Chapitre I.

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| Crying in the moonlight |

  En ce monde, il faut être le meilleur. Edgar l'a toujours su. C'est ce qu'on n'a cessé d'enseigner à Edgar. Malgré ça, on lui a aussi enseigné à reconnaître les points forts, les qualités autant que les défauts des autres. Sans cette partie de cette éducation, Edgar n'aurait sans doute jamais accepté sa défaite, lors du mondial auquel il a participé, lorsqu'il n'avait que 14 ans. C'était déjà quelqu'un de droit, de fière, éduqué, in tantinet moqueur et hautain. Il se pensait supérieur. Qu'elle erreur ce fut de penser cela.

Jamais il ne pourra oublier le moment où il dû rentrer chez lui. Honteux et misérable par cette défaite qu'il jugeait lamentable. Et les mots et les coups de son père résonnaient encore aujourd'hui dans son esprit. Dix ans que tout cela s'étaient produit, et c'est comme si c'était la veille. Comment oublier ? Il était la honte de la famille. Un incompétent. Un faible. Il ne méritait pas son nom. Son statut.

Ce soir là, Edgar a versé toutes les larmes de son corps. Jamais Edgar ne s'était permit de pleurer. Ce n'était pas digne d'un homme de son rang. Quelqu'un de prometteur, autant dans le foot, que pour la lignée de son père, de sa famille, et de l'entreprise familial.

Ce soir là, Edgar a pleuré à la lune et aux étoiles à peine visibles de Londres. Edgar a pleuré et a gémit à qui veut l'entendre. Edgar a imploré les étoiles, ces astres lumineux que jamais il n'avait prit le temps d'admirer. Il a imploré jusqu'à n'en plus pouvoir, il a supplié qu'on le laisse en paix, qu'on cherche à comprendre qui il était réellement. Et quand le mal de gorge, la tête lourde, eurent raison de lui, Edgar se rendit compte d'une chose : qui était il ?
  Effondré sur la moquette de sa chambre, ses cheveux bleus éparpillés sur le sol, ses yeux vides et tiraillés par les larmes observant le ciel sombre de la nuit, les rues illuminées par les lampadaires à l'architecture traditionnelle, il n'a cessé de se poser cette question.

  Cette fichue de question.

  Cette putain de question.

  Avant qu'il ne s'endorme.
Et qu'Edgar disparaisse. Ne laissant place qu'à Edgar Partinus. Le grand Edgar Partinus. Le beau Edgar Partinus. Le brillant Edgar Partinus. Le joyau de la famille. La fierté.

Cette nuit là, dans un rêve lointain, très lointain, Edgar s'est revu au mondial, lors de ce petit match ridicule. Il y avait tout les capitaines qu'il avait rencontré dès le début. Paolo Bianchi, le timide italien. Endou Mamoru, le japonais bruyant. Mark Kruguer, le grand frère des Licornes, et même Dylan Keats, bien qu'il ne soit pas capitaine. Et Thiago Tores, l'argentin rustique. Il était heureux, dans ce rêve.

Edgar rouvrit les yeux. Devant lui, une tonne de papiers, et un thé vert fumant. Il tourna sur la chaise à roulettes de son bureau, pour observer le soleil éclatant du printemps, qui illuminait les rues de Londres, donnant ainsi sourire aux passants. Ses yeux ternes se posèrent sur le cadre photo de sa famille. Ils se sentaient horrible, sur cette photo. Et en se regardant, il lui vint une pensée comme quoi il n'avait pas bien changé.

Oui, il n'avait pas bien changé. Il était toujours Edgar Partinus. La marionnette des Partinus.

Un soupir las s'échappa de ses lèvres pâles. A force de rester enfermé dans ce sombre bureau aux tons bruns foncés, Edgar ne prenait jamais de couleurs. Il était si pâle. Il repensa à ses adversaires du mondial, qui datait de dix ans maintenant. Dix ans... Il ferait pâle figure à côté d'eux. Surtout à côté du japonais et de l'argentin. Il secoua la tête de droite à gauche. Rien ne devait le déconcentrer de son travail. Edgar Partinus n'était plus un petit joueur de foot. Il était un célèbre homme d'affaires.

ᴛʀᴀsᴛᴏʀɴᴏ ᴅɪsᴏᴄɪᴀᴛɪᴠᴏ || 𝑻𝒉𝒊𝑬𝒅𝒈𝒂 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant