L'appel de l'océan

• Chapitre 18 •

- reste avec moi Romain !! Je t'en supplie !!! Reste !! Conjure Even.
Des lumières bleues et rouges éclairent les façades des vieux bâtiments d'architecture Romanesque ; l'ambulance arrive, sous les yeux accablés d'Even.
- que s'est-il passé ?
- il s'est fait violer !! Mon ami s'est fait violer !
L'ambulancier s'approche de Romain, teste ses réflexes, son poux, sa respiration, mais aucun signe de vie de la part de Romain. Il teste ensuite la réponse oculaire de la victime, mais aucune oscillation des pupilles.
- Nous avons une commotion cérébrale, Messieurs, embarquez le. On l'emmène au Grey Sloan.
- qu'allez-vous lui faire ?
- des examens complet, et essayer de lui sauver la vie. De ce que je vois, il est dans le coma.. il va falloir le brancher le plus vite possible sur respirateur, pour préserver ses fonctions vitales..
- je viens avec vous...
- allez montez !
Les ambulanciers embarquent le malade ainsi qu'Even, et partent pour le Grey Sloan. Une fois arrivés, Romain est pris en charge par le neurochirurgien de garde, et Even par le psychiatre afin de déceler certains troubles psychiques dus à la violence de la scène. Quelques heures plus tard, vers 04h00 du matin, les résultats des examens et de l'investigation policière tombent.
- Alors Docteur ? Demande Even.
- Votre ami a bien été victime d'un viol. D'après les examens, il y avait deux hommes. De ce viol, en résulte une commotion cérébrale ainsi qu'un œdème cérébral extradural, nous avons réussi à enlever cet œdème, mais il reste dans le coma. Seul le temps nous dira s'il s'en sort ou non.. je vous laisse avec le lieutenant, il voudrait vous dire quelques mots.
-Bien..
Le lieutenant entre dans la salle d'attente, et interroge Even.
- Bonjour monsieur Jaeger.
- Bonjour..
- tout d'abord j'aimerai vous poser quelques questions..
-Oui ?
- Nous avons retrouvé votre carte de lycéen, ainsi que vos empruntes de pas au sol et vos empruntes digitales sur une des poubelles.. tout prête à croire que vous étiez sur les lieux lors de l'acte. Est-ce vrai ?
-Oui..
-cela dit, les résultats du teste montrent que vous n'avez pas pénétré monsieur Romain Becker. Que faisiez vous sur les lieux ?
- je rentrais du lycée.. étant donné que la vie là-bas est insoutenable, je me suis arrêté dans cette rue pour pleurer..
- pour pleurer vous dites ? Voilà bien de drôles de manières pour un garçon..
- je trouve que tu parles un peu trop pour ne rien dire gros porc ! Dis Even avec un air dédaigneux.
- Soit. Avez-vous vu les agresseurs ?
- il faisait noir.. je n'ai vu que leur silhouette..
- avez-vous quelque chose à voir avec les agresseurs ?
- non..
- alors pourquoi avons-nous retrouvé vos empruntes sur les lieux ?
- je vois l'ai dit.. je pleurais...
- ce n'est pas assez fort pour vous défendre monsieur Jaeger.. tout porte à croire que vous avez participé au viol de votre ami, d'une manière ou d'une autre.. je vous inculpe pour violence envers une autre personne..
-Mais ?? Je n'ai rien fait lâchez moi !!!
- taisez-vous ! Vous êtes en état d'arrestation, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous. Pourrez être libéré si quelqu'un paie votre cotions.
Even monte dans la voiture des gendarmes, et regarde l'hôpital s'éloigner peu à peu.
- et si il avait raison ? Peut être que oui j'ai participé à ce viol.. en ne faisant rien.. j'aurais peut être pu le sauver, mais je suis comme ces violeurs.. coupable de l'état actuel de Romain.. je suis un monstre.. je mérite de croupir en prison..
La voiture s'arrête devant le commissariat, Even descend, accompagné des policiers, menotté.

