• Chapitre 13 •

30 1 0
                                    

Après des heures de sanglots, Even s'endort.
Le lendemain, il se lève, se prépare pour aller au lycée, ingurgite son petit déjeuner, et sort dehors attendre son bus. Quand ce dernier arrive, il avance un pied, puis l'autre, repense à ce qu'il s'est passé la veille, prend peur, hésite.. soudain, une main le pousse, le forçant à entrer. Il se retourne, et découvre Marius.
- Mais.. bégaie Even.
- Entre ! Tu ne vas pas faire attendre tout le monde ! En plus.. Andreas doit t'attendre !
- je.. je peux venir à côté de toi ?
- Bien sûr Even.. que se passe-t-il ? Tu peux tout me dire !! Tu as l'air effrayé.. s'inquiète Marius.
- rien.. enfin.. rien d'alarmant.. ne t'en fais pas...
- bon vous montez ou je démarre ? Coupe le chauffeur.
les deux amis montent et s'installent à leur siège.
- pourquoi ne vas-tu pas t'assoir à côté d'Andreas ? Demande Marius.
- On.. nous avons eu un petit différent lui et moi.. je..
- tu ??
- non rien...
- Mais.. tu veux dire quoi par « petit différent » ?
- et bien... il s'est passé quelque chose, que seul lui et moi devons savoir.. c vraiment honteux.. et.. dit Even submergé par les émotions.
Une perle d'eau salée se forme au coin de son œil.
- Even.. que se passe-t-il ? Est-ce que ce salaud t'a fais du mal ??
Even hoche la tête de haut en bas ne sachant quoi dire.
- qu'est-ce qu'il t'a fait ???
- il.. il a essayé de me pénétrer..
- Quoi ???? Rien d'alarmant tu dis ?? Mais je vais me le faire !!!
- NON ! Calme toi.. ça ne sert à rien de s'énerver.. ça se saura sinon.. et je ne veux pas..
- Mais.. tu dois porter plainte ! C'est un rapport non consenti ! C'est du viol !
- je.. j'ai honte.. je veux juste oublier.. et surtout que ça ne recommence pas..
- mmh.. je comprend.. mais tu devrais porter plainte.. et tu n'as pas à avoir honte.. c'est à lui d'être honteux !
- je préfère en rester là.. n'en parle à personne s'il te plaît..
- t'en fais pas..
Le bus vient d'arriver devant le lycée, et la cloche de sonner. Les élèves se dirigent vers leur salle de cours. En se rendant dans la leur, Even et Marius croisent un groupe de garçon, dans lequel se trouvent Montgomery, et Andreas.
- tiens tiens ! Notre petit couple de pédales est enfin de retour ! S'amuse Montgomery.
- tu devrais faire attention à tes arrières, elles sont partout, ces pédales ! Je suis sûr que dans tes amis, il y en a au moins trois ! Et peut être même un violeur ! Se défend Marius.
- comment ça ? Un violeur !! Mes amis sont respectables, et propres, ce ne sont pas des tafioles ! Ils ne pratiquent pas du sexe contre nature, ni l'amour censure !!
- de une nous n'aimons pas les garçons, c'est un fait ! Et être homosexuel ne devrait pas être une honte ! C'est pas de l'amour censure ! C'est de l'amour sincère ! Ah mais oui.. c'est ça.. l'amour t'a tellement foutu au fond du trou, que tu jalouses tous ceux qui le vivent avec bonheur et passion ? Tu devrais plutôt surveiller ton cul et tes potes ! Plutôt que d'incriminer les gens honnêtes tout ça parce qu'ils s'aiment et qu'ils sont du même sexe ! Parce que certains de tes amis, eux, ont des relations sexuelles contre natures : ils violent !! Allez dégage sac à merde ! Tu ne mérites même pas que je parle avec toi ! Dit Maris en approchant son visage plein de haine près de celui de Montgomery.
Marius et Even entrent dans la salle, en contournant le troupeau d'imbéciles, tandis qu' Even et Andreas se croisent du regard, — le regard d'Even est plein de peur, alors que celui d'Andreas plein de fierté : il s'enivre de la peur d'Even —. Ils s'installent, sortent leurs affaires, et prennent part au cours.
- c'était beau ce que tu as dis Marius.. je suis fier de t'avoir comme ami.. dit Even.
- il n'y a rien de beau.. juste la vérité..
- je n'aurais jamais imaginé que tu puisses sortir de telles paroles !
- et bien.. je dois avouer que subir des insultes homophobes durant quatre mois m'a bien aidé..
- tu en as subi aussi ?
- Bien sûr... je m'y suis habitué.. mais j'ai surtout pensé à toi.. ce n'est pas méchant mais.. tu es faible d'esprit.. et je te connais par coeur.. les insultes te détruisent de l'intérieur..
- je ne suis pas le seul que ça détruit de l'intérieur..
- que veux-tu dire ?
- et bien.. sur Terre, il doit y avoir des millions, voir des milliards de personnes qui subissent ce genre de choses.. que ce soit des insultes homophobes, sexuelles, ou même morales ou sur le physique.. ça n'est pas permis de subir ça.. alors certes, je ne suis qu'une seule personne permis tous ces gens, mais je ne suis pas la plus importante.. et toi seul, je ne peux rien changer tu sais... il y a des personnes qui en subissent bien plus.. et qui le vivent beaucoup moins bien.. elles sont plus « faibles d'esprit » que moi.. comme tu dis..
