Kara montait une à une les marches de l'escalier. Que redoutait-elle encore ? De rentrer chez elle ? Son père qui voulait inspirer des sentiments qu'elle n'éprouvait pas, c'était un vice affreux et détestable... Mais vouloir plaider innocemment, c'était vraiment une manière d'aimer pour lui ?
Arrivée au palier de la porte d'entrée, ses mains occupées à tenir les sacs où se trouvaient des bouteilles d'alcool pour son géniteur, elle s'arrêta sur le paillasson. Et donc ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à ouvrir cette satanée porte ? Entendre à nouveau les appels à l'aide de sa génitrice de l'autre côté du mur lui flanquait une peur monstrueuse. Kara se s'avérait être coupable de cette situation. Pourquoi acceptait-elle d'aller chercher ses fichues bouteilles d'alcool ? Malgré qu'elle ait un tempérament de jeune femme qui ne se laissait pas faire, elle se sentait comme soumise face à ce monstre, et cela depuis des années...
Elle fut extirpée de ses pensées à l'entente d'un verre qui se brisa contre un mur. Kara, comprenant que la situation partait loin, elle prit son courage à deux mains et finit par ouvrir cette fameuse porte qui la séparait d'elle et de ses parents. Là où la vie avait cette ardeur, cette pièce était devenue parfaitement déplorable. Elle passa donc un pied, puis le deuxième et resta un court instant stoïque à l'entrée avant de claquer la porte pour faire signe qu'elle était rentrée. Et comme à son habitude, le père débarqua en furie dans le salon. Sans un bonsoir. Un père pourrait bien au moins demander comment allait sa fille après une journée de travail intense ? Mais rien. Mis à part qu'il n'avait plus qu'une hâte, c'était de se bourrer le crâne avec ses médicaments et son alcool.
- Allez bouffer.
Pesta-t-il aux femmes. Il tourna les talons, ses bras chargés de bouteilles et de sachets contenant des substances illicites que sa fille lui avait apporté. Il quitta le salon pour aller regagner la chambre parentale. La porte claquée, et la mère ne pouvait que s'écrouler sur le sol, soulagée qu'il ne soit plus dans la même pièce qu'elle. Encore. Elle pleurait dans son coude. Inspirer de la pitié à sa fille, c'était faire naître une souffrance qu'elle vivait au quotidien. Dans un coeur qui recevait toute cette méchanceté, chaque jour, elle voulait juste, d'une part que tout finisse par s'arrêter.
La défaite du cœur...
Kara était préparée à la retrouver ainsi. Le visage de sa mère était devenu fade et morose. Elle ne prenait plus soin d'elle et se laissait complètement aller. Et face à cette scène particulièrement déchirante à regarder, la fille ne pouvait qu'aller porter de l'aide à sa mère. Elle s'agenouilla devant elle et attrapa délicatement son bras pour tenter de la relever. Mais en vain. Elle tenta à nouveau, et après de multiples tentatives, elle finit par la convaincre d'arrêter de faire l'enfant. Et Kara compris très vite pourquoi elle ne voulait pas qu'elle lui tienne le bras.
- J-je... Je ne voulais pas...
Ses yeux se plissèrent à la vue des nombreuses tentatives de mutilations. C'était récent. Beaucoup trop récent. Et cela arrivait trop fréquemment. Contre toute attente, d'un léger coup de tension qui s'était emparé d'elle, Kara attrapa les deux poignets de sa génitrice, la relevant brusquement, mais efficacement du sol.
- Mais tu l'as voulu quand même.
Elle était habituée. Et le fait que sa mère avait fait plusieurs tentatives de mettre fin à ses jours ne l'étonnait plus. Kara devait faire quelque chose. Il le fallait. C'était comme son devoir de protéger celle qui comptait le plus à ses yeux. Et d'un geste furtif mais pourtant très civisme, elle attrapa un gilet qui était accroché sur le porte-manteau et se tourna vers sa mère. Un léger sourire aux lèvres prenait place sur son doux visage, comme pour la rassurer tant bien que mal, et elle déposa convenablement le bout de tissu sur ses épaules pour cacher ses cicatrices.
- Il avait promis qu'il ne recommencerait-...
-... Et moi je te promets que tout sera bientôt terminé.
... Toutes les deux marchaient dans ce silence qui s'appelait la détresse. Elles n'étaient plus heureuses car leurs mémoires n'avançaient plus. Elles étaient coupées du monde, faites de fragments disparates, à la fois vides et réelles. Kara sentait à ses côtés, la marche muette de sa mère qui semblait perdue et elle soupira sur la tristesse de ce monde enfui. Elle-même était déchirée de douleur, elle qui a laissé ses larmes se répandre à flot tièdes, lourds d'inquiétude, de tristesse et de rage mêlées.
- Mange. Moi je n'ai pas faim.
Kara quitta la salle à manger préférant aller se réfugier dans sa chambre à coucher. Elle veillait à ne faire aucun bruits, de peur que son père ne puisse à nouveau commettre un acte irréparable sous les effets des ses médicaments qu'il prenait. Dans tous les cas, elle pensait déjà qu'il avait fait le pire...
Après être entrée dans sa chambre, elle referma la porte à clé et balança son sac à dos sur le lit. C'était une jolie pièce colorée. Rien à voir avec la vie triste qu'elle menait. Les murs étaient blancs et violets et il y avait des posters de partout. Les rideaux qui étaient accrochés devant la fenêtre étaient d'un blanc à dentelle. À côté de son lit, il y avait des petites photos accrochées sur le mur. L'une d'entre elles attira particulièrement son attention. Elle se rapprocha de celle-ci, et tira sur l'épingle pour la tenir dans ses mains. Son père, sa mère, une magnifique petite Kara, et... Elle effleura du doigt la personne qui manquait à appel.
- ...
Kara tourna la photo pour cacher les visages heureux et finit par ouvrir le tiroir de la table de nuit pour la ranger sous quelques babioles importunes. Elle s'installa ensuite sur son lit et déplia la couverture blanche avant de s'allonger sur le matelas moelleux. Il faisait chaud... Tiens ? Étrange... Pourtant elle n'avait qu'une simple couverture sur elle ? Et comment arrivait-elle à entendre... Des crépitements ? Comme du feu ? Et... un hibou... ?
Sa seule excuse était la fatigue. Son travail de caissière dans une supérette ne l'aidait pas vraiment. Surtout qu'elle arrivait à faire des heures supplémentaires dans un taudis pareil... Les yeux désormais clos, elle commença à chantonner une douce berceuse pour faire passer le temps jusqu'à ce qu'elle s'endorme dans les bras de Morphée.
Elle était loin de se douter qu'à l'autre bout de la ville, un individu allait devenir quelqu'un de très important dans son futur... Le chemin du destin était déjà tout tracé.
miskn kara qui n'a pas la vie facile
j'espère que ce chapitre vous a plu, et que vous en avez plus appris sur la petite Kara hihihi
VOUS LISEZ
━━ 𝙎𝙀𝙉𝙎𝙀 + k.nj
FanficDeux individus sont connectés par une soudaine et violente vision. Désormais liés, ils se retrouvent capables du jour au lendemain de se voir, de se sentir, de s'entendre et de se parler comme s'ils étaient au même endroit, et ainsi accéder aux plus...