Cela fait deux heures qu'il est enfermé dans sa cellule, quand soudain, une voix féminine, reconnaissable entre toute résonne dans le commissariat, c'est la mère d'Even.
- Monsieur Jaeger ? Vous êtes libres. Votre mère est là et a payé votre cotions.
Even sort de la cellule et court dans les bras de Jane.
C'est fini.. viens on rentre.
Even et sa mère sortent du commissariat et entrent dans la voiture.
- les gendarmes m'ont parlé d'un viol.. tu n'as pas violé ce garçon j'espère ?
-maman.. c'est Romain qui s'est fait violer !! Je n'aurais jamais fait ça.. j'ai vu la scène.. et je suis pétrifié et aussi haineux envers moi même !
- merde.. et tu n'as rien fait ?
- non j'avais peur ! Je n'ai pas osé..
- ne t'en fais pas.. ne te déteste pas.. si Romain est à l'hôpital actuellement c'est grâce à toi.. si tu n'avais pas été là il serait peut être mort..
- il serait peut être en vie aussi.. si j'avais fait quelque chose.. si je n'étais pas resté là comme une merde sans rien faire !!
- on va rentrer.. demain on ira le voir..
Plus aucun mots ne sort de leur bouche. Une fois rentrés, ils montent directement se coucher.
Le lendemain, Even se rend au Grey Sloan, rendre visite à son ami, qui ne se réveil toujours pas. Là-bas, se trouvent Marius, Roxane, et Romy.
- salut Even.. disent Marius, Roxane et Romy à tour de rôle.
- salut..
- que s'est-il passé ? Le médecin nous a parlé d'un viol..
- c'est affreux.. comment on peut violer quelq..
- j'ai vu la scène.. coupe Even.
- et je suppose que tu n'as rien fait ? Dis Marius.
- Non..
- Comme ça me surprend.. dis Marius, sarcastique.
- arrêtes un peu Marius.. personne n'aurait rien fait dans la situation d'Even.. parce que personne ne bouge le petit doigt, tout le monde reste passif face à un viol.. c'est comme ça.. les gens sont idiots, nous sommes idiots.. et on n'y peut rien !
- Roxane a raison.. tu ne doit pas t'en vouloir pour ça.. ce n'est pas ta faute ! Dis Marius.
- tiens un truc gentil..
- ne vous disputez pas.. ce n'est ni l'endroit ni le moment.. coupé Romy.
- Les filles.. vous pouvez rester ici ? J'aimerai aller avec Even sur la plage.. dit Marius.
- pourquoi un changement de comportement si soudain.. pense Even. Avec moi ? Dit-il.
- Oui.. je pense que nous avons des choses à nous dire.
- je te suis..
les deux garçons s'en vont à la plage, pendant que Romy et Roxane surveillent Romain.
Les deux adolescents arrivent sur le sable, et se jettent à l'eau. Marius court vers Even, le porte et le coule. Il lui fait des chatouilles, et replonge son visage dans l'étendue d'eau salée —un jeu qui dure pendant une heure —.

Assis sur le sable , Even contemple l'horizon, s'y perd, regarde les oiseaux, et l'immensité de l'océan.
- est-ce que c'est à ça que ressemble la liberté ? Pense-t-il.
- à quoi penses-tu ? Demande Marius.
- je me demande à quoi ressemble la liberté.. si derrière l'immensité de l'océan se trouve la liberté. Ou si dans le bleu de l'immensité, nous pourrions être enfin heureux..
Marius s'allonge sur les jambes d'Even, et contemple le ciel.
- peut être que oui.. peut être que c'est comme l'amour... répond Marius.
- l'amour tu dis ? Être heureux dans l'immensité de l''amour ? Mais l'amour c'est comme le signe de l'infini.. c'est immense, mais c'est une boucle infernale, qui ne finit jamais.. lorsqu'on y est, il n'y a aucun moyen d'en sortir.. et ce, même si l'on en souffre..
- tu penses que c'est ça l'amour ?
- Ça en est ma définition..
- Mais ne penses-tu pas que cette boucle n'a pas le mérite d'être vécue si on aime la personne ?
Even regarde le ciel, puis l'océan.
- Dis Marius.. Et si le seul moyen de ne plus se sentir mal, c'était de ne plus jamais rien ressentir du tout ?
- ne dis pas de bêtise.. si tu ne ressens plus le bonheur.. comment peux-tu être heureux ?
-Mais si tu ressens le bonheur, alors tu ressens le malheur. Et je ne veux plus être mal..
Marius se redresse, regarde Even.
- pourquoi te sens-tu mal ?
- tu me fais mal.. je t'aime.. mais tu me fais mal.. et cette boucle, celle de l'infini, nous la faisons à deux.. sauf que toi tu es loin devant, et moi, je reste au noeud de cette boucle, je te regarde courir comme si de rien n'était.. en attendant que tu me bouscule et me fasse tomber à chaque fois que tu passes devant moi...
- WoW... je suis désolé.. dit Marius.
Il approche son visage de celui d'Even.
- je ne te ferai plus jamais mal..
Puis l'embrasse, sous le bruit des vagues qui se fracassent sur les rochers.