Lorsque je n'étais pas en train de vomir, ou de cracher du sang, j'étais inconsciente, entourée par des flammes ou de la fumée. Sois je finissais brûler vive ou asphyxiée. J'avais beau essayer de me débattre, mon corps était entièrement immobilisé, comme s'il était enchaîné. J'avais beau hurler à plein poumon, personne ne m'entendait.
J'étais seule au monde.
En me redressant brusquement, je vomis dans le bol en face de moi. Recouverte de sueur et tremblotante, j'essuyai ma bouche du revers de la main. Assit sur le rebord du lit, William me fixait de ses yeux gris, visiblement inquiet. Ma vision se troubla de nouveau et les ténèbres m'envahirent.
***
Abigaelle s'écroula dans son lit pour la dixième fois de la journée. En me frottant la tempe, je fermai les paupières. Mais qu'est-ce qu'il se passait bon sang ?
— William, dit une voix masculine dans mon dos.
En me retournant, je saluai du bref hochement de tête Noah, un médecin d'une quarantaine d'années qui me devait une fière chandelle. Mathias était sur ses talons et ferma la porte derrière lui avant de s'y adosser.
— Il n'a pas été suivi, me rassura-t-il.
— Il s'agit de la patiente ? demanda Noah en fronçant ses sourcils noirs.
Je soupirai en me relevant.
— Oui. Elle est ainsi depuis deux jours. Je croyais que cela allait passer, mais ce n'est visiblement pas le cas.
Le médecin s'approcha lentement en l'analysant. Il ouvrit son sac brun afin de sortir des instruments et le posa au sol. Je rejoignis Mathias pour lui laisser suffisamment de place et mieux observer ce qu'il faisait. La mine de ma nièce faisait peine à voir. Elle était recouverte de sueur et son teint était aussi blanc qu'une feuille. Même sa respiration était saccadée, en dépit du fait qu'elle soit inconsciente.
Noah fit plusieurs vérifications, puis il mesura sa température. Il attendit plusieurs secondes et eut un mouvement de recul, lorsqu'il découvrit le résultat.
— William... tu dis qu'elle est malade depuis deux jours ? me demanda-t-il d'une drôle de voix avant de se tourner dans ma direction.
J'approuvai, en me frottant la nuque.
— Est-ce que tu as pris sa température avant que j'arrive ?
Je secouai la tête.
— Je n'avais pas besoin de prendre sa température pour voir qu'elle ne se sentait pas bien.
— Elle fait quarante et un degrés, William. Si ça continue ainsi, elle ne passera pas la nuit. Prenait-elle des médicaments quelconques avant de venir ici ? Comment était son état ?
Le choc m'envahit pendant un bref moment en repensant aux expériences qu'elle avait subies. Elle nous avait vaguement mentionné ce qu'elle avait vécu au centre et ce qu'on lui avait fait endurer. Pas un instant je n'avais pensé ce que cela impliquait.
— On lui injectait des choses avant qu'elle ne vienne ici.
Le regard bleu du médecin s'assombrit.
— Des choses... répéta-t-il en murmurant dans sa barbe.
Il continua de faire d'autres tests, avant de sortir une seringue de son sac et un petit pot en verre. Je fis un signe à Mathias et ce dernier alla agripper le bras de Noah avant qu'il n'enfonce l'aiguille dans le corps d'Abigaelle.
— Qu'est-ce que c'est ? l'interrogeai-je d'une voix sèche.
— Il s'agit de paracétamol. Un médicament qui peut aider à réduire sa fièvre. Tu sais que je ne ferai rien de mal William. Je te dois bien trop pour cela.
Mathias me jeta un coup d'œil et je finis par hocher la tête. Il libéra Noah et ce dernier massa son poignet endolori avant de palper le bras de sa patiente. Il stoppa un moment en remarquant ses légères blessures, mais ne dit rien. Alors qu'il allait administrer le remède, il échappa soudainement sa seringue qui alla s'écraser au sol.
— Merde, s'exclama-t-il en regardant sa main qui avait touché Abigaelle.
