Chapitre 19

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   J'étais assise dans la Salle des Décisions de l'Ordre, entourée par mes parents. Ils étaient arrivés avec mon grand-père et les Conseillers Eymard et Marius. Apparemment le Conseiller de Guerre avait quelque chose d'important à nous dire. Comme si quoi que ce soit importait à ce moment. Klaus les avait fait appeler afin que je puisse leur raconter ce qu'il venait de se passer. Même si c'était la dernière chose dont j'avais envie. Tout ce que je voulais était de me retrouver seule, sans avoir à entendre tout le monde parler autour de moi. Sans avoir à interagir avec qui que ce soit. Je ne voulais pas être bombardée de questions. Je ne voulais pas assister à un autre débat sur qui pouvait être à l'origine de tout ce bazar. Je ne voulais pas réfléchir. Je ne voulais pas penser.

   Eirik était resté prostré au bord du vide jusqu'à ce que Drak remonte le corps brisé de Lazare et le dépose en délicatesse dans les bras du Chef de l'Ordre. Il avait éclaté en sanglots déchirants et s'était mis à bercer le corps du plus jeune membre. Jamais je n'avais vu - n'aurait imaginé voir - Eirik dans cet état. Il avait semblait absolument démolit, lui toujours si fort. Nous étions restés là à le regarder, le cœur brisé. Je ne m'étais pas retournée, de peur de devoir faire face aux visages anéantis des autres membres. Je refusais d'affronter leurs regards de désespoir et les larmes sur leurs joues. J'étais encore dans les bras de Wilhem. J'avais finis par le reconnaître à son odeur, un mélange d'épices et des gâteaux qu'il avait pour habitude de nous cuisiner. Une odeur familière et réconfortante en temps normal. Je n'avais rien ressenti de tout cela à se moment. C'était lui qui m'avais intercepté quand Lazare était tombé. Nous avions terminés à genoux sur le sol après que mes jambes se soient effondrées sous moi. Je pouvais vaguement sentir la douleur des cailloux et le froid de la pierre. Puis quelque part dans ma périphérie, Cléo s'était mise à s'avancer doucement, jusqu'à atteindre le Chef de l'Ordre et son précieux fardeau. Elle lui avait murmuré quelque chose à l'oreille et l'avait fait se relever. Eirik s'était dirigé vers le bâtiment, les jambes tremblantes et le reste des guerriers sur ses talons. Je ne savais pas où il avait déposé Lazare, Klaus m'ayant conduite directement dans la Salle des Décisions pour y attendre mes parents. J'étais donc là, un verre d'alcool fort à la main auquel je n'avais pas touché. Lorsque les quatre guerriers les plus hauts placé de l'Ordre furent arrivés je regardais ma mère dans les yeux en espérant qu'elle y lirait ma plainte. S'il-te-plaît ne m'oblige pas à en parler. Empêche les. Je ne veux pas y penser. S'il-te-plaît maman. Pas maintenant. Elle me regarda avec tristesse, des larmes dans les yeux. 

- Peut-être pourrions nous attendre, Mira est blessée et fatiguée. Elle à besoin de se reposer.

- Je sais que ces moments vous sont extrêmement pénibles, Votre Altesse mais il nous faut absolument savoir ce qu'il s'est passé et ce que le jeune guerrier vous à dit, intervint doucement le Conseiller Eymard. Nous devons savoir s'il à laissé échapper un indice sur l'identité de celui qui l'a poussé à de telles extrémités. Car si nous parvenons à découvrir de qui il s'agit nous aurons le pouvoir d'empêcher un autre drame.

   J'acquiesçais en reniflant. Il était évident que je ne voulais pas que quelque chose de ce genre se reproduise mais j'avais une boule dans la gorge à chaque fois que je repensais à ce qu'il venait de se passer. Je ne savais pas vraiment ce que je ressentais à ce moment précis. J'étais triste, plus triste que je ne l'avais jamais été mais je me sentais en même temps déconnectée. Comme si je n'étais pas vraiment présente. Comme si un mur empêchait toutes les émotions que je ressentais me submerger et me noyer. J'en étais reconnaissante. 

   Il fallut tout de même plusieurs instants de cajoleries à mes parents avant que je ne débute mon récit. Je pris une gorgée de liqueur qui me brûla la gorge et commençais à leur raconter ce qu'il s'était passé ce soir. Je parlais d'une voix morne, vide et refusais de croiser le regard de qui que ce soit. Je m'étais même écartée de ma mère parce que je savais que si elle me prodiguait du réconfort durant mon monologue j'allais m'effondrer et recommencer à pleurer. Quand j'eus terminé, après ce qui me parût être une éternité, je pris une inspiration douloureuse et relevais la tête. Des larmes coulaient sur les joues de Klaus et Cléo, et Tomohito avait le dos tourné à la pièce et regardait par la fenêtre. Eirik n'affichait qu'un visage stoïque mais sa cicatrice ressortait plus que d'habitude sur son visage pâle.

Phénix ( Terminée )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant