Petit ami et Compagnie - Partie 2 (Terminée)

Chapitre 6

Allongée sur le côté, la tête posée sur mon coussin, je regarde le visage paisible de Jales qui dort. Ses cils frôlent sa peau claire. J'écoute le souffle léger qui s'échappe de ses ravissantes lèvres puis je tente de masquer mon soupir.

En faisant attention à ne pas le réveiller, je frôle ses cheveux et ma gorge se serre aussitôt. Le désir fou que j'ai ressenti précédemment remonte en force et je déglutis. Alors tout en me bataillant avec moi-même, je me tourne sur le dos pour fixer mon plafond et mes doigts viennent soucieusement gratter mon front.

Le calme qui nous entoure est oppressant. Il ouvre la porte aux souvenirs et me donne mal à la tête.

Je revois son regard désolé lorsqu'il m'a dit qu'il ne pouvait pas tout compte fait. Je ressens à nouveau la honte, la frustration et la déception qui m'ont envahie quand, après avoir cligné des yeux telle une idiote, j'ai saisi le sens de sa phrase. Je sens les muscles de mon visage se figer douloureusement et mon corps se prendre une sacrée douche froide.

Pour le coup, moi qui m'étais demandé si cela voulait dire qu'il avait réussi à lever son blocage, je l'ai eu ma réponse ! Et son annonce inattendue et brutale m'a vraiment prise de court.

Bien évidemment, je ne peux pas lui en vouloir. Je n'ai pas perdu mon mari d'une tumeur cérébrale. Je n'ai pas passé six ans sans relation amoureuse.

Jales n'était tout simplement pas prêt. Nous avions vu trop grand et étions trop pressés.

— À quoi penses-tu ?

La voix de Jales me fait sursauter et je tourne aussitôt la tête vers lui. Ce dernier me regarde attentivement. Je me doute qu'il sait déjà à quoi je pense. C'est plutôt évident. Pourtant j'hésite à aborder le sujet car c'est assez délicat.

La fille peu courageuse que je suis se gratte le dessus de la main. Je tire sur le tee-shirt que j'ai enfilé, quelques minutes après le moment super gênant que nous avons vécu. C'est lui qui me l'a passé d'ailleurs, lorsqu'il s'est rendu compte que je cherchais désespéramment à cacher mes seins nus et que je tournais en rond sans savoir où aller.

— Qu'est-ce que ton cerveau de créatrice de catastrophes projette de faire encore ? demande-t-il en s'accoudant pour mieux me regarder.

Je suis surprise par sa réaction. Il agit quasiment comme si rien n'était.

S'il a cette capacité, moi je ne l'ai pas en tout cas. Gênée, je me mords les lèvres. Comprenant certainement que je m'engouffre peu à peu dans un sombre tourbillon de souvenirs, Jales m'attire à lui et surprise, je lâche un petit cri en me retrouvant dans ses bras.

— Qu'est-ce qu'il y a Belle ? souffle-t-il en voyant que quelque chose me tracasse.

Je fixe mes doigts qui frôlent sa peau. Hésitants, ils n'osent pas franchir la barrière. Je ravale ma salive et affronte son regard inquiet. Sa main se pose sur ma joue. Ses yeux glissent sur mes lèvres et je suis aussitôt au bord de la crise cardiaque.

Je suis toujours surprise quand je songe à l'effet dévastateur que me fait Jales. Qui aurait qu'en cherchant mon faux Alexander, je rencontrerai celui qui ferait battre mon cœur ?

Peu importe les actions du cardiologue, qu'elles soient positives ou négatives, elles m'atteignent toujours au plus profond de moi. Elles me changent et il m'est parfois difficile de me reconnaître moi-même.

—Je... je vais rentrer, finis-je par lâcher en me défaisant de son étreinte.

Je ne suis pas le genre de femme qui a besoin de tout contrôler pour se sentir bien dans ses basques mais me sentir si vulnérable n'est pas agréable. Être tiraillée entre une envie quasiment incontrôlable de l'embrasser et une crainte que ce geste le fasse fuir est difficile à supporter.