2 : Une brise de feu

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2.
Une brise de feu

Athènes,

Deux ans avant la guerre de Troie,




         Le soleil se levait à peine sur la cité athénienne que déjà les claquements des chaussures sur le sol résonnaient dans les couloirs du palais. Très tôt le matin jusqu'au milieu de la nuit, des servantes et des gardes s'agitaient dans l'immense bâtisse de marbre qui se mouvait alors en une gigantesque fourmilière.

Le palais royal d'Athènes était un énorme organe de vie dont les couloirs et chaque pièce baignaient dans la vive lumière du soleil qu'Hélios daignait déverser à travers les nombreuses ouvertures. Au centre du bâtiment construit en forme rectangulaire, il y avait une grande cour de sable doré. Les soldats y avaient pour coutume de s'entraîner une journée entière dans la semaine, en plus de leurs obligations de sentinelles. C'était également là que les futurs protecteurs de la cité apprenaient les rudiments de la guerre.

— Fléchis tes genoux, Kleon !

Le conseil claqua dans l'air comme un fouet, mais le dénommé Kleon n'eut pas le temps de l'appliquer. Il roula dans la poussière. Il se releva difficilement, les membres douloureux, les yeux pleins de sable et un goût amer de défaite dans la bouche. Une vague de ricanement survint du petit groupe de jeunes hommes. Ils furent rapidement accompagnés d'applaudissements pour le vainqueur qui regardait crâneusement son camarade.

— Kaelius, c'est toi qui va défier Dimókritos maintenant, nomma le capitaine des gardes qui s'occupait également de l'entraînement des recrues souhaitant le devenir.

Un grand garçon brun dont le physique était plus proche de celui d'un homme adulte que d'un adolescent s'avança, main sur l'épée, pour se placer face au gagnant du précédent duel. Kleon ravala sa déception et s'écarta de la piste à contrecœur. Il s'en alla asperger son visage tuméfié d'eau fraîche.

— Tu t'es pris une sacrée raclée.

Perchée sur un ballotin de foin dans un coin de la cour, une enfant d'une dizaine d'année avait assisté à toute la scène. Elle balançait doucement ses jambes dans le vide pendant que le vent s'engouffrait dans ses épaisses boucles caramel. Ses yeux pétillèrent de malice quand elle les posa sur le jeune homme.

— Princesse Mélyne, salua respectueusement Kleon en jetant un regard en arrière, vers ses camarades de promotion.

— Personne ne nous entend d'ici, l'apostropha-t-elle en réponse à sa salutation. Appelle-moi Mélyne. Juste Mélyne, ça suffira.

— Impossible, rétorqua aussitôt le garde. Vous êtes de la famille royale et j'ai l'obligation d'utiliser votre titre honorifique.

La jeune fille lui fit les gros yeux, mais Kleon sembla ne pas le remarquer, trop occupé à se passer de l'eau sur le visage. Elle ravala une remarque sarcastique, déçue de voir que son ami refusait encore et toujours de se montrer moins familier avec elle. Elle avait l'impression que son titre de princesse l'a définissait tout entière et qu'elle ne pourrait jamais être « juste » Mélyne aux yeux de qui que ce soit.

— Que faites-vous ici ? l'interrogea le futur garde. Vous n'avez pas d'autres obligations ailleurs ?

— Je regarde, répondit simplement la jeune princesse. Vos entraînement son très instructifs. Le capitaine Syriacus est un bon professeur.

L'enfant du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant