Chapitre 2

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Alexia

    « Calme toi Alex! Calme toi et respire doucement! Ne laisse pas la panique t'envahir, ne montre pas que tu es effrayée, pense à Mia qui a besoin de toi! Les secours vont vite arrivés! »

Voilà les mots que je me répète alors que je suis allongée à ras du sol, tout près de ma sœur qui sanglote et tousse autant que moi. Nous avons de plus en plus de mal à respirer et trouver de l'air. La fumée occupe toute l'espace de la chambre malgré qu'elle soit fermée et il nous est impossible de sortir de la pièce à cause des flammes qui font barrages dans le couloir, ou d'atteindre le velux pour monter sur le toit.

Dans le noir, je cherche à tâtons la main de ma sœur, je la trouve et la serre fort pour la rassurer, lui signifier que tout va bien se passer et qu'on va venir nous chercher. Comme de concert, en duo, nous toussons de plus en plus toutes les deux, limite au bord de la suffocation. J'ai même la sensation qu'une main invisible a pris en étau mes poumons et les pressent comme des citrons. L'asphyxie n'est plus très loin.

Vite! venez nous sauver!

Je presse plus fort les doigts de Mia qui a eu un moment de recul en voyant l'incendie se propager devant nous — le feu a atteint la porte et s'en nourrit. J'ai peur! Je me sens impuissante face au brasier qui nous retient prisonnières, la chaleur qui en dégage nous étouffe tout en nous brûlant. Et maintenant qu'il éclaire notre prison, ce que je lis sur le visage de ma petite sœur est horrible. Par son regard, je comprends qu'elle se doute que nous allons mourir. La dernière chose que nous allons voir et sentir sont : nos yeux rougis baignant de larme, notre visage grimaçant de douleur et cette odeur de cramée, consumant nos corps — a moins que le manque d'air nous emporte avant. Cette option serait même la mieux, je ne veux pas que l'on souffre, être incinérée vivante! Mais, soudain, je reprends espoir. Derrière le brouhaha de la fournaise, j'entends les sirènes des pompiers.

Comme j'ai l'impression que le temps c'est arrêté depuis l'embrasement, je ne peux dire combien de minutes ce sont écoulées entre l'arrivée des secours et le cassage de la fenêtre. Mais une ombre en jaillit, et avec elle, une lance d'où sort une trombe d'eau. Enfin, notre sauveur! Je secoue la main de ma sœur soulagée, mais sans pouvoir dire un mot, comme muette — j'ai la gorge qui me brûle et me laisse un goût de carbonisé.

Sauf que, pourquoi Mia ne bouge pas? Ne réagis pas?

Avec appréhension et le ventre crispé, je tourne ma tête vers son corps inerte. Horreur! Ça ne peux pas! C'est impossible! Je ne veux pas y croire!

Et j'ouvre les yeux...

Allongée dans mon lit en sueur, j'écoute ma respiration qui est rapide, tout en regardant le plafond — c'est encore ce satané cauchemar! Il me hante depuis mon enfance, depuis cette nuit tragique qui a brisée ma famille. Je revis les événements comme si j'y étais, a tel point que j'ai encore la sensation de brûlure sur mon épiderme, d'étouffement et l'odeur de peau calcinée. Comme pour me rassurait que je suis bien au présent et qu'aucun fantômes du passé ne surgissent de sous le lit, je m'assoie en posant mon regard sur chaque coin de la pièce. Grâce à la veilleuse du « sortie de secours » qui se trouve dans le couloir, j'ai un halo de lumière qui traverse la fenêtre intérieure de la chambre et me facilite mon inspection — il n'y a rien.

Mais, je reste encore troublée. J'ai un besoin urgent de voir son visage, de m'enlever ce corps brûlé à vif de mon esprit. J'attrape rapidement mon portable sur la table de chevet à ma droite et je regarde le fond d'écran où je suis en photo avec Mia. Je laisse échapper un soupir. Elle me manque.

Comme-ci un lien nous unis depuis cette tragédie, à cet instant mon mobile vibre, elle m'appelle.

     —Oui? Mia.

Sauver ou Périr Où les histoires vivent. Découvrez maintenant