Chapitre 1

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Matteo

      Enfin dans le train !

      D'habitude, j'aime rentrer chez moi : revoir ma Normandie, retrouver mes parents, la famille et surtout mes potes ; mais pas cette fois-ci. Je déteste cette période, ces retrouvailles pour l'anniversaire de Cécilia. Chaque année, c'est la même chose, on apporte des fleurs, le gâteau avec les bougies et je prends conscience qu'elle me manque horriblement. Mais ma mère y tient, alors je remballe ma tristesse et je fais profile bas. Sauf, qu'avec le temps, je ne le supporte plus.

       Il y a maintenant seize ans que ma sœur est partie. C'est très bête de ma part, mais je préfère l'imaginer de l'autre côté du globe. Son rêve était de devenir médecin, plus exactement médecin sans frontières. Elle avait le cœur sur la main la sœurette, toujours prête à rendre service et aider les gens. Mais le destin lui a réservé un autre billet, un aller simple pour le paradis. Alors, quand l'événement de sa naissance approche, j'ai la boule au ventre, c'est le seul jour de l'année, où je me rends devant sa dernière demeure faite de marbre. Et ce moment, je l'appréhende, car je reviens dans la réalité, celui qu'elle n'est plus, qu'elle n'a jamais pris l'avion pour aider les plus démunis, qu'elle ne soufflera jamais cette foutu bougie et que sa vie c'est arrêté à l'âge de dix-huit ans.

Je regarde le paysage défilé, légèrement flou. Même, après toutes ces années, j'arrive encore à avoir les larmes aux yeux quand je repense à elle, cette blessure ne se refermera jamais. Pas tant que j'aurai fait mon deuil.

Sur un fond de campagne à travers la vitre, je revois son visage :  son sourire de chipie, ses yeux bleus espiègle et la douceur de ses traits. Elle n'avait aucune once de méchanceté, que de la gentillesse à revendre et surtout un côté protecteur. Malheureusement, je n'ai jamais eu son intelligence, alors, j'ai dû faire une croix sur les études de médecine. Par contre, je suis un vrai sportif qui a un minimum de cervelle, du coup, j'ai choisis une autre voie. Ou c'est elle qui m'a choisis ?

Petit, comme tout les garçons, je rêvais d'être astronaute, médecin, policier, gendarme ou encore pompier. Et après son décès mon idée professionnelle est devenue une évidence, je serai soldat du feu ! Une conviction qui ne m'a jamais quitté par la suite et que je ne regrette pas ; a ma manière, je lui rends hommage, j'aide et sauve des gens. C'est aussi une sorte de revanche contre «la  mort » puisque que j'étais trop jeune à l'époque pour l'empêcher d'emmener Cécilia.

Malgré leurs craintes, mes parents m'ont soutenu dans ma démarche, j'ai été poussé aussi par mon oncle qui est lui-même sapeur dans la caserne de Thury-harcourt, une ville qui se situe à quelque kilomètre de chez moi. C'est d'ailleurs dans celle-ci que je suis devenu «jeune sapeur-pompier » et que j'ai suivi une formation, une très bonne école qui m'a permis d'intégrer plus tard la BSPP : la Brigade des Sapeur-Pompier de Paris.

Je sais que ma mère a eu du mal à accepter mon choix, déjà pour les risques que l'on prend en intervention —elle a perdu une fille et ne veux pas perdre son dernier enfant, et le fait que je parte à Paris —elle aurait préféré que je fasse comme son frère, pro à Thury et reste dans le Calvados, tout près d'elle.  Mais fallait que je m'éloigne le plus loin de tous ces lieux qui me rappelaient ma sœur, de cette famille par qui tout est arrivé et surtout de lui. Même s'il n'y a eue que des soupçons et jamais d'accusation, au fond de moi, je suis sûr qu'il est coupable.

Alors, j'ai promis à mes parents de les appeler régulièrement et de rentrer une fois par mois, généralement quand je suis de repos sur deux jours, le reste du temps, je reste à Paname. Je pars le matin et rentre le lendemain — j'évite de rester plus longtemps, sinon je risque de retrouver mes démons du passé !

Sauver ou Périr Où les histoires vivent. Découvrez maintenant