- tout le monde est important.. ne dis pas ça..
- j'ai perdu toute valeur hier..
- je te défend de dire ça ! Tu ne perds pas en valeur parce qu'il t'arrive quelque chose comme ça.. une horreur pareille.. tu en gagne justement ! Parce que ça fait de toi une personne forte ! Tu arrives à vivre avec ça ! Là où d'autres n'y arrivent pas car ils ont des problèmes sentimentaux.. mais qu'est-ce que les problèmes sentimentaux ? Ce n'est rien finalement.. des gens vivent bien plus compliquée comme situation et ils s'en sortent.. alors ceux qui se plaignent parce qu'avec leur mec ou leur copine ça ne va pas m'horripilent...
- ne dis pas ça.. tout le monde ne vis pas les choses de la même manière.. on ne peut pas comprendre.. chacun vis les choses à sa façon.. et tu ne peux pas juger.. certains êtres arrivent à se reconstruire après une rupture, et d'autres n'y arrivent pas.. ils restent détruits à jamais.. un seul être vous manque et tout est dépeuplé... si le trou béant que laisse un être en sortant d'une vie n'est jamais comblé, alors cette vie n'est jamais joyeuse... elle reste une longue suite d'intempéries et et de tristesses : tout reste dépeuplé..
- oui... tu as certainement raison.. je ne sais pas ce que ça fait.. je n'arrive pas à tomber amoureux..
- ne t'en fais pas.. un jour tu tomberas malade.. tu attraperas cette pathologie qu'on appelle l'amour ! J'en suis certain !
- ça me manque de ne plus te parler, nos soirées, nos délires.. tout ça me manque..
- et bien.. on devrait y remédier.. viens dormir chez moi ce soir !
- et pourquoi pas ! Je suis partant ! J'apporte des bières, et de quoi manger !
- je me chargerai du film ! Tu as encore des affaires à toi chez moi d'ailleurs.. un pyjama, une couverture et un oreiller.. ma mère les a lavées il y a peu.. je ne savais pas si je devais te les rendre, ou les garder au cas où tout finirai par s'arranger.. dans le doute..
-tu as bien fait ! Tout s'arrange regarde !
- ta famille et toi venez toujours fêter noël à la maison cette année ?
- Bien sûr !
La journée passe, les deux garçons arrivent chez Even.
- Marius ? S'étonne Jane. Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vu à la maison.. vous vous êtes réconciliés ? C'est bon à voir.. si tu savais dans quel état était le pauvre Even..
- je suis là maman...
- oups.. désolée je suis dans la buanderie ! Les affaires de Marius sont dans le placard de ta chambre, troisième étagère à droite !
- merci !
-amusez vous bien les garçons ! Dit Jane en s'en allant.
Les deux amis montent à l'étage, Even prend les affaires de son ami qui se trouvent là où Jane l'avait dit. Ils déplient le lit — qui se trouve sous celui d'Even — afin d'en obtenir deux. Pendant que son ami déballe la marchandise — boisson et nourriture — Even prépare le lit. Il pose les draps, tasse l'oreiller, puis prend bien soin d'enlever les plis pour que son amis puisse dormir le mieux possible. Une fois le lit fait, il se retourne vers Marius et s'extase face à la nourriture qu'il y a à profusion.
- wahhhh.. c'est beaucoup..
- j'ai voulu faire les choses en grand ! Rien n'est trop beau pour mon meilleur ami ! Et puis.. je me dois de te remonter le moral.. ces derniers jours n'ont pas été faciles ! Nous avons tous les deux un paquets de chaque ! J'ai ramené des chips au barbecue, des chips au poulet rôti : tes préférés, des malteser, des m&m's, plein de Kinder, et aussi de quoi boire : de la bière, du jus de fruit, et de l'eau..
- tu as vraiment pris la totale !
- j'avais peur qu'il n'y en ai pas assez..
- et bien là.. on en a au moins pour trois semaines !
- c'est génial ! Au moins si nos parents font encore des blagues de beauf à noël et à nouvel an, on aura de quoi pour finir le réveillon dans ta chambre !
- c'est bizarre ça Marius.. j'ai cru entendre Andreas..
- je suis désolé.. je.. Oh ! Ne prononce pas son nom ! Il est maudit !
- tu t'enfonces !
-non non non ! Je suis vraiment désolé.. allez assis toi.. on va regarder un film ! Ça te changera les idées ! Je te laisse choisir !
- j'ai envie de me faire un film d'horreur ! Pourquoi pas.. Conjuring ?
- aller ! Mais.. il ne fait pas peur..
- c'est ce qu'on va voir ! S'amuse Even.
Le film commence, les deux amis, captivés par le film oublient leurs soucis, ils viennent de retrouver leur complicité d'avant.
Tout à coup, un personnage bizarre — un personnage typique d'un film d'horreur — apparaît sur l'écran, ce qui fait automatiquement bondir Even, qui sans s'en rendre compte finit dans les bras de Marius.
- je.. je suis désolé.. je ne sais pas ce qu'il m'a pris..
- pourquoi tu gâches ce moment ? J'aime t'avoir dans mes bras.. si tu t'y sens bien, tu peux y rester..
- j'y reste alors..
Even se blotti donc contre son ami, et oublies de plus en plus ses peines. 

L'appel de l'océan Où les histoires vivent. Découvrez maintenant