Chapitre 9 : Faire ses preuves

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Il fait froid, trop froid. Et il est trop tôt.

Pourquoi ai-je accepté de faire l'entrée du paddock aussi tôt ce matin ?

En ce vendredi qui marque le début de ce week-end concours aux écuries, je suis emmitouflée dans mon plus gros manteau, mais je suis gelée. Je suis censée faire ça les trois matins. Je vais finir par y perdre des doigts, malgré mes gants chauds.

Pourquoi reprendre les concours aussi tôt, et ne pas attendre que le soleil soit un peu plus présent ? Chez mes parents, la saison amateur ne reprenait pas avant mars ou avril, et on n'avait pas si froid.

"Bonjour, dossard n°4 des Cycle Libres 1ère année."

Je cherche son nom sur la liste.

"Anna ?

- C'est ça !

- Vous pouvez y aller !"

Je surligne son nom sur la liste et lui fais un grand sourire. A défaut d'être réchauffée, je peux au moins être aimable.

"Tu m'as l'air gelée !"

Je relève le tête, surprise. Pourquoi est-ce que Tom me fait face, avec deux tasses fumantes dans les mains ? Il m'en tend une, qui me réchauffe immédiatement les mains. C'est du chocolat chaud.

"Voilà pour Madame. Du vrai chocolat chaud, fait à la maison, ce qui fait que j'ai dû traverser le domaine au plus vite pour que ça ne refroidisse pas. Mais au moins, c'est meilleur que celui de la buvette. Et avec deux sucres, comme tu les aimes.

- Depuis quand es-tu si attentionné ?

- Peut-être que j'avais envie d'un vrai chocolat chaud et que je ne voulais pas culpabiliser de ne pas t'en emmener...

- Voilà qui semble plus te correspondre.

- ... Ou peut-être pas."

Je le regarde, étonnée. Je ne sais pas ce que je dois déduire de cette conversation.

"Tu me fais une petite place ?"

Je n'ai qu'un petit banc pour m'asseoir devant ma petite table, mais en se serrant nous tenons tous les deux. Il s'assied et se colle tout contre moi.

"Et en plus on va pouvoir se tenir chaud. N'est-ce pas parfait ?"

Il me lance un sourire complice.

Notre situation n'a cessé d'évoluer en quelques jours. Je le cherche sans arrêt du regard, malgré moi. Il me fait une confiance aveugle, et je mentirais si je disais que le contraire n'est pas vrai. Il me plaît, et je n'arrive plus à l'ignorer. Il est partout, tout le temps dans mes pensées.

Et je sais pertinemment qu'il pense la même chose de son côté. Sinon, il ne serait pas si proche de moi au quotidien. Si notre situation ne nous perturbait pas autant tous les deux, il mettrait des distances, à seule fin de rester professionnels.

"Pourquoi ton père a décidé de mettre les jeunes chevaux ce matin ? Il est beaucoup trop tôt.

- Parce que les terrains sont bien éclairés, qu'on a veillé à ce que ça ne gèle pas, et que comme nous l'avions prévu, il y aurait eu trop d'engagés dimanche si on y avait laissé les cycles libres, alors on a tout décalé d'un jour. Pas si idiot que ça hein ?

- Ça ne change rien au fait que je suis vraiment gelée."

Je n'ai pas le temps de réagir que je me sens soulevée du banc, pour me retrouver sur les genoux de Tom. Il passe ses deux bras autour de ma taille et me serre assez pour réellement me réchauffer.

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