Chapitre 4

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Des œufs bénédictines ou une omelette. Tels étaient les choix auxquels je faisais actuellement face. Mon ventre gargouilla et je me retins de baver comme une imbécile devant les options qui s'offraient à moi. S'il y avait une chose sur laquelle je ne pouvais me plaindre dans ce centre, c'était sur la nourriture: elle était tout simplement divine.

— C'est une décision difficile, fit une voix masculine derrière moi.

— Effectivement Dom.

Je me retournai pour l'observer et il me sourit à pleines dents. Je secouai la tête en rapportant mon attention à la dame qui me tendait les deux assiettes. J'optai finalement pour les œufs bénédictines, ce qui me valut des commentaires désobligeants de la part de Dom.

— C'est que tu as pris il y a deux jours, dit-il visiblement déçu de mon choix.

— Je sais bien que tu n'aimes pas la routine, mais tu ne peux pas reprocher ce que je veux manger, m'exclamai-je en rigolant.

Sa déception repartit aussi vite qu'elle était arrivée et il me répondit d'un ton enjôleur:

— Avec toi Abi, je peux endurer n'importe quelle monotonie... aïe, s'exclama-t-il soudainement en un sursaut.

Peu surprise, je remerciai de la tête la sœur de Dom qui venait d'arriver à son tour et qui venait de me sauver de ce qui aurait mené à une bagarre et d'autres conséquences. Alexia était le portrait craché de son frère, les deux avaient les yeux et les cheveux aussi noirs que les ténèbres et leur peau couleur chocolat mettaient en valeur leur sourire éclatant. Cependant, leur personnalité était totalement à l'opposée l'une de l'autre. Autant que Dom était sociable, communicatif et toujours prêt à s'amuser que sa frangine était sérieuse, réfléchie, indécise et sur les nerfs la plupart du temps.

Je me pris un verre d'eau et me dirigeai vers la table où se trouvait déjà plusieurs autres patients. Je déposai mon assiette et mon breuvage et m'assis sans dire un mot en observant la pièce dans laquelle je me trouvais. Je ne pouvais pas exactement la qualifier de cafétéria, mais je ne pouvais la qualifier de salle à manger non plus. Il y avait quatre tables pouvant accueillir une dizaine de personnes chacune, mais jamais je n'avais vu des membres du personnel venir ici, exceptés ceux qui nous faisaient à manger. Jamais nous n'avions eu à concocter nos propres repas, afin que nous puissions totalement nous concentrer sur les tâches qui nous étaient assignées. Pas que je m'en plaigne, le peu de cours de cuisine que j'avais faits avaient démontré à quel point j'étais une mauvaise cuisinière.

Je bus une gorgée de mon eau en regardant les gens qui nous servaient à manger. Si je ne les connaissais pas depuis aussi longtemps, jamais je n'aurais pu les différencier. Comme les scientifiques de laboratoires, ils portaient des masques et de longues blouses blanches avec des chapeaux blancs. Seuls leurs yeux et petites mèches de cheveux rebelles qui dépassaient ici et là nous permettaient de savoir qui ils étaient.

— Merci Madame Auclair, remercia Masha en prenant l'assiette d'omelette des mains de celle qui nous servait ce matin.

Comme chaque fois que nous prononcions leurs noms de famille, Madame Auclair sursauta. J'esquissai un sourire froid. Ils semblaient si surpris lorsque nous utilisions leur nom, comme si nous n'étions censés pas être au courant. Que croyaient-ils ? En plus de connaître leur identité, nous savions tout d'eux, jusqu'à leurs petites manies. On nous avait élevés ainsi. Sans se soucier de l'ébranlement de Madame Auclair, Masha se dirigea vers nous en se dandinant. Une légère teinte violacée commençait à faire son apparition sur sa joue droite. Je me tournai vers Akemi qui était assise à côté de moi.

— J'espère que tu sais que tu n'as pas à te sentir mal si ?

Elle ne me répondit pas, son regard entièrement focalisé sur la pommette de ma voisine de chambre. Ses yeux bridés devinrent embués et bien vite des larmes coulèrent sur ses joues. Elle bondit de sa chaise et alla enlacer Masha en s'excusant. De sa main libre, cette dernière tapota la tête d'Akemi en tentant tant bien que de mal de venir s'asseoir. Finalement, Akemi lâcha prise et reprit sa place en continuant de bredouiller des excuses. Nara, la sœur jumelle de cette dernière, lui prit la main en continuant de manger. Elles étaient de grandes sentimentales, mais prenaient tout ce qu'elles faisaient très à cœur. La situation que nous vivions était particulièrement difficile pour elles. Je secouai la tête en prenant une bouchée de mes œufs bénédictine qui fit frémir mes pupilles gustatives.

Sur les quatorze patients du centre, nous n'étions que sept présents. Les autres pourraient seulement venir lorsque nous aurions terminés. Je plaignais Jax qui devait mourir de faim. Hier, cela avait été mon tour de devoir patienter. J'étais convaincue que l'ordre qu'ils choisissaient était déterminé par les performances que nous avions démontrées le matin même. Nous n'avions pas besoin de gagner, seulement montrer une amélioration acceptable.

Évidemment, lorsque j'avais fait part de ma théorie aux autres, cela avait provoqué un débat assez... explosif.

La plupart d'entre nous avaient des opinions assez différentes les unes des autres et un caractère assez fort. Tout n'était pas rose et parfait, mais quelles familles l'étaient vraiment ? Nous nous complétions mutuellement et si l'un d'entre nous manquait, c'était comme s'ils nous manquaient une pièce à un puzzle. Ces gens étaient tout pour moi et j'écraserais tous ceux qui voulaient leur causer du tort.

En commençant par ce foutu centre.

***

Alors voilà un autre chapitre un peu court de Signs ! Je voulais vous faire comprendre à quel point les autres patients comptent pour Abigaelle et les liens qui les unissent. Le prochain chapitre aura plus d'actions et une scène particulièrement importante :D Que pensez-vous qu'il va se passer ? N'hésitez pas à donner vos avis en commentaires et de cliquer sur la petite étoile.

Love -xxx-

Signs [PAUSE/RÉÉCRITURE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant