Affliction d'une vie passée (oui j'utilise des mots compliqués dans mes titres)

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Il tendit la main vers moi, afin de m'aider à me relever. Méfiante, je ne la pris pas et me leva seule, mettant une distance entre nous. Il lut cette crainte dans mon regard fuyant et perdit son sourire un instant.

-Veuillez m'excusez, je passais juste par ici et... Je vous ai aperçu en train de...

Il marqua une pause, réfléchissant à ces mots.

- Enfin, je voulais savoir si tout allait bien.

Je le regardais, détaillant son être. De taille moyenne, son visage pâle contrastait avec ses cheveux couleur corbeau coiffés au dessus de sa tête, dégageant son front et faisant ressortir ses yeux bleus. Il était habillé d'un costume qui semblait assez coûteux. Je me sentie gênée à côté de lui, avec mon jeans couvert de terre, et mon sweat à capuche trempé...

-Je... Ça va, merci. Dis-je sèchement, essuyant mes joues mouillées.

La pluie se mit à redoubler d'intensité. J'étais trempée, et complétement frigorifiée. Quelle imbécile je faisais ! Sortir à une heure si tardive, les mains dans les poches...

- Je vais y aller.

Je sortis de la protection qu'offrait le parapluie, les gouttes d'eau battant mes vêtements. La pluie était devenu si violente et si forte qu'il était difficile de voir devant soi, couvrant les sons aux alentours. Pourtant, j'entendis l'homme marcher derrière moi, me demandant d'attendre. Plongeant mes mains dans mes poches, dont les doigts avaient pris une couleur violacé à cause de la fraicheur que l'humidité avait apporté, j'accélérais le pas, disparaissant complétement du champ de vision de l'homme. Je me mis à marcher énergiquement pendant un moment, jusqu'à être sûre de ne plus être suivie. La pluie se calma, laissant un brouillard s'installer dans les rues sombres de Gotham.

Je fis une pause, m'appuyant contre un mur. Je réfléchis un instant. Que me voulait ce gars ? Il devait être à peine 2 heures de matin, à cette heure-ci, seul les délinquants, les fêtards et les alcooliques sont dehors. Pourtant, il ne semblais être aucun des trois. Il paraissait même assez inoffensif... Enfin, sur quoi je me basais pour tirer de telles conclusions? Je secouais la tête et me remémorais les mots d'Andrew : " Ne croit personne, à Gotham, les gens cachent tous ce qu'ils sont réellement". Je soupirais et me remis en marche, serrant mes bras autours de moi.

J'avais froid, j'étais trempée, et des larmes menaçaient de rouler sur mes joues. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que je n'avais pas ressenti un sentiment de calme, de m'être endormie de façon sereine. Quelque chose s'était brisé. Je ne sais pas exactement quand cela a commencé. Peut être ce vide avait-il été toujours présent, mais je m'efforçais de le combler. Aujourd'hui, j'étais incapable de combler ce gouffre qui s'était creusé en moi. J'avais commencé à prendre conscience de celui-ci le jour où j'ai réalisé que je ne connaissais plus Andrew. Du moins, je ne le reconnaissais plus.

Quelque chose avait changé en lui. Le garçon que j'avais connu s'était effacé, laissant place à un homme imbu de lui-même, prétentieux, bercé d'illusions dérisoires. Quand j'ai vu cela, j'avais l'impression d'avoir perdu une partie de moi-même. Comme si le Andrew avec lequel j'avais grandi, ris, pleuré, était mort. J'étais certaine de connaître Andrew mieux que quiconque. Je me trompais. Je ne sais plus quand est-ce que j'ai ouvert les yeux. Lorsqu'il était au lycée je crois. C'est comme s'il avait grandi d'un coup, balayant toute fantaisie et toute trace d'insouciance infantile qui le caractérisaient si bien.

J'avais perdu un frère.

J'étranglais un sanglot. Cette conclusion tournait en boucle dans ma tête.

Le bonheur ne se mesure pas qu'aux sourires complices échangés.

J'avais lu cela dans un livre, sans vraiment en comprendre le sens. Aujourd'hui, j'aurai pu en écrire une dissertation. Et mon oncle et ma tante me diriez-vous ? Je vous dirais qu'ils ont fait comme la majorité des gens : ils ont essayé de faire de leur mieux. Ils ont subi nos sautes d'humeur, nos caprices, et mes questions incessantes sur mes parents, car Andrew ne me donnait jamais de réponses. Plus jeune, je lui en avait voulu de les mieux avoir connus que moi et de refuser de m'en parler. J'avais compris au fil des années que cela l'avait juste dévasté.

Après avoir marché une bonne vingtaine de minutes, je m'arrêtais devant un petit escalier menant à mon appartement. Ôtant la capuche de mon sweat, qui n'avait pas empêcher mes cheveux d'être trempés, j'ouvris puis passais la lourde porte de mon chez-moi.

Oswald Cobblepot x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant