Insomnie. |Lucas|

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Le soir venu, me retrouvant seul face à moi-même, je pense. Je ne fais que penser. Tout le temps. Que trop souvent. Beaucoup trop.

Mais au moins, je me prépare. Au pire. Toujours au pire. Jamais au meilleur. Car le meilleur n'arrivera jamais.

Seul aux gens bons, ils leur arrivent le meilleur. Mais en fin de compte, peut-être que moi aussi je suis quelqu'un de bien. Ou pas. Probablement pas.

Devrais-je dire la vérité à Yuqi ? A quoi bon ? Avoir la conscience tranquille ? Non merci.

Quel serait le pire scénario si jamais je le lui disais ?

Que je la perde à nouveau ? Elle vient à peine de revenir. En tant que Lucas, j'entends par là.

Et pourquoi la perdre serait le pire des scénarios ? Lui accorderais-je trop d'importance à mes yeux ? Est-ce bien ?

Oui c'est plutôt bien. Déjà que je compte sur moi-même depuis trop que longtemps déjà, une épaule à mes côtés n'est pas de refus. Surtout si c'est elle.

Mais qu'est-ce que je raconte ?
Quelle heure est-il ?
3h00 ? Et bien... La nuit va encore être longue.

Où en étais-je déjà ? Ah, oui.

Mais si je viens à peine de la "retrouver" ce qui est ma foi, un grand mot, serait-il raisonnable de parler des mots "épaule à mes côtés" ? Ce qui sous-entend qu'elle pourrait être "avec moi", et même, me... soutenir ?

J'ai du mal à y croire. Mais qui m'a demandé d'y croire ? Personne. Juste moi seul encore une fois qui m'emballe pour trois fois rien.

Mais pourrait-on qualifier ceci de "trois fois rien" ?

Oh ça suffit !!! Je m'exaspère ! Je me désespère ! Je ferai mieux de prendre de l'eau pour m'éclaircir les idées.

En allumant la lumière de la salle de bain, je croise mon reflet.

"- You're just a motherfucker."

(Trad: tu n'es qu'un fils de pute
Nda: ne dites jamais ça. Ni à vous-même, ni à autrui)

"- Oh ? Pardon ça m'a échappé, dis-je au reflet, avec les mimiques de Jack Sparrow."

Mais pourquoi je parle tout seul ? Je ferai mieux de me recoucher.

En me recouchant, c'est encore un flot de pensées qui m'attaquent. Je pense à cette boîte de pilules me proposant un allé simple pour quitter ce monde, dissimulées sous des t-shirts. Aux anti-dépresseurs que j'ai vu dépasser de la poche de Yuqi, et aux anxiolitiques que maman a mis dans son vin.

Pourquoi leur donnons-elles tant d'importance, à ces espèces de pilules ? Marchent-elles vraiment ou est-ce qu'elles nous soulagent qu'un instant ? Ou bien encore, nous font-elles partir trop vite ?

J'en ai marre. Je déteste tout. Ce monde. Cette humanité.

Est-ce trop demandé pour un adolescent d'avoir de l'amour ?

De l'argent et du pouvoir j'en ai déjà. Je sais, je devrais me contenter de ce que j'ai.

"Il y en a qui ont pire."
Je sais.

On m'a toujours dit que je "n'avais pas le droit d'être triste". Alors je suis désolé. Je ne le fais pas exprès. Je n'ai pas demandé à avoir une famille aussi merdique.

J'en peux plus. J'aimerai disparaître.

Quoique. Je deviens de plus en plus transparent de jour en jour. Moi-même je ne me vois plus. Comme si j'avais disparu. Je n'aurai jamais cru aujourd'hui que Yuqi viendrait me parler. Je deviens un peu comme ce qu'on a forcer à Yuqi à être.

Je te tiens, je te retiens |Lucas x Yuqi|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant