ce moment.

- Ne t'en fais pas, Debby, je vais m'en sortir!

- Et nous serons là quoi qu'il arrive, promis!

- Je sais, et je vous en remercie.

- Mais est-ce vraiment prudent de risquer ta vie ainsi?

- Je ne vais pas changer d'avis à ce sujet, Debby.

- Très bien! Je respecte ta décision.

Lucas entra, une feuille d'ordonnance en mains.

- Le docteur a dit que tu allais rester ici cette nuit, et demain on pourra rentrer. Au long de ta grossesse il va te falloir manger sain et équilibré. Il te faut du calme et du repos, pas de stress. Pas de mouvements brusques, il faudra rester le plus souvent possible allongée. Tu ne pourras donc plus aller au travail. Il a prescrit des médicaments que tu devras prendre tout au long de la grossesse, et tu te feras suivre régulièrement. Aussi, quoi que tu dise, l'accouchement par voix basse est impossible. En gros ce sont les consignes. Je revient, je vais à la pharmacie.

- Ça tombe bien, j'avais l'intention de te demander de prendre tes congés dès maintenant, annonça Debby.

- Pour les repas tu pourras compter sur Lucas, fit Bruno.

- Et si tu venais vivre avec nous? proposa Debby. La maison est très grande, et papa t'adore!

- Non, je préfère rester au calme dans mon petit appartement.

- Mais c'est dangereux de rester seule dans ton état!

- Je ne suis pas agonisante, tu sais! Je dois juste me ménager énormément!

- Mais quand même!

- Et j'ai un téléphone! Si j'ai un soucis j'appelle!

- Et si...

- Tout ira bien! Je te l'assure!

Le lendemain, Rémy se posait doucement sur son canapé. Elle n'était qu'aux débuts mais elle se sentait déjà lourde. Lucas était parti déposer ses affaires dans la chambre. A son retour il se mit aux fourneaux.

- Tu ne vas pas travailler? s'étonna-t-elle.

- Non, j'ai décidé de fermer le garage pour aujourd'hui.

- Et Vlad, tu l'a laissé seul!?

- Non, il est chez Bruno depuis hier nuit. J'irai le récupérer après.

Il lui prépara une soupe de poisson remplie de légumes pendant qu'elle prenait une douche. Il mit le repas sur la table avec ses médicaments et rangea la cuisine.

- J'irai faire les courses tout à l'heure.

- Tu sais que tu n'as pas à me baby-sitter?

- Le médecin a été clair, tu dois te reposer. Tu ne pense pas que je vais te laisser cuisiner, ou autres chose du genre!

Elle ne répondit pas. Elle prit une cuillerée de soupe et savoura. Ses plats lui avaient manqué.

- Pourquoi voulais-tu me cacher que tu es enceinte? demanda-t-il.

- Qu'aurais-tu fait si je te l'avais dit plus tôt, dis moi? Selon moi rien. C'était donc inutile.

- Je ne suis pas du genre à fuir mes responsabilités! Je t'ai dit que je suis décidé à prendre soin de vous.

Elle ne répondit rien, et garda le regard fixé sur son repas.

- Il faudra qu'on s'organise, expliqua-t-il au bout d'un moment. Je n'ai pas envie que tu reste seule ne serait-ce qu'une seconde. Mais je ne peux pas me permettre de ne pas travailler. Alors on devrait peut-être te trouver une aide soignante à domicile!

- Ça c'est hors de question! Je ne suis pas infirme, je suis enceinte!je refuse qu'un ou une inconnue vienne rester dans ma maison à longueur de journée.

- J'aimerais être tranquille quand je travaille, me dire que vous êtes en sécurité. Les soirs je serai là mais les journées je travaille et...

- Pourquoi tu serais là les soirs? demanda-t-elle. Tu n'es pas mon mari, que je sache!

- Eh bien ça devrait changer. Nous allons avoir un enfant alors...

- Alors on devrait se marier? Non, je ne suis pas d'accord. Le mariage est pour les couples amoureux. Nous on couche ensemble, on est pas amoureux. Et tu peux très bien prendre tes responsabilités envers le bébé sans avoir à m'épouser.

Il reçut cette remarque comme une claque. Elle n'avait pas tort. Ils n'étaient pas amoureux. Pas elle, en tout cas. Il ne devait plus l'oublier.

- Très bien, fit-il. Mais il n'empêche que je serai ici tous les soirs, et tout le temps où je ne travaillerai pas, que ça te plaise ou non. C'est mon enfant aussi je le rappelle.

En parlant il s'était penché au dessus de la table, les poings serrés. Il respirait fort. Il se rendit compte qu'il lui avait crié dessus. Ce n'était portant pas son genre. Cette situation le stressait plus qu'il pensait, et sa remarque l'avait blessé. Elle se leva sans mot dire et se rendit dans la chambre.

Il s'en voulut aussitôt. Il n'avait pas à déverser sa frustration sur elle. Et le docteur avait recommandé le calme pour elle. Il la suivit dans l'intention de s'excuser. Elle était sur le lit, en train de manipuler son téléphone. Pleins de souvenirs lui revinrent en mémoire. Il s'était passé tellement de choses dans cette pièce, sur ce lit...

Il secoua la tête pour chasser les images qui lui venaient. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Il approcha et s'assit doucement sur le bord du lit, comme s'il craignait qu'elle s'enfuie.

- Je suis désolé, fit-il. Je n'aurais pas du crier. C'est juste que... Je flippe un peu, et je me suis laisser emporter. Mais je tiens vraiment à veiller sur toi. Sur vous. S'il te plait!

- Très bien, mais que fais-tu de Vlad? Tu ne peux pas le laisser seul, et il ne faudrait pas déranger Debby et Bruno trop longtemps.

- C'est vrai, je vais trouver un compromis. Je pourrai peut-être...

- Il pourrait venir rester ici! proposa Rémy. Il y a une chambre de libre. Et comme ça je ne serai pas seule en journée... Enfin... Il ne voudra sûrement pas, il doit être fâché que je ne sois plus passée le voir!

Elle sembla triste tout à coup. Elle se laissait toujours aller quand il s'agissait de Vlad. Il avait réussi à se faire aimer de Rémy alors que Lucas lui...

- Il n'est pas fâché, la rassura-t-il. Juste triste, mais pas fâché. Je suis sûr qu'il sera ravi de venir. Je pourrais même aller le chercher maintenant, si tu veux!

- Génial! Je vais préparer la chambre pour...

- Non, laisse je vais le faire. Repose toi.

- Je vais grossir bien vite si je ne fais que manger et me reposer, tu sais!

- De toute façon tu vas grossir, tu es enceinte, je te signal. Et si pour que tout se passe bien tu doit grossir, alors soit! Transforme toi en éléphant, même! fit-il avec humeur.

Ils rirent. La tension était tombée. Ils s'étaient ''réconciliés'' semblerait-il. Il eut envie de l'embrasser, mais se retint. Elle le prendrait sûrement mal.

Deux fois plus d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant