Chapitre 4

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Alexia

Mardi 26 mai 2009, 6h30.
Voilà, c'est mon premier jour officiel en tant que Caporal à Colombier — troisième groupement d'incendie, quatrième compagnie— ma nouvelle caserne. Par contre, j'ai vraiment la tête dans le cul! Ma nuit a été très courte.
    J'ai très mal dormi, pas à cause de mon nouvel environnement ou des ronflements de ma voisine — elle est en congé— mais à cause d'une rencontre bien particulière. J'ai fais la connaissance « d'Adam » dans les douches, où visiblement, il s'est battu avec une lionne.
    Je ne m'attendais pas ça, mais vraiment pas, surtout en pleine nuit. Je cherche encore pourquoi j'ai dit pardon, alors que j'aurais pu partir sans qu'il m'est vu. Bon, pour être honnête, j'ai d'abords été surprise de voir quelqu'un en plein milieu de la nuit, ici ; ensuite par ces marques de griffures dans le dos ; et oui, j'ai profité de la vue. C'est bien le seul avantage de mon métier qu'approuve ma sœur, celui d'être entourée de beaux mâles bien fait, alors qu'elle c'est pour la plus part, la bedaine proéminente. En plus, « Adam » n'a pas qu'une belle gueule, il a un corps qui va avec, et est plutôt bien mont... stop! Tu divague là! Et, c'est certainement dû à tes six mois d'abstinence, alors lève toi! Tu rêveras ce soir!
    J'enfile à la hâte ma tenue de sport sans omettre de rajouter un tee-shirts à manche long en dessous, je ne veux pas que l'on voit mes cicatrices, pas le premier jour. Ça y est, j'ai la boule au ventre au moment de sortir de ma chambre. Je sais qu'à l'extérieur, je parais sûre de moi, confiante et forte de caractère, et je le suis, mais il m'arrive de douter et d'angoisser ; comme maintenant. J'ai aussi la sale habitude de me mettre la pression, je veux tellement faire bonne impression et que l'on m'accepte rapidement. Et puis, je dois l'admettre, j'appréhende de revoir « Adam », je me sens tellement honteuse. J'ai honte d'avoir posé mes yeux sur son entre-jambes lorsque sa serviette est tombée. Je vais passer pourquoi maintenant? Certainement pour une obsédée...
    Je croise et fais la route jusqu'au réfectoire avec les collègues, j'ai même retrouvé deux contingents de mon premier échec qui ont aussi rempilé. J'ai le souvenir qu'avec eux, je n'ai jamais eu de soucis. Fabien et Cédric sont même content de savoir que je fais partie de la Brigade, car ils pensaient que je ne réussirais jamais.
    En fait, de mon premier recalage, je n'ai pas baissé les bras, j'en ai fait une force, ne pas abandonner sur un fiasco. Les récrimination des gars, je les ai balayés d'un coup de main et je m'en suis nourrie pour leur montrer que j'y arriverais et que je peux faire autant qu'eux. La chose difficile dans ce milieu où la testostérone prime, c'est que nous « le sexe faible » devons toujours nous battre, gagner la confiance, prouver notre valeur et démontrer que nous sommes autant capable qu'un homme. Comme le dit souvent ma mère: « tu comprendra plus tard ma fille, mais si c'est nous qui portons les enfants et les mettons au monde, ce n'est pas parce que nous avons là machine, mais c'est que nous avons bien plus de mentale et de capacité à supporter la douleur, les hommes sont des chochottes bien souvent. Regarde ton père, un moindre rhume et on l'impression qu'il est à l'agonie, à l'article de la mort. » Je souris à ce souvenirs de l'époque où mon père était encore de ce monde. Il me manque tant.
    Il n'y a pas un seul instant où je ne pense pas à lui, il est avec moi, dans mon coeur, dans mon esprit et à chaque intervention : je l'imagine à mes côtés, en tant qu'ange gardien, le protecteur de mon âme. Mais, il a aussi été mon guide, depuis toute petite, il m'a appris les bases du métier, c'est grâce à lui que j'ai pu protéger ma petite sœur le jour de cette incendie et dans mes veines coulent aussi sa détermination, son courage et sa force. Oui, aujourd'hui, je vais leur montrer de quoi je suis capable et je vais commencer dès ce matin au sport et à la planche — mais en faisant attention à ne pas heurter leurs égos, je ne vais pas répéter ma première erreur. Je mords à pleine dent dans ma viennoiserie, décidée, motivée et encouragée, prête à en découdre — comme sur le ring.
    Le réfectoire aux murs beiges, fraîchement repeint, se vide peu à peu. Au milieu de la pièce, il y a une grande table rectangulaire, elle se situe à quelques mètres du passe des cuisines. Quand je suis arrivée tout à l'heure, il y avait que deux sapeurs-pompiers installés, Fabien m'a présenté et on s'est assis avec eux. En trente minutes, il y a eu un va et viens incessant, il y a même eu un départ du VSAV dont on reconnais facilement son alarme : le ronfleur suivie de deux sonneries courtes — Cédric était l'un des pompiers de garde, je l'envie, hâte d'y aller à mon tour. Beaucoup sont venus me saluer et mon encore souhaiter la bienvenue, mais je ne sais si c'était dû à ma présence, j'ai trouvé qu'ils étaient bien calme par rapport à Boulogne — la-bas, on se saurait cru au zoo dès le matin.
    Je termine mon petit-déjeuner plus détendu, vu l'heure, je ne verrai pas « Adam », il doit être affecté au messe, la cantine des sous-officier. Car même si nous sommes pompiers, la BSPP fait partie intégrante du corps de l'armée de terre et donc, on vit sous le régime militaire et ceci depuis que Bonaparte l'a décrété en 1811 au suite d'un tragique incendie lors d'un bal où il en a échappé de justesse.
    A cet époque, il y avait beaucoup d'inefficacité dans la prévention des secours et de sécurité incendie. Napoleon 1er a réorganisé et professionnalisé la lutte contre le feu et donc confié cette mission à un corps militaire, il trouvait en son modèle un gage d'efficacité, il le décrète le dix-huit septembre 1811 — le Bataillon des Sapeurs-pompiers de Paris est né. Et bien plus tard le premier mars 1967, il prend le nom de Brigade —auquel je suis fière de faire partie. Merde! J'ai pas vu l'heure, faut que j'aille faire une toilette avant le premier rassemblement dans trente minutes.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2020 ⏰

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