ᴛʀᴀsᴛᴏʀɴᴏ ᴅɪsᴏᴄɪᴀᴛɪᴠᴏ || 𝑻𝒉𝒊𝑬𝒅𝒈𝒂

Chapitre VI.

| Les étoiles de la mer |

  Un soupir agacé s'échappa des lèvres d'Edgar. Il ne cessait de repenser à ce premier cours de danse. ''Premier'', oui. Les deux colocataires avaient prit l'étrange habitude de faire quelques pas de tango le soir, la nuit, au bout milieu du salon. Soit disant pour apprendre au bleu. Mais celui-ci n'apprenait rien. Il faisait une vraie fixette sur les mains de Thiago, et de son corps contre le sien. Ses pensées s'emmêlaient, à son plus grand malheur, et le britannique commençait à en avoir légèrement marre de ces rêves érotiques avec l'argentin.

  A son plus grand malheur, il était tombé sous son charme, il devait bien se l'avouer. Et dès qu'il y repensait, Edgar voulait se gifler. Dix ans plus tôt il le trouvait bête, désagréable, bruyant et sans discussion. Mais à présent Thiago avait l'air d'être plus posé, ils pouvaient parler pendant des heures le soirs sans s'en rendre compte, et il était d'une compagnie plus qu'agréable.

« Abruti d'argentin...

- Edgar, tu descanso ha terminado !
(Edgar, ta pause est finie !)

- Ya voy !
(J'arrive !) »

  Il écrasa machinalement son mégot dans le cendrier, puis retourna à l'intérieur du restaurant. Tablier autour de la taille, chemise bien remise et manches retroussées, Edgar reprit son travail. L'homme qui venait foutre le bazar dans ses pensées avait bien raison, avec son beau visage, il attirait les foules. Il travaillait d'ailleurs beaucoup sur la terrasse, pour être sûr d'attirer les clients, bien que cela ne plaisait pas au britannique, qui regardait toujours attentivement l'heure pour mettre de la crème solaire. Bronzer ne le gênait pas, son teint de porcelaine s'était bien réchauffé depuis son arrivée ; mais les coups de soleils n'étaient pas vraiment ses amis, en particulier au visage.

  La journée se finit ainsi. Il quitta ses collègues d'un salut, et s'apprêtant à retourner à l'appartement de son hôte, Edgar s'arrêta en pleine rue, surpris de voir celui-ci appuyé contre un lampadaire, semblant l'attendre.

« Ça te dit d'aller manger dehors ce soir ?

- Hmm, pourquoi pas. »

  Edgar fronça les sourcils, étonné, mais suivit l'argentin pour autant. Sur le chemin, son colocataire lui expliqua qu'il voulait simplement fêter une réussite. Il allait pouvoir faire participer ses élèves à un concours qui se déroulerai dans l'opéra qu'ils avaient visités, le lendemain de l'arrivée du britannique. Celui-ci ne cacha pas sa bonne humeur en apprenant cela. C'était un opéra réputé, il ne pouvait être qu'heureux pour Thiago.

« Mais pourquoi ne pas le fêter avec tes collègues ?

- En réalité on a prévu de se rejoindre à une petite fête qui se déroule sur la plage, vers vingt-deux heures. Mais j'ai besoin de digérer la nouvelle...

- En mangeant avec moi ?

- Tu as tout compris. »

  L'un rit, l'autre leva les yeux au ciel. Il savait pourtant qu'il ne devait pas être étonné, venant de l'argentin, cette raison n'était en aucun cas surprenante.

« Au fait, si tu veux venir, tu es le bienvenu. Je te préviens à l'avance, t'étonne pas si on aperçois Mamoru et Akio au loin.

- Ils sont toujours là quand y a une fête.

- Tellement. Tu comptes venir à la soirée alors ?

- Je verrais. Je suis un peu épuisé. C'est pas mal fatiguant d'être serveur mine de rien. »