Mille et une nuits (T2 Les Folies De Tess)

Perdre le goût du soleil

Restez attentives (fs)... Coeur nocturne sur vous

Mila se remet de son escapade dans la chambre froide. Dans l'attente des directives d'Alana, les filles suivent le "plan" à la lettre. Elles reprennent les répétitions comme si de rien n'était. Eve en est malade en réalité, malade de connaître une partie de la vérité et de ne rien pouvoir faire, malade de voir les drôles allées venues d'Élodie et de ne pas pouvoir lui éclater la tête. Malade de ne pas pouvoir protéger Mila. Elle ne la lâche pas d'une semelle, sait-on jamais s'il reprendrait à Cléa de macabres envies...
La date de la représentation approche à grands pas. Difficile de faire semblant. Ce qui l'aide à tenir c'est Mila. C'est d'avoir retrouver Nathalie comme aux premiers jours. Ne passe pas un jour sans que cette dernière ne s'excuse.
Les moments de tendresse sont précieux... Les moments d'amour fou et furieux sont plus que précieux. Quand vient la nuit, quand Eve se faufile à côté de la jolie brune, la tenant tout contre elle... Qu'elles imaginent quelle vie, elle pourrait avoir toutes les deux. Mila s'imagine danseuse dans une troupe... Eve au chômage et vagabonde. Elles parlent même de ce que serait leur vie une fois que tout sera fini, quand elles retrouveront leur famille et la mémoire...

_ On ne se quittera pas hein mini cracra, même si dans la vie on découvre que tu es la pire des salopes, je t'aimerai quand même.
_ Parle pour toi, je parie que tu es une starlette de la télé réalité.
_ Haha tu as peur pour mes jolies fesses ?

Eve empoigne ce joli fessier, elle griffe un peu. Ça ne tient pas dans ses petites mains.

_ Tout ça est à moi. À l'infini et dans l'au-delà...
_ Tu crois qu'elles dorment ?
_ Vu la musique d'ours qui règne dans cette pièce, oui.
_ Alors on peut faire des folies ? Tu pourrais me montrer à quel point je suis à toi.
_ Tu m'intéresses enfin...

Eve embrasse le menton, puis cette joue incendiée et souriante.

_ Tu sais quand Johnny t'a amené vers Cléa, j'ai eu peur...peur qu'elle te touche, qu'elle t'oblige à lui faire l'amour... Peur que tu retombes dans ses filets...
_ Tu es jalouse poupée ?
_ Ah je ne suis pas une poupée ! Et oui je suis jalouse de cette femme... Malade ou non. Il y a de quoi être jalouse non ?
_ Absolument pas. Elle n'est pas si belle tu sais...
_ T'es de mauvaise foi.

Mila roule sur Eve pour lui infliger des chatouilles, Eve se tortille avant de laisser ces mains parcourir son ventre jusqu'à sa gorge. Elle aime attendre comme un chat guette sa proie, le désir arriver lentement, puis la foudroyer. Sentir son corps s'ouvrir comme une coquille, comme une fleur carnivore. Ce qu'elle aime par dessus tout, c'est la folie que peut contenir la tendresse suprême. Les ronflements couvrent leurs baisers effrontés. C'est la mélodie d'amour. L'amour a même sa place en enfer. Il est toujours là. Il rassemble les cendres et les fait renaître en fleurs. En enfer comme entre ces quatre murs, il n'y a plus que l'amour qui compte, il n'y a plus que l'amour pour enjamber les obstacles. Sentir le coeur de l'autre se fendre et renaître, murmurer des érotiques pétales antalgiques, parfois nostalgiques. L'amour ouvre la porte et le corps s'ouvre plus grand encore. On loge l'autre comme on enfouit un trésor le plus précieux jusqu'à en jouir et penser en jouir pour l'éternité, peu importe les barbelés tout autour. L'amour rend parfois aveugles. L'amour les empêche sans doute d'entendre Reb gémir douloureusement dans ses songes. Il parait que c'est le regain avant le grand voyage. Il parait que la vie défile à toute allure sous ses paupières de Pochaontas. S'en souviendra-t-elle à l'aurore. Se souviendra-t-elle de ce jour qu'elle revit sous ses paupières...

Rebecca trois ans en arrière se dispute violemment avec son mec. Visiblement ils se sont perdus. Il freine brutalement et l'oblige à descendre de la voiture. C'est une impulsion. Leur couple fonctionnait toujours comme ça Elle se revoit, c'est flou. La voiture qui démarre au quart de tour. Rebecca en larmes, essayant tristement de trouver du réseau... La nuit est totale sur cette route... Parfois il n'y a pas besoin de faire boire des jeunes femmes en détresse, parfois il suffit juste de les assommer. C'était aussi dans les cordes de Cléa. Elle entend ce sifflement strident. Mais elle est quasiment inconsciente. Elle se sentira seulement traînée par terre, remuant à peine. La voix frêle d'une femme et la voix de cet homme qu'elle connait bien à présent. On la traîne indécemment sur plusieurs kilomètres. Seule une lampe torche éclaire ce chemin qui n'est en point. Son corps prendra les épines, les feuilles mortes, les ronces et la mousse. Elle se souvient dans cette songe qui sonne le glas, de ce parfum de forêt plus vivante qu'elle ne l'a jamais été.
Elle ouvre les yeux et sent le sang sevrer son crâne. C'est flou. Il y a cette femme à la chevelure rousse au-dessus d'elle. Étendue sur ce lit, elle est attachée. Il y a cette perfusion branchée et plantée dans ses veines. Sa bouche est sèche. Ses yeux sont humides. Elle s'agite. On ne comprend jamais ce qu'il nous arrive.