Mille et une nuits (T2 Les Folies De Tess)

Le combat final partie 1

Après avoir couru comme un crabe pour retrouver la caravane, Eve s'en est légèrement voulue d'être égoïste... C'est vrai... Cléa était tellement glaciale. Elle s'en est voulue de lui vouer un culte alors qu'elle vient juste d'apprendre qu'il se passe des choses pas roses du tout dans ce cabaret, sous les chapiteaux rouges. Ça tombe bien, elle haït le rose... Forcer des filles à coucher avec des gars masqués... Elle aurait pu parler de ça à Cléa mais elle s'est sentie faible. Pas vraiment courageuse, parce qu'au fond, elle ne veut pas déplaire à Cléa, qu'elle en a aussi un peu peur... Et qu'elle est en manque. Elle se demande comment est ce possible d'être autant attachée à quelqu'un qu'elle connait si peu finalement... C'est peut-être ça qui l'attire au-delà de cette beauté interdite, au-delà du corps, ça doit être le mystère que Cléa fait régner autour d'elle comme une reine règne sur un empire. Elle s'inquiète quand même pour Rebecca. Elle se demande comment Élodie va s'y prendre pour enlever le petit grain d'haricot. Non parce qu'elle est docteur, ok, diététicienne redoutable... Mais elle est gynécologue aussi ? Peut-être que Reb devrait aller à l'hôpital...

_ Mollusque, je ne sais pas si t'es au courant mais tu penses à voix haute...
_ Alors pourquoi on ne l'amène pas à l'hôpital ?
_ C'est déjà arrivé, tu sais. L'année dernière c'est Jacinthe qui est tombée en cloque.
_ Elle lui a donné des cachets ?
_ Je ne sais pas... On ne parle pas de ça tu vois.

Eve se redresse et se plante devant le lit de Nath.

_ Mais enfin... Vous parlez de quoi alors ?
_ Je sais qu'elle a mis du temps à s'en remettre et que Cléa lui a interdit d'en parler.
_ Mais c'est dingue tous ces interdits... Je n'aime pas les interdits, pas toi ?
_ J'ai pas vraiment envie de me prendre une rouste...
_ Mais Nath, on n'est pas au moyen âge... Tu sais ce que tu devrais faire, une association pour nos droits sociaux. Qu'on ait un vrai contrat de travail, avec un salaire ! Et un peu de dignité quand même. Et de meilleurs repas...
_ Tu sais que je n'y ai jamais pensé...

Derrière elles, Mila fait claquer sa langue pour leur rappeler qu'elle aussi est là et sans doute qu'elle aussi voudrait dormir.

_ Tu devrais dormir Eve, murmure Nath.
_ Et Reb ? On peut attendre qu'elle revienne ?
_ Elle passera la nuit là-bas.
_ Je n'arriverai pas à dormir... Et j'ai tellement envie de fumer putain.
_ Tu fumes ? Là tu m'intéresses...
_ Je sens que je vais craquer. Je me sens tellement bizarre... Tu comprends ce que je veux dire ?
_ Ouais ça fait ça les premiers mois ici... C'est le temps d'adaptation. Putain mollusque, tu chiales encore ?
_ Ouais... Rien que ça c'est trop bizarre... Je suis pas une fille qui pleure moi !
_ Bon c'est bien parce que c'est toi et que je t'aime bien. Mets un pull, on sort cinq minutes. Pas plus. Regarde par la fenêtre si la voie est libre. Et parle doucement... Mila serait capable de se foutre devant la porte pour nous empêcher de sortir... Quelle relou. Je l'adore Mila mais des fois elle me fait penser à l'intello première de la classe. Toi t'es la rigolote dernière de la classe, comme moi.

Nath saute du lit. Mila ne dort pas vraiment mais elle ne compte pas s'interposer. Elle a seulement écouté attentivement les remarques d'Eve sur le cabaret. Et pour la première fois depuis que la petite brune est arrivée ici, elle l'a presque trouvé intéressante... Enfin une qui se pose des vraies questions. Eve n'est pas si bête qu'elle en a l'air. Elle aussi s'en pose depuis une semaine à peu près...depuis qu'elle a arrêté de prendre cette beuverie infecte avant de dormir. C'est son nouveau rituel. À présent, elle vide le gobelet dans la cuvette comme si de rien n'était. Mila est sérieusement divisée en son fort intérieur entre l'envie de tout donner, donner le meilleur d'elle-même constamment. Et puis la scène c'est toute sa vie enfin elle le croit et c'est une opportunité qui ne se représentera pas de si tôt. Enfin, la jeune femme ne se rend pas compte que c'est mot pour mot ce que Cléa lui a dit à son arrivée ici. Elle laisse donc prendre la porte les deux filles.