Chapitre 15.2

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Je demeurai silencieuse pendant plusieurs minutes, après que William eut raccroché. Mes yeux fixaient le plafond blanc, alors que je restais complètement immobile. Le chef terroriste était encore présent et s'efforçait de me rassurer. Mes oreilles entendaient le son de sa voix grave, mais mon cerveau ne prenait pas la peine d'analyser ce qu'il disait. En voyant que je ne lui prêtais pas attention, il soupira en me saisissant par les épaules. Cela me ramena à la réalité.

— Abigaelle, écoute-moi, nom de Dieu, siffla-t-il alors que je tentais de me dégager de sa poigne.

Un haut de cœur m'envahit brusquement, ce qui m'empêcha de me débattre davantage. Il le remarqua, puisqu'il me tendit aussitôt un pot qui se trouvait juste à côté et s'éloigna rapidement. Je le saisis en me relevant et pour une énième fois, je vomis. Cependant, mon estomac était presque vide, ce qui me fit atrocement mal. Une fois certaine d'avoir terminé, je déposai en un bruit sourd le contenant au sol, puis essuyai rudement les larmes cristallines qui longeaient mes joues.

— J'ai envie d'être seule, déclarai-je plus sèchement que je l'aurais voulu.

Je me rallongeai en m'enroulant dans les couvertures tout en m'assurant de faire dos à William. Le bruit de ses pas me fit comprendre qu'il s'était approché.

— Je ne crois pas que...

Je me mordis les lèvres, en me retenant de hurler à plein poumon. Mon sang bouillait dans mes veines, mais je ne savais plus si c'était, car j'étais malade, ou bien à cause de la fureur qui m'habitait.

— Sors d'ici, je t'en prie, le coupai-je.

Ma voix était de nouveau rauque. Toutes mes forces s'étaient finalement envolées en un claquement de doigts. William resta dans la pièce encore un moment, mais fini par exaucer mes prières. Je l'entendis refermer doucement la porte derrière lui, non sans qu'il me tienne informé où le retrouver si j'avais besoin de quoi que ce soit.

En m'assurant que William s'était suffisamment éloigné, je me laissai submerger par mes pensées les plus sombres.

Ce que je redoutais depuis des années se produisait finalement. Le centre avait raison. J'étais bel et bien atteinte d'une maladie grave qui risquait de m'entraîner dans la mort. Mon esprit dériva vers Jax, Masha et les autres. Étaient-ils malades comme je l'étais ? Ou bien je me trouvais uniquement dans cette situation, car je n'avais pas eu de traitements depuis plusieurs jours ? Devais-je retourner là-bas ? Forcer William à me laisser partir ?

Je goutai du sang sur le bout de ma langue, ce qui me fit réaliser que je m'étais fort probablement coupée avec mes dents un peu plus tôt. Cela me sortit de ma stupeur. Depuis quand étais-je si pessimisme ? Certes je n'avais jamais eu le loisir d'être totalement libre, mais cela ne m'avait jamais empêché d'espérer.

Un nouveau spasme envahit tout mon être, ce qui fit disparaître mon côté optimiste. Je poussai un grognement, en m'entourant le ventre de mes bras. C'était reparti. Ma température corporelle monta en flèche et mon souffle se coupa brusquement. J'enfonçai mes poings dans mes côtes, tant la douleur était forte. Ma bouche s'ouvrit afin de demander de l'aide, mais il me fut impossible de prononcer un seul mot. Le manque d'oxygène fit tourner mon cerveau en bourrique. Tremblotante, je saisis les couvertures qui m'enroulaient avant de les lancer au sol.

Il fallait que je parte.

Je devais retourner au centre afin de continuer mon traitement. J'allais mourir si je demeurais ici.

Irréaliste, déclara la voix dans mon esprit.

Oh, mais c'était très possible. Et putain, je n'allais pas rester dans cet endroit à ne rien faire alors que je brûlais intérieurement à petit feu. Je passai mes jambes par-dessus le lit, mais en tentant de me lever, mon corps s'effondra au sol comme s'il était un vulgaire sac. L'un de mes bras étant reliés à l'intraveineuse, le support qui maintenait en place le liquide pour me nourrir, me suivit dans ma chute. Mes bras amortirent une partie l'impact, mais cela n'empêcha pas ma tête de se cogner sur la moquette blanche du plancher. J'évitai de justesse l'objet de métal en roulant sur moi-même et en détachant au passage le tube enfoncé dans mon bras. Complètement sonnée, je restai un instant sur le ventre, mon visage faisant face à la porte.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 31, 2020 ⏰

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