À fleur de mot

15 3 2
                                    

Voici un petit texte écrit pour le concours proposé par WPAcademy, qui m'a permis de décrocher la première place ! ♥
Avec une publication dans la Wattpad Mag de Mai 2020 à la clé. Encore merci !


Le gong résonne plusieurs fois dans le Monastère. Je vérifie le soleil dans le ciel et réalise que l'heure n'a pourtant pas changé.

Alors si les cloches sonnent... il n'y a qu'une raison.

Mon cœur se met à tambouriner en pensant à cette option. Je lâche les objets que j'ai dans les mains, les entends se briser à terre et me dirige en courant vers la sortie de la pièce.

Mon champ de vision est étroit, je bouscule probablement nombre de personnes mais je ne m'en rends pas compte. Je ne pense qu'à Lui. Je ne veux que Lui.

Je descends les escaliers, manquant de tomber, et m'élance vers la cour pour arriver jusqu'à la porte principale.

Plus j'avance et plus l'air peine à rentrer dans mes poumons, mon cœur menace de rompre ma poitrine et mon ventre se contracte. Je m'arrête et reprends mon souffle devant le battant fermé, attendant que les gardes l'ouvrent.

Ma vue se brouille au rythme de mon organe vital, mon souffle est saccadé. Que dois-je faire maintenant ? J'attends ce moment depuis si longtemps. Je n'avais jamais réalisé qu'il viendrait aussi vite, quand bien même j'en rêve chaque nuit. L'hypothèse qu'Il puisse être mort m'avait effleuré l'esprit. Mais il ne pouvait pas perdre.

Que dois-je dire ? Comment me comporter ? Comment Le regarder ?

Le bois grince, le Monastère s'ouvre et accueille son Prince.

Je me mets sur la pointe des pieds et ne prends que quelques secondes à intercepter Ses yeux qui me cherchent déjà. Quand je plonge dans l'infinité de ce bleu topaze, mon cœur bondit dans ma poitrine. S'en serait presque douloureux si le bonheur n'envahissait pas mon corps.

Son visage est tiré par la fatigue, ses cheveux sont un peu plus longs, ses vêtements déchirés. Mais il est toujours aussi magnifique.

Les ânes qui transportent le matériel de survie passent à quelques centimètres de moi mais je suis incapable de bouger. Pourtant, les Dieux savent à quel point je les tiens en horreur.

Il continue de se rapprocher, nos yeux toujours plantés dans leur homonyme. Je ne peux pas me détacher de lui, je ne peux pas le perdre du regard, je suis terrifiée qu'Il s'enfuit à nouveau...

Je reviens à la réalité quand Il descend de son cheval et s'approche de moi. Mon ventre se tord dans une agréable affliction, ma poitrine pulse derrière mes vêtements, le rouge me monte aux joues et mes extrémités se mettent à trembler.

— Éléonore..., chuchote-t-il de sa voix grave.

Je baisse les yeux vers la main qu'il me tend, paume vers le ciel. Lentement, je lève mes doigts et les glisse contre sa peau. J'ai un léger sursaut en sentant sa chaleur, sa dureté, sa présence.

Dimitri est bel et bien revenu, il est là. Il est réellement là.

Comme un verrou qui s'ouvre, une chaîne qui se rompt, un rideau de verre qui se brise, je m'effondre. Je m'agrippe au torse large qu'il me présente et m'accroche à son armure. Mon corps est parcouru de nombreux sanglots, les larmes dévalent mes joues. Je libère toutes ces émotions refoulées depuis si longtemps, depuis sa disparition, depuis son départ.

En réponse, il plonge son visage dans ma chemise et ses bras m'engloutissent contre lui. Je sens mon épaule se mouiller, sa respiration devenir saccadée, ses cheveux me chatouiller.

Nous déversons notre amour dans cette étreinte de longues minutes. Quand nous relevons le visage, je tombe une nouvelle fois amoureuse de son sourire si doux, de ses yeux humides et de ses joues rougies.

De maux et de l'êtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant