No-oNE - Tome 2 : Au nom du Père

chapitre 33

**Anna**

Un désert de dunes, ou plus précisément des champs de sables fixes dont seul le grain est remodelé sans cesse par le vent. 

J'ai quitté Paris pour ça...

Enveloppée dans nos moushktas, on affronte le désert qui sépare l'Angola et la Namibie. Doll ne semble pas souffrir du soleil cuisant, ou du sable qui nous fouette le visage. Cette fille est une véritable machine.

Mon amie coupe le moteur et je saute de la Jeep. On est dans un camps retranchés en bordure du désert. Un endroit de fortune qui recueille les blessés et les familles font les villages ont été brulés par les rebelles.

On va voir un certain Sumbavo, le chef de ce camps. Notre mission a... comment dire... légèrement bifurqué de direction quand la fille de l'une des grandes familles angolaise a été enlevé. Doll a pris les chose en main et heureusement, on l'a rapidement retrouvé, vu que l'espérance de vie dans cette situation est d'à peine quelques jours. Chaque minute comptait. La jeune fille est à l'arrière, recroquevillée sur elle-même  sursautant à chaque bruit. Elle est un peu chamboulé, mais entière.

- Tu restes avec la fille, m'ordonne Doll.

 - Tu veux pas plutôt que je t'accompagne ?

Je n'ai pour réponse que le claquement de la portière. 

Ok, et bien on n'a qu'à faire comme ça alors...

Je jette un coup d'oeil derrière moi. La fille à remonter ses genoux sur sa poitrine et des mèches de cheveux sales lui collent sur la joue. Ses vêtements de marques sont déchirés par endroit révélant un corps d'adolescente ferme et musclé. J'espère que ces connards n'ont pas eu le temps de lui faire du mal. Je l'observe  un moment mais n'ose pas lui parler. Je ne sais pas quoi lui dire. Aucun mot ne pourrait réconforter ce qu'elle a subit.

Ça me tue de la voir ainsi. Elle refuse de nous parler et se contente de secouer la tête à toutes questions qu'on lui pose. Je soupire et mon regard se pose sur le centre du tableau de bord. Inutile d'allumer la radio, on ne capte rien ici. Pourtant un petit air pourrait pu changer l'ambiance.

Doll rentre en trombe, démarre aussitôt et enclenche la marche arrière.

- on ne reste pas ?

- on est attendu, princesse. Et on a vingt minutes pour arriver à destination, avant que papounet ne file le fric à ses batards, pour ensuite se faire buter.

A fond à travers les dunes de sables, le moteur de la jeep rugissant et nous, balloté comme des sac de pomme de terre dans la bagnole. Je pense que je vais vomir... la seule chose qui me retiens est que je suis sûre d'en mettre partout, et j'ai un bel exemple pas bien loin. Ma copine de derrière n'a pas réussi à tenir, ça a giclé jusqu'au tableau de bord.

On arrive près de Luanda, la capital, les routes sont meilleurs et on peut rouler plus vite. La Miss à l'arrière s'est endormie. Elle doit être épuisé après tout ce qu'elle a vécu.

La jeep s'arrête dans un crissement de freins. Doll saute en dehors du véhicule et traverse la cours en courant jusqu'à l'immense demeure. Je sors à mon tour du véhicule et ouvre la portière arrière. Oh.Mon.Dieu. La petite est dans un état lamentable, du vomi s'est collé à ses cheveux. Elle sanglote doucement dans son sommeil. Je lui caresse un peu la joue. Elle sursaute et bouge légèrement.

- Tu es chez toi.

Elle papillonne des yeux et observe autour d'elle. Puis se jette dans mes bras et se met à pleurer en gros sanglots.