Je haussai un sourcil en ne notant rien d'anormal.
— Qui a-t-il ?
Ses yeux firent des aller-retour entre sa main et le corps de ma nièce, visiblement déstabilisé.
— Noah, répétai-je. Est-ce que tout va bien ?
Il continua à tenir son poignet avant de revenir à lui. Il secoua la tête, comme pour s'assurer qu'il n'avait pas rêvé.
— Oui... j'ai cru pendant un instant... laisse tomber. Ce n'était probablement rien.
Alors qu'il s'apprêtait à nettoyer son bazar, je lui dis que nous allions nous en charger plus tard. L'important pour le moment, c'était d'aider Abigaelle.
Après lui avoir administré le médicament, Noah préleva un échantillon de son sang. Il allait passer quelques tests à son laboratoire avant de m'appeler pour vérifier qu'elle n'avait rien qui soit incurable. Il installa par la suite une intraveineuse afin qu'elle puisse avoir les nutriments nécessaires, puis se dirigea vers la sortie, accompagné de Mathias. Il s'arrêta à ma hauteur en me tapotant l'épaule.
— Je vais te faire signe demain dans la journée lorsque j'aurai les résultats.
Je le remerciai avant de retourner au chevet de ma nièce. En m'assoyant de nouveau sur son lit, j'effleurai de mon pouce le même endroit où Noah avait ressenti quelque chose. Il ne se passa absolument rien, ce qui me fit plisser des yeux. Si je n'avais pas rencontré son père, il aurait été facile de penser que ce n'était qu'une simple erreur de la part du médecin. Mais il n'en était rien. Il se passait quelque chose avec Abigaelle et c'était loin d'être normal.
Des bruits de pas résonnèrent derrière moi, puis des bras chaleureux m'enveloppent. J'inspirai le doux parfum de ma femme avant de me tourner vers cette dernière.
— Comment va-t-elle ? me demanda Irena.
Je secouai la tête.
— Je n'en sais franchement rien.
Elle me sourit tristement.
— Elle va s'en sortir. Nous nous en assurerons.
Nous restâmes silencieux un moment, puis elle dit soudainement :
— Tu sais, j'aimerais bien pouvoir lui parler lorsqu'elle se sentira mieux.
Je m'apprêtai à protester, mais elle ne me laissa pas faire.
— Ne me sort pas l'excuse qu'elle pourrait m'utiliser pour t'atteindre. Il s'agit de ta nièce ! Elle parait si fragile...
J'éclatai de rire. Elle avait l'air fragile, mais c'était loin d'être le cas.
— Tu pourras la rencontrer lorsque je serai certain qu'elle ne risque pas de te faire du mal.
Elle fit la moue, mais ne dit rien. Si elle savait une chose, c'était que jamais je ne pourrais la mettre en danger. Rien ne pourrait changer cela. Pas alors que j'avais perdu ma sœur de manière si cruelle.
— Allez, allons dormir, tu as une dure journée devant toi demain.
À contrecœur, je me levai et quitta la chambre. Deux gardes étaient postés près de la porte. J'exigeai de leur part qu'ils viennent me réveiller si jamais il se passait quoi que ce soit. Sans attendre une réponse, je me dirigeai épuisé, vers ma chambre, puis me déshabillai avant de m'écrouler sur mon lit. Bien vite, je m'endormis et le visage de Cassiopée envahit mes rêves.
***
Voici la première partie du Chapitre 14 ! Désolé si je n'ai pas publié mardi, j'avais encore un examen 💀. Je finis mes cours le 16 juillet, mais je crois être en mesure de publier des chapitres les mardi et vendredi. Sinon je n'en publierai qu'un seul part semaine !
Mais que se passe-t-il avec notre petite Abigaelle?
Love -xxx-
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Signs [PAUSE/RÉÉCRITURE]
FantastiqueAbigaelle est malade. Du moins, c'est ce qu'on lui répète depuis qu'elle est au monde. Elle est atteinte d'une maladie rare qui se transmet de génération en génération. Depuis sa plus tendre enfance, elle se trouve dans un centre qui tente par tous...