4 : Un souffle d'espoir

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4.
Un souffle d'espoir




Troie,

Dix ans après le début de la guerre de Troie,




         L'aube se levait sur les berges troyennes. La mythique cité de Troie était encore silencieuse. Dans les campements ennemis, beaucoup était déjà debout et parfaitement éveillés. Les grecs avaient dressé leurs camps au Sud de la ville, suffisamment éloignés pour voir arriver les troyens en cas d'attaque et assez proche pour observer leurs moindres faits et gestes.

— Enylém ! tonna un homme d'une soixantaine d'années devant l'une des tente. Tu es encore dedans ? Par Arès, on va à la guerre, pas à un mariage !

Un son étouffé lui répondit. Le vétéran fronça ses épais sourcils corbeaux et grommela dans sa barbe quelque chose d'inaudible, avant d'attraper une besace de cuir et de tourner les talons. Deux jeunes soldats le regardèrent s'éloigner, un sourire amusé étirait leurs lèvres.

— Hé, Enylém ! lança l'un d'eux en écartant les pans de la tente. Tu vas finir par rendre le vieux Byrón complètement chèvre...

Dans le modeste abri, le concerné âgé d'une vingtaine d'année finissait d'enfiler une tunique beige. Ses cheveux caramel coupés à la garçonne bouclaient sur le sommet de son crâne et entouraient un visage fin. Il avait le rouge aux joues et une allure débraillée, signe qu'il s'était empressé de faire sa toilette. Ses pupilles ambrés se posèrent sur les deux soldats.

— Tu souffres encore de ta blessure ? demanda soudain l'un d'eux en remarquant les bandages au niveau du thorax sous la tunique à moitié enfilée.

— Non, non... Euh... Je veux dire, oui. Oui, j'ai encore un peu mal, mais ça devrait vite passer, balbutia l'autre, prit de court.

Les deux hommes parurent satisfaits de la réponse. Ils s'écartèrent pour laisser leur camarade sortir de la tente. À côté des deux soldats, le troisième paraissait incroyablement menu. Il était trois têtes plus petit qu'eux et sa carrure n'était clairement pas à la hauteur de celle des combattants grecs.

— Tu sais, Byrón n'a pas tort, commença l'un des soldat en attrapant son équipement. Tu te mets toujours en retard à faire ta toilette après tout le monde. Depuis toutes ces années, on a bien compris que tu étais très pudique, mais on est entre hommes.

— Oui, il n'y a vraiment pas de quoi être gêné ou avoir honte, l'appuya l'autre en s'armant à son tour.

Le dénommé Enylém se contenta d'opiner brièvement de la tête, jugeant que c'était la réponse la plus appropriée.

— Vous ne devriez pas déjà être sur le terrain, vous deux ? réalisa-t-il soudain.

Les deux soldats échangèrent un regard. Enylém fronça les sourcils. Il avait l'impression que l'ambiance s'était soudain muée en quelque chose qu'il n'arrivait pas à expliquer. Élenos donna un coup de coude à Eugénios pour qu'il parle en premier.

— On a entendu des rumeurs, avoua le deuxième à voix-basse. Selon les dires, un homme aurait eu une idée révolutionnaire.

— Une idée qui pourrait nous permettre d'enfin abattre Troie, ajouta l'autre, les yeux brillants. Et de mettre fin à la guerre.

Les yeux d'Enylém s'écarquillèrent sous l'effet de la surprise. Une douce chaleur qu'il interpréta comme de l'espoir se répandit autour son estomac, mais il préféra l'ignorer. Trop de fois il avait espéré en vain que la guerre s'achève enfin.

L'enfant du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant