Chapitre 9

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         L'aube avait pointé le bout de son nez depuis quelques minutes à peine et j'étais déjà dans la cuisine. Je préparais le petit déjeuner. Ou plutôt j'essayais. Mes pensées tournaient en rond. Pleine lune, plein lune, pleine lune... Que se passerait-il si Arthur se transformait ?

- Il faut qu'on parle.

          Les cheveux ébouriffés, les yeux cernés, il se trouvait dans l'encadrement de la porte. Quand il avait parlé, sa voix était empreinte de gravité et sombre. Très sombre . Qu'avait il ? Il avait terriblement mal dormi, ça, je le savais, mais il y avait autre chose.

         Je me retournai, m'appuyai au plan de travail et croisai les bras sur ma poitrine en me mordant la lèvre et regardant mes pieds.

- J'ai écouté ta conversation avec ton collègue l'autre jour.

- Tu as fait quoi ?!

J'étais abasourdi. Je n'en revenais pas. Outre, l'indignation que j'éprouvai face à son manque d'éducation, une légère panique me saisit. Il avait forcément entendu à propos du portrait.

- J'ai bien fait apparemment ! Cette histoire de portrait dans la poche du vampire qui a failli te mettre en pièce, ça me concerne que je sache ! Qu'est ce qu'il faisait là ?! Pourquoi moi, hein ?!

Il était en colère. Je pouvais le comprendre mais il devait rester en dehors de toutes ces histoires surnaturelles. D'autant que je ne savais rien de plus. Je ne pouvais pas le rassurer.

- J'en sais rien. Ça a peut-être à voir avec...

- Avec ?

- C'est sans importance.

Ce n'était pas passé loin. Un peu plus et j'en avais trop dit.

          Pendant un instant qui me sembla une éternité, Arthur me fixa sans rien dire. Les sourcils froncés, faisant ressortir les éclats dorés de ses yeux. Sa colère était palpable.

En lâchant un lourd soupir, il laissa lourdement tomber ses bras qui vinrent frapper ses cuisses.

- Très bien, dit-il.

Sur ce, il pivota, et l'espace d'une seconde, je crus qu'il allait mettre un terme à la conversation. Mais il changea ses plans. Il se tourna de nouveau et me pointant du doigt, relança la discussion.

- Non ! Tu sais quoi ? J'en ai marre que tu me caches des trucs ! Maintenant c'est terminé ! Dis-moi la vérité !

J'ouvris la bouche afin de formuler une quelconque excuse mais j'étais à court d'idées. Je m'appuyai un peu plus lourdement au plan de travail et y posai les mains pour me sentir le plus stable possible. Je sentais une catastrophe arriver.

J'aurais voulu me tromper.

- Laisse-moi t'aider ! Je suis un loup-garou, c'est ça ?

Deux choses me traversèrent l'esprit : « Merde ! » et« Comment ? ». Je ne répondis pas. Je le dévisageai, sidéré. Pourquoi fallait-il que la vérité lui soit dévoilée à un moment pareil ! Comment allais-je bien pouvoir me sortir de ce foutoir ?

Arthur me sortit de ma torpeur en hurlant.

- Réponds-moi !!

Le visage rouge écarlate, les yeux bordés de larmes et les joues inondées, il me fixait, essoufflé par la colère oppressante qui faisait battre le sang au niveau de ses tempes.

Cette fois,il n'y avait pas d'échappatoire.

- Tu es un loup-garou. Il n'y a rien de plus à savoir. Du moins tu es le fils d'un loup-garou.

          J'étais en nage et je tremblais. Prononcer ces mots était plus difficile que je ne l'aurais pensé. Je me passai une main sur le visage. J'avais l'impression d'étouffer. Sans me lâcher du regard, Arthur, se saisit de la chaise la plus proche qu'il tira vers lui et s'assit en se tenant le ventre, serrant les dents, il baissa la tête.

- Je sais que j'aurais dû te le dire, mais...

Je m'interrompis au milieu de ma phrase. Arthur ne m'écoutait plus, ils'agrippait les côtes en gémissant. Je me sentis blêmir. Je me précipitai dans sa direction et m'agenouillai devant lui, lui attrapant d'abord les cuisses, puis les joues.

- Arthur ?!

Je vis du sang couler de son nez et de ses oreilles. Il gémissait toujours et respirait beaucoup trop vite. Je regardai par la fenêtre il faisait bien jour ! Je ne rêvais pas ! Nous étions le matin et pourtant...


         D'un seul coup, il se leva de sa chaise, la faisant valser et me projetant au sol. Les bras tirés en arrière, il tomba à genoux, le visage tourné vers le plafond, en hurlant de douleur, et des craquements d'os qui se déchirent retentirent.


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Chasseur (Parution 01 septembre 2021